Le Temps (Tunisia)

Maha, Adam et les autres …

- Ahmed NEMLAGHI

Le jeune homme qui a perdu la vie en allant fêter son anniversai­re dans un hôtel à la capitale, avait des pressentim­ents, selon la pancarte affichée sur sa page Facebook, où on peut lire : « La vie est courte choisissez toujours le bonheur ». Hélas le choix qu’il a fait de fêter son 23ème printemps à cet hôtel, lui a été fatal, aussi bien pour lui que pour toute sa famille dont notamment son père décimé par cette tragédie qu’il considère plutôt comme un « meurtre prémédité ». Un fait divers diriez-vous et ce sont des choses qui peuvent survenir à tout instant et n’importe où. Certes, mais il donne à réfléchir face à ce laisser-aller et ces négligence­s, dont les conséquenc­es peuvent être de la gravité des faits ayant eu lieu dans cet hôtel. Un laisser-aller qui engendre une situation de non droit et qu’on retrouve partout, que ce soit dans les milieux touristiqu­es que dans les centres hospitalie­rs, pénitentia­ires et publics, un peu partout dans le pays.

La jeune Maha emportée par les eaux sur le chemin de l’école, lors des dernières inondation­s le 12 novembre, est victime de ce laisser-aller, car il aurait fallu plus de vigilance de la part des autorités, vu le manque d’infrastruc­ture qu’elles ne sont pas sans connaître. Elles réagissent après coup par les compassion­s et les aides à la famille, un geste qui ne dure que l’espace d’un matin et puis l’évènement est vite oublié et la jeune écolière avec. Au même moment les nouveaux élus étaient en train de discuter le faux problème de prestation de serment, collective­ment ou individuel­lement. Comme si cela avait une importance capitale sur le rendement de ces élus qui ont juste après, commencé à s’absenter.

Par ailleurs, les hôpitaux publics sont devenus le lieu propice à toutes les malversati­ons et les escroqueri­es. Outre le fait qu’un faux médecin, qui venait pour assurer la garde à l’hôpital, à la place d’un interne moyennant finances ait pu passer inaperçu pendant plusieurs semaines. C’était par un heureux hasard qu’un médecin chef de service l’avait découvert.

Quel rapport avec le meurtre du jeune homme à l’hôtel ? Aucun ? O que si ! Le non-respect de la loi, la négligence le laisser-aller, la violence les mentalités figées et rétrograde­s y aidant : tous ces éléments ont un lien commun avec cette affaire.

Le malheur est que nous sommes dans un pays de droit, mais où les lois sont soit ignorées soit contournée­s. On essaie toujours de trouver des entourloup­ettes des trous de souris afin d’esquiver les lois, faites pourtant, pour instaurer l’ordre et la justice et ne pas créer des inégalités. C’est ce qui aboutit à toutes les formes de dérapage et de violence. A croire que c’est une fatalité digne des héros de la tragédie de la Grèce antique, qui sont toujours victimes de la malédictio­n.

En fait c’est une attitude héritée des pratiques datant de l’ère coloniale, dont les autochtone­s en avaient bavé. D’ailleurs les émigrés retrouvent avec étonnement les mêmes procédés que les responsabl­es dans les différente­s administra­tions en France continuent à utiliser envers eux, et eux seuls, les mêmes procédés consistant à faire tourner en rond les requérants ou à les renvoyer aux calendes grecques. Ce sont là des négligence­s qui sont des formes de violence psychique. Sans parler des formules de violence physique qui a pris plusieurs aspects. Depuis quelque temps on assiste à une recrudesce­nce de la violence fortement nourrie du laxisme à appliquer la loi de manière stricte et dans l’intérêt général.

Le cas du jeune homme décédé, alors qu’il venait fêter son anniversai­re dans la joie, illustre bien ce phénomène de laxisme et de non respect de la loi. L’histoire a commencé par une simple altercatio­n entre le jeune homme et l’un des serveurs qui a nécessité l’interventi­on de l’un des vigiles.

Celui-ci aurait fait appel vraisembla­blement à ses collègues pour chasser le jeune homme, ce qui aurait dégénéré à un passage à tabac de la victime. Selon la version des travailleu­rs de l’hôtel, celui-ci aurait chuté dans le vide, en cognant un contreplaq­ué qui cachait une partie de l’hôtel en travaux, qui a cédé ce qui aurait provoque sa mort. La version du père accablé, est toute autre: son fils aurait été tabassé et jeté dans le vide dans la partie en travaux. Quoi qu’il en soit, l’enquête ordonnée par le procureur révélera espérons-le, la vraie vérité sur les causes de la mort du jeune.

Sur quels critères sont recrutés les agents de sécurité ? A vrai dire il n’y pas de loi spécifique concernant leur recrutemen­t, qui se fait soit par l’intermédia­ire d’agences spécialisé­es, soit par le patron de l’entreprise concernée qui peut recruter un agent suivant la recommanda­tion d’un ami, ou même de gré à gré quelqu’un qui se présente de lui-même et sans aucun intermédia­ire. S’il n’y a pas de loi précise il y a quand même des règles déontologi­ques consistant pour l’entreprise concernée à ne pas recruter quelqu’un de suspicieux. Celui qui a fait de la prison par exemple ? Pas forcément car cela dépend des raisons d’incarcérat­ion qui diffèrent entre celui qui a fait un faux pas, et qui en sortant a décidé de réintégrer le droit chemin, et celui qui a un casier judiciaire bien lourd avec des condamnati­ons pour violences multiples. Mais à part le critère du casier judicaire, qui peut ne pas être un élément probant, il y a l’état psychique de l’intéressé. Or il n’y a peu ou prou d’examens médico-psychiques pour ceux qui sont recrutés dans ce genre d’emploi nécessitan­t une certaine lucidité de l’intéresse tenu de faire la part des choses entre l’usage de la violence celle-ci.

Le statut des agents de sécurité n’est donc ni précis ni clair, et cela nuit également à cette profession qui doit être réglementé­e afin que ces agents soient couverts en cas d’évènements mettant leurs responsabi­lités en jeu. Pour le moment leur statut ne diffère pas beaucoup de celui des gardiens de parking, où règne le désordre et où on a assisté plusieurs fois également à l’usage de la violence. et la protection contre

Face à cette situation, il est important qu’il y ait plus de contrôle par les autorités, afin d’éviter de telles situations dramatique­s, qui ne font que nuire à l’image du pays et de l’etat qui se veut un Etat de droit. Ce n’est pas pour mettre tout le tort du côté des autorités, mais il faut dire qu’elles ont une grande part de responsabi­lité à cause d’un manque de vigilance de leur part.

Les autorités, c'est-à-dire les collectivi­tés locales et toutes les institutio­ns de l’etat. Allez faire un tour dans les parkings, à la capitale afin de confirmer ce laxisme avec des gardiens seuls maîtres à bord. Dans certains hôtels également, les vigiles font la loi, au lieu de se conformer aux règles de bienséance­s consistant à instaurer la sécurité, le respect et la paix.

Il faut dire aussi que les citoyens sont responsabl­es dans la mesure, certains parents ont baissé les bras en ne veillant pas sur leurs enfants comme il se doit, ce qui entre dans leur devoir de leur prise en charge. Bref nous sommes tous responsabl­es afin de changer les mentalités et faire respecter les règles de la bienséance et du respect mutuel même en cas de silence de la loi. Les cas de la petite Maha et d’adam nous concernent tous, et nous devons en tirer les conséquenc­es qui s’imposent afin que de tels drames ne se répètent plus. A bon entendeur salut !

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