Avant de construire l’école
Il est prévu que près de cinq cent mille nouveaux élèves se bousculeront aux portes des écoles en 2032. Pour satisfaire les besoins accrus, le ministère de l’education doit construire 400 nouveaux écoles dont plusieurs dans 150 « zones noires » pour les deux prochaines années afin d’assurer la scolarisation des élèves.
Or, on le savait depuis longtemps. L’etat est incapable de prendre en charge, à lui seul, le financement des travaux de construction, de rénovation des écoles publiques, vu les moyens limités dont il dispose.
D’ailleurs, les élections législatives et présidentielle, ont été des évènements majeurs qui ont focalisé le halo des projecteurs sur nos écoles et lycées où s’est déroulé le vote. Les caméras du monde entier ont retransmis en direct le déroulement du scrutin à l’intérieur des temples du savoir tunisien. Par ricochet, les téléspectateurs ont eu droit à des images et des scènes peu valorisantes de l’infrastructure éducative en Tunisie. En effet, ces images ont montré l’état de désolation dans lequel se trouvent ces institutions éducatives. Pour leur part, les parents d’élèves qui ont dû passer de logues heures dans des files d’attentes interminables, ont eu le temps de découvrir le calvaire que subissent leurs enfants dans ces écoles.
Ces espaces délabrés, parfois sans clôture, dépourvus de toilettes décentes, sans salles de révision, sans espaces verts, sans lieux de détente, de relaxation, sans bibliothèques, sans salles de sports, sont des lieux d’étude désagréables.
Car il n’y a pas que le succès de nos enfants et la qualité de l’enseignement qui nous intéressent, mais aussi ce sont les conditions où ils évoluent et l’environnement scolaire qui nous interpellent. A l’ère de la révolution numérique et la robotique qui bousculent les modèles éducatifs, il est primordial de dessiner les contours de l’école du futur pour qu’elle prépare au mieux les élèves aux défis de demain. En effet, le socle des pédagogies innovantes initie désormais à l’écocitoyenneté, le savoirêtre, la non-violence et permet de détecter les talents scientifiques et culturels, afin de développer davantage leur curiosité et de préparer les aptitudes des prochains athlètes.
De ce fait, il faudrait également penser aux plans de développement individuel, réajustés régulièrement par l’éducateur, l’enfant et ses parents. Car, en ce moment même, le terme enseignant est devenu désuet, c’est le « coach » qui en prend la relève. L’objectif étant d’amener les enfants à la conception de leur propre éducation.
Si on constate que le décrochage scolaire, qui est le carrefour des tous les maux de notre société, relève en partie du refus de fréquenter des espaces rebutants où l’enfant se sent « enfermé » et puni, il faudrait penser à comment rendre les écoliers épanouis, avides de profiter au mieux de l’école et de ses apprentissages. C’est justement une première expérience scolaire réussie qui rendra l’élève heureux d’aller à l’école où il se sent en confiance et éprouve du plaisir à faire les activités qu’on lui propose. De ce fait, notre souhait est de voir nos enfants, en 2032, endosser leurs tabliers, prendre leurs cartables et aller à une école qui offre les meilleures conditions possibles. Une mission certes difficile mais ô combien exaltante.