Le berceau japonais de la culture antique du Jomon
Cette exposition peut d’abord être ressentie comme un double éloge: celui de la beauté d’une région qui garde cette éternité changeante du paysage, celui aussi du courage d’un peuple qui, loin de tout fatalisme, se bat et s’adapte aux forces redoutables de la nature. En regardant cette collection de photographies, le visiteur gardera à l’esprit que cette région de Tohoku est l’un des berceaux du Japon. C’est en effet ici que s’est développée la culture dite de Jomon, trace des toutes premières activités humaines au Japon. La poterie de cette région est à ce titre un des aspects les plus admirables d’une culture qui remonte à trois millénaires.
Tohoko garde de nos jours encore des réminiscences de ces cultures antiques. Dans cette région, la culture Jomon est bel et bien préservée à travers un esprit jalousement transmis. Depuis longtemps, le centre de gravité du pouvoir s’est déplacé vers Nara ou Kyoto. Toutefois, Tohoku préserve ses fondamentaux et, même si la région a été parfois marginalisée, les beautés naturelles et l’extraordinaire amalgame entre la mer, les montagnes et les forêts font de ce septentrion lointain un concentré du paysage japonais. Que vous soyez à Miyagi, Akita, Fukushima ou Yamagata, vous restez dans ce territoire meurtri puis renaissant du nord de l’île de Honshu. qui véhicule un contenu documentaire pétri d’esthétique. Neuf photographes et un collectif composent les auteurs de ces oeuvres rassemblées sous le titre de Tohuku à travers les yeux des photographes japonais. Chaque photographe apporte une pierre à cet édifice. Par exemple, ce sont des photos qui remontent aux années cinquante qui sont au coeur de la participation de Teisuke Chiba et Ichiro Kujima. D’autres artistes se sont évertués à immortaliser par la photo les fêtes et rites religieux de la région de Tohoku. Les photographies les plus extraordinaires sont celles de Nao Tsuda qui a posé son regard de photographe sur les artefacts et reliques de la lointaine période de la culture Jomon. Cet artiste parvient à exprimer par des photos saisissantes les sources lointaines de la spiritualité japonaise. Le paysage de la région est sublimé par Meiki Lin qui sait dégager la puissance subtile qui émane de la nature. Comme une prière shintoiste, ces clichés dégagent une ode à tout ce qui fonde une nature mystérieuse et toujours renouvelée. Enfin, trois photographes ont tenté de lier leur propre vécu aux aspects mouvants de la ville et du paysage. Cette combinaison met en valeur l’humain et son contexte et résonne aussi comme un hymne au labeur. Quelques photos prises par des anonymes regroupés sous le label Sendai Collection, complètent cette collection en proposant des scènes de vie capturées dans une localité voisine de Tohoku.