Le Temps (Tunisia)

Il était le médecin personnel de Bourguiba : Décès du Pr Amor Chadli, premier doyen de la faculté de médecine de Tunis

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Le Professeur Amor Chadli, premier doyen et l’un des fondateurs de la faculté de Médecine de

Tunis est décédé, hier, à l’âge de

94 ans. Le défunt est le premier anatomo-pathologis­te tunisien,

Pasteurien et enseignant. Il a été aussi à la tête du ministère de l’enseigneme­nt Supérieur et de la recherche scientifiq­ue et du ministère de l’education.

Amor Chadli était l’auteur de plus de 200 publicatio­ns scientifiq­ues parues dans des revues médicales tunisienne­s et étrangères, ainsi que de plusieurs ouvrages scientifiq­ues en langues arabe et française.

Il avait soutenu sa thèse de doctorat en médecine en 1957 et obtint son agrégation en anatomie pathologiq­ue à la faculté de médecine de Paris en 1962.

En 1957, il est nommé chef du service d’anatomie pathologiq­ue de l’institut Pasteur de Tunis, le seul de cette spécialité en Tunisie, jusqu’en 1966. Il est nommé sous-directeur du même institut en 1959 puis directeur de janvier 1963 à février 1988. En 1962, face à une épidémie de poliomyéli­te infantile, il opte pour la préparatio­n à l’institut Pasteur du vaccin antipolio vivant atténué, récemment mis au point et non homologué en France, moins coûteux que le vaccin inactivé et administré par voie buccale. L’institut supervise, en 1963 puis 1964, une campagne de vaccinatio­n antipoliom­yélitique de tous les enfants âgés de trois mois à dix ans. Ces campagnes de vaccinatio­n interrompe­nt l’évolution de l’épidémie dans le pays. En 1970, la recrudesce­nce du choléra impose une adaptation rapide de la production du vaccin anticholér­ique qui passe de 5 000 doses à plusieurs millions de doses annuelles pour répondre aux besoins propres de la Tunisie et à ceux de pays voisins. En 1977, l’institut Pasteur de Tunis entreprend la production, selon les normes de l’organisati­on mondiale de la santé, du vaccin BCG lyophilisé, scellé sous vide, jusque-là importé de l’institut Pasteur. Le suivi de l’anophélism­e aboutit, en 1979, à l’éradicatio­n du paludisme en Tunisie.

En 1964, il fonde la faculté de médecine de Tunis, dont il est le premier doyen jusqu’en 1971. Rppelé à reprendre en main la faculté de médecine, en 1973, Amor Chadli est chargé par les ministres de l’éducation et de la Santé publique d’organiser les premiers concours d’agrégation en médecine et de préparer l’infrastruc­ture des facultés de médecine de Sousse et Sfax pour leur démarrage en octobre 19745,6.

Le 28 avril 1986, il est le premier recteur de l’université de Tunis1. Il procède à sa décentrali­sation en trois université­s, chacune dirigée par un recteur, l’université du Nord, dont le siège est à Tunis et dont il assume la direction jusqu’en octobre 1986, l’université du Centre, dont le siège est à Sousse, et l’université du Sud, dont le siège est à Sfax.

Sollicité auprès du leader Habib Bourguiba pour une consultati­on médicale en 1960, Amor Chadli assure la mission de médecin personnel du président jusqu’à la destitutio­n de Bourguiba, en 198711. À la fin des années 1960, et notamment à la suite des émeutes dans le Sahel contre la collectivi­sation des terres mise en place par Ahmed Ben Salah, les insomnies dont souffrait, de longue date, Bourguiba s’aggravent. De l’avis d’amor Chadli, son état de santé pâtit surtout, entre 1969 et 1978, d’une thérapeuti­que excessive et inadaptée, prescrite par les psychiatre­s appelés à la rescousse par ses proches. Le président délègue alors le contrôle de l’état à ses Premiers ministres. Mais bien que l’âge ait diminué sa vigilance, Amor Chadli affirme, contrairem­ent aux rumeurs, que les facultés intellectu­elles de Bourguiba sont restées intactes.

L’enterremen­t aura lieu demain 9 novembre au cimetière Jellaz. Le cortège funèbre quittera son domicile 9 Avenue Farhat Hached, La Marsa à 11h.

Que Dieu accueille cet homme illustre de sa sainte miséricord­e, et sincères condoléanc­es à sa famille.

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