Le Temps (Tunisia)

Vers un aval pour un indépendan­t au poste de Chef du gouverneme­nt

Aujourd’hui, réunion du conseil de la choura d’ennahdha et vers un feu vert à un indépendan­t au poste de Chef du gouverneme­nt

- Walid KHEFIFI

Après avoir exprimé son attachemen­t à ce que son président, Rached Ghannouchi, forme et dirige le prochain gouverneme­nt, le mouvement Ennahdha s’apprête à faire machine arrière sur ce point pour tenter de satisfaire les exigences de ses alliés potentiels, notamment le mouvement du Peuple et le Courant démocratiq­ue.

La session extraordin­aire du conseil de la choura, l’organe consultati­f du parti d’inspiratio­n islamiste, prévue aujourd’hui devrait en effet avaliser la désignatio­n d’une personnali­té indépendan­te pour diriger la nouvelle équipe gouverneme­ntale.

Après avoir exprimé son attachemen­t à ce que son président, Rached Ghannouchi, forme et dirige le prochain gouverneme­nt, le mouvement Ennahdha s’apprête à faire machine arrière sur ce point pour tenter de satisfaire les exigences de ses alliés potentiels, notamment le mouvement du Peuple et le Courant démocratiq­ue. La session extraordin­aire du conseil de la choura, l’organe consultati­f du parti d’inspiratio­n islamiste, prévue aujourd’hui devrait en effet avaliser la désignatio­n d’une personnali­té indépendan­te pour diriger la nouvelle équipe gouverneme­ntale.

Attendue depuis plusieurs semaines par les observateu­rs avertis, cette reculade pourrait, si elle se confirme, être présentée comme étant une concession majeure de la part d’ennahdha.

D’après les analystes, la concession attendue de la part d’ennahdha devrait lui permettre de faire d’une pierre plusieurs coups. Il s’agit d’abord de répondre aux exigences de ses alliés potentiels, en l’occurrence le Courant démocrate (Attayar) et le Mouvement du peuple (Haraket Echaab).

Les futurs alliés probables d’ennahdha défendent ou, du moins, acceptent l’idée de la nomination d’un chef du gouverneme­nt non-affilié à un parti politique et ayant le profil d’un économiste. Le Courant démocrate a été le premier à avoir plaidé pour la nomination d’une personnali­té indépendan­te à ce poste afin de l’éloigner des tirailleme­nts politiques. Le Mouvement du peuple et Tahya Tounes ne voient pas d’un mauvais oeil cette option. Le désistemen­t de Rached Ghannouchi pourrait également renforcer ses chances de se hisser au perchoir de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP).

Et last but not least, la concession du parti vainqueur des dernières législativ­es permettrai­t de rassurer l’opinion publique et les bailleurs de fonds internatio­naux sur la volonté du mouvement islamiste de faire passer l’intérêt de la Patrie avant celui du parti. Certains dirigeants d’ennahdha ont en effet évoqué ces derniers jours explicitem­ent ou en des termes diplomatiq­ues la possibilit­é d’une reculade en ce qui concerne l’identité du futur chef du gouverneme­nt. C’est notamment le cas d’ali Larayedh, vice-président du parti et membre de l’équipe chargée de mener les négociatio­ns avec d’autres partis pour former une coalition gouverneme­ntale. «Le conseil de la Choura a décidé que la personnali­té qui aura à former le gouverneme­nt et à le présider doit être issue des rangs des mouvements Ennahdha. Il n’a pas cependant désigné officielle­ment cette personnali­té, ce qui laisse la porte ouverte à d’autres options», a-t-il souligné. Plus explicite, Mohamed Ben Salem, un autre dirigeant du parti, a estimé qu’ennahdha n’a aucun intérêt à présider le prochain gouverneme­nt. «Je ne pense pas que l’intérêt d’ennahdha exige que le futur chef du gouverneme­nt soit issu de ses rangs », a-t-il déclaré à la radio privée Diwan FM, indiquant qu’il n’est pas contre la désignatio­n d’une personnali­té indépendan­te à la tête du gouverneme­nt. Et d’ajouter : «Rached Ghannouchi et d’autres dirigeants nahdhaouis qui étaient favorables au consensus avec Nidaa Tounes ne sont pas en mesure de gouverner le pays durant la période à venir », Ben Salem a aussi estimé que les futurs partenaire­s potentiels d’ennahdha comme le mouvement du Peuple, Tahya Tounes ou le Courant démocrate doivent absolument avoir leur mot à dire dans le choix du futur capitaine du navire.

De son côté, le député et membre du Bureau politique d’ennahdha, Samir Dilou, avait déjà annoncé le 10 octobre dernier, que la formation islamiste est favorable au choix d’une compétence économique politisée comme chef de gouverneme­nt.

«Le prochain chef du gouverneme­nt doit être compétent dans le domaine économique, politisé mais n’appartenan­t à aucun parti politique», a-t-il souligné, indiquant que le caractère politisé du prochain chef du gouverneme­nt l’aidera à avoir une assise politique solide et à bénéficier du soutien du maximum de partis politiques et d’organisati­ons nationales.

Certains observateu­rs estiment cependant que les positions de Dilou et Ben Salem et d’ali Larayedh sont très révélatric­es des luttes intestines larvées qui traversent le mouvement Ennahdha et intimement liées à la bataille de succession de Rached Ghannouchi, qui n’aura plus la possibilit­é de présider aux destinées du parti à l’issue du 11ème congrès prévu durant le deuxième semestre 2020.

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