Vers un aval pour un indépendant au poste de Chef du gouvernement
Aujourd’hui, réunion du conseil de la choura d’ennahdha et vers un feu vert à un indépendant au poste de Chef du gouvernement
Après avoir exprimé son attachement à ce que son président, Rached Ghannouchi, forme et dirige le prochain gouvernement, le mouvement Ennahdha s’apprête à faire machine arrière sur ce point pour tenter de satisfaire les exigences de ses alliés potentiels, notamment le mouvement du Peuple et le Courant démocratique.
La session extraordinaire du conseil de la choura, l’organe consultatif du parti d’inspiration islamiste, prévue aujourd’hui devrait en effet avaliser la désignation d’une personnalité indépendante pour diriger la nouvelle équipe gouvernementale.
Après avoir exprimé son attachement à ce que son président, Rached Ghannouchi, forme et dirige le prochain gouvernement, le mouvement Ennahdha s’apprête à faire machine arrière sur ce point pour tenter de satisfaire les exigences de ses alliés potentiels, notamment le mouvement du Peuple et le Courant démocratique. La session extraordinaire du conseil de la choura, l’organe consultatif du parti d’inspiration islamiste, prévue aujourd’hui devrait en effet avaliser la désignation d’une personnalité indépendante pour diriger la nouvelle équipe gouvernementale.
Attendue depuis plusieurs semaines par les observateurs avertis, cette reculade pourrait, si elle se confirme, être présentée comme étant une concession majeure de la part d’ennahdha.
D’après les analystes, la concession attendue de la part d’ennahdha devrait lui permettre de faire d’une pierre plusieurs coups. Il s’agit d’abord de répondre aux exigences de ses alliés potentiels, en l’occurrence le Courant démocrate (Attayar) et le Mouvement du peuple (Haraket Echaab).
Les futurs alliés probables d’ennahdha défendent ou, du moins, acceptent l’idée de la nomination d’un chef du gouvernement non-affilié à un parti politique et ayant le profil d’un économiste. Le Courant démocrate a été le premier à avoir plaidé pour la nomination d’une personnalité indépendante à ce poste afin de l’éloigner des tiraillements politiques. Le Mouvement du peuple et Tahya Tounes ne voient pas d’un mauvais oeil cette option. Le désistement de Rached Ghannouchi pourrait également renforcer ses chances de se hisser au perchoir de l’assemblée des représentants du peuple (ARP).
Et last but not least, la concession du parti vainqueur des dernières législatives permettrait de rassurer l’opinion publique et les bailleurs de fonds internationaux sur la volonté du mouvement islamiste de faire passer l’intérêt de la Patrie avant celui du parti. Certains dirigeants d’ennahdha ont en effet évoqué ces derniers jours explicitement ou en des termes diplomatiques la possibilité d’une reculade en ce qui concerne l’identité du futur chef du gouvernement. C’est notamment le cas d’ali Larayedh, vice-président du parti et membre de l’équipe chargée de mener les négociations avec d’autres partis pour former une coalition gouvernementale. «Le conseil de la Choura a décidé que la personnalité qui aura à former le gouvernement et à le présider doit être issue des rangs des mouvements Ennahdha. Il n’a pas cependant désigné officiellement cette personnalité, ce qui laisse la porte ouverte à d’autres options», a-t-il souligné. Plus explicite, Mohamed Ben Salem, un autre dirigeant du parti, a estimé qu’ennahdha n’a aucun intérêt à présider le prochain gouvernement. «Je ne pense pas que l’intérêt d’ennahdha exige que le futur chef du gouvernement soit issu de ses rangs », a-t-il déclaré à la radio privée Diwan FM, indiquant qu’il n’est pas contre la désignation d’une personnalité indépendante à la tête du gouvernement. Et d’ajouter : «Rached Ghannouchi et d’autres dirigeants nahdhaouis qui étaient favorables au consensus avec Nidaa Tounes ne sont pas en mesure de gouverner le pays durant la période à venir », Ben Salem a aussi estimé que les futurs partenaires potentiels d’ennahdha comme le mouvement du Peuple, Tahya Tounes ou le Courant démocrate doivent absolument avoir leur mot à dire dans le choix du futur capitaine du navire.
De son côté, le député et membre du Bureau politique d’ennahdha, Samir Dilou, avait déjà annoncé le 10 octobre dernier, que la formation islamiste est favorable au choix d’une compétence économique politisée comme chef de gouvernement.
«Le prochain chef du gouvernement doit être compétent dans le domaine économique, politisé mais n’appartenant à aucun parti politique», a-t-il souligné, indiquant que le caractère politisé du prochain chef du gouvernement l’aidera à avoir une assise politique solide et à bénéficier du soutien du maximum de partis politiques et d’organisations nationales.
Certains observateurs estiment cependant que les positions de Dilou et Ben Salem et d’ali Larayedh sont très révélatrices des luttes intestines larvées qui traversent le mouvement Ennahdha et intimement liées à la bataille de succession de Rached Ghannouchi, qui n’aura plus la possibilité de présider aux destinées du parti à l’issue du 11ème congrès prévu durant le deuxième semestre 2020.