S’ils se font la «malle»… U
n jeune étudiant en médecine a émis un commentaire sur son compte Facebook, en groupe « fermé ».
Pour avoir osé, dans ce commentaire, critiquer certains manquements à déplorer au sein de sa faculté, ce jeune étudiant s’est vu signifier son renvoi pour quatre mois de son institution, le condamnant ainsi, tacitement, à rater l’année en cours.
Il aurait suffi, selon le doyen de la faculté en place, qu’il présente ses excuses pour que l’incident soit clos. Ce que le jeune homme a refusé, appuyé en cela par tous ses pairs, qui ont décrété, hier, une grève générale, dans toutes les facultés de médecine du pays, refusant que leur liberté d’expression soit compromise. Et cautionnée. Et qu’il y ait rétropédalage sur une question essentielle. Le seul acquis qui vaille encore, d’une révolution « confisquée ». Jusqu’à preuve du contraire.
Ces jeunes étudiants ont fait montre de solidarité. Est-ce qu’il faut le leur reprocher ? Rien n’est moins sûr… Car, c’est leur avenir qui se joue ici. Et celui du pays.
Car, il y a un problème. Qui touche à notre jeunesse. Celle qu’on n’arrête pas de déplorer, à tout bout de champs, qu’elle prenne la « tangente », un peu plus souvent qu’il n’est permis. Vidant le pays de son « élite », qui préfère aller chercher ailleurs, un ciel qui serait plus bleu.
Cette fuite des « cerveaux », éperdue, vers d’autres horizons, lorsque le pays a, plus que jamais, besoin de ses jeunes compétences, surtout dans un secteur aussi sensible que celui de la Santé, a pourtant une explication. Simple, élémentaire, et qu’aucun entendement ne saurait réfuter : on ne part pas si on trouve son compte. Et si l’on trouve son bonheur.
Il faut toujours donner des raisons d’espérer…
Nos hôpitaux se vident autant que leurs structures se déglinguent. A Tunis, et encore plus dans les régions, où, le manque en médecins, se fait cruellement sentir, d’une manière criante, toutes spécialités confondues. Il n’est pas de jours, de semaines, où l’on n’enregistre pas, au sein de nos hôpitaux, une catastrophe, un drame, une tragédie, qui se jouent bien souvent à huis-clos. Ces drames se comptent évidemment, en vies humaines. Avec tout ce que cela suppose comme destins brisés et vies, définitivement, saccagées.
Que l’etat profite des accords de coopération, ou de partenariat, avec des pays-tiers pour se pourvoir en médecins, dans les régions notamment, afin de pallier le manque flagrant à ce niveau, ce n’est pas une mauvaise chose ; au contraire. Mais, ce qui serait, autrement porteur, à moyen et à long terme, ce qui serait souhaitable, ce qui serait bénéfique pour le pays, c’est que l’on s’attelle à soigner le mal à la racine. En réapprenant, notamment, et parce que c’est primordial, à respecter notre jeunesse. Tout comme la jeunesse doit respecter ses aînés, elle doit être respectée à son tour. Renouer avec le sens de l’écoute, laisser une seconde chance, cultiver toutes les vertus du dialogue, voilà qui pourrait changer la donne. Pour le meilleur. Et non pas sévir, et refuser toutes formes de critiques, lorsqu’elles seraient, si l’on y regardait de plus près, et sans tricher, ô combien constructives !
Un étudiant n’est pas content, et il l’exprime, via les réseau-sociaux, ou autres : respectons sa liberté de penser, et prenons en considération la somme de ses « doléances », pour tenter d’y remédier du mieux qu’il soit. Voilà la réponse adéquate, et appropriée, à la critique. Surtout lorsqu’elle est fondée. Il aura, pour le coup, moins envie de partir. Et de quitter son pays…