"Aucune invasion" de migrants en Italie
“Il n’y a aucune invasion” de migrants en Italie, a assuré hier 1er novembre la nouvelle ministre de l’intérieur italienne, Luciana Lamorgese, répliquant, dans une interview, à des affirmations de son prédécesseur d’extrême droite, Matteo Salvini.
Cette ancienne préfète de 66 ans, sans étiquette politique, était interrogée par le quotidien Repubblica sur un soi disant “triplement” des débarquements de migrants en Italie, avancé par Matteo Salvini qui appelait à “stopper cette invasion”.
“Je n’ai pas de telles informations. Nous ne faisons face à aucune invasion”, a répondu la ministre, spécialiste des questions de sécurité et considérée comme une “technicienne” du gouvernement formé le 5 septembre par le Mouvement 5 étoiles (anti-establishment) et le Parti démocrate (centre gauche).
Elle a ainsi expliqué qu’“en 2019, les arrivées (de migrants et demandeurs d’asile) ont été d’environ 9600 personnes contre 22.000 pour toute l’année 2018”.
La seule hausse a concerné septembre 2019 face au même mois de 2018: “c’est lié surtout à l’arrivée de personnes de façon autonome (sans l’aide D’ONG ou le secours des autorités, NDLR), un phénomène qui n’est pas nouveau”.
Il ne s’agit pas d’une émigration de masse: “en 2018 les migrants arrivés sur de petites embarcations avaient été environ 6000 alors que, depuis le début de l’année, on en a dénombré environ 7500”.
Luciana Lamorgese a réfuté une autre affirmation de Matteo Salvini selon laquelle Rome serait prête à autoriser le retour par vols charters de migrants renvoyés par l’allemagne.
1351 “Dublinés” transférés en année
“Rien n’a été décidé”, a-t-elle souligné en rappelant que, en vertu du Règlement de Dublin (qui oblige le premier pays où est arrivé le migrant à le prendre en charge, NDLR), le gouvernement entre Ligue (extrême droite) et M5S auquel participait Matteo Salvini, avait accepté le rapatriement vers l’italie de 2331 demandeurs d’asile. Pour cette année, les “Dublinés” à transférer en Italie sont 1351, selon Luciana Lamorgese. “L’événement vraiment important” a été, selon elle, le débarquement autorisé cette semaine par l’italie d’une centaine de migrants secourus par l’ocean Viking, navire affrété par L’ONG SOS Méditerranée et opéré en partenariat avec MSF.
“France et Allemagne ont offert leur disponibilité à accueillir 72% des migrants, mettant de facto en oeuvre le pré-accord de Malte (conclu en septembre) qui commence donc à porter ses fruits”, s’est félicité la ministre.
Italie cette À propos d’un accord controversé entre l’italie et la Libye consistant à aider les garde-côtes libyens à stopper les départs, Luciana Lamorgese a assuré qu’il est possible de l’améliorer. L’idée de Rome est de “soutenir davantage les rapatriements volontaires assistés, organisés par le HCR (Haut Commissariat aux réfugiés) et L’OIM” (Office international des migrations).
Ce processus a permis “le retour dans leurs pays de 25.000 migrants”, selon la ministre, qui a jugé “nécessaire de vider les centres (de rétention libyens, critiqués pour de nombreux abus, NDLR) à travers les couloirs humanitaires européens en impliquant davantage les Nations Unies”.
De son côté, l’italie a accéléré les procédures de rapatriement pour les migrants n’ayant pas droit à l’asile. “En octobre, 379 Tunisiens ont débarqué sur le territoire, nous avons réussi à en rapatrier 232, soit plus de 60% de rapatriés par rapport aux arrivées”, a ajouté Luciana Lamorgese.
Des procédures accélérées de traitement des dossiers ont été mises en place aux frontières “dans cinq zones de transit”, notamment à Lampedusa (Sicile). “Le demandeur d’asile est auditionné dans un délai de sept jours et la décision est prise dans les deux jours successifs”, a-t-elle souligné.