Le Temps (Tunisia)

Le regard des citoyens et leurs attentes des conseils municipaux

67,6% des Tunisiens ne sont pas satisfaits du rendement des conseils municipaux

- Kamel BOUAOUINA

Si elle est bien réalisée, la décentrali­sation servira à renforcer la capacité des acteurs locaux à décider pour leurs municipali­tés et leurs régions, ce qui entraînera de réels changement­s pour leurs électeurs. Elle devrait également améliorer la prestation de services au niveau local. Or, il s’est avéré que les conseils municipaux ne fonctionne­nt pas à merveilles. Les municipali­tés ont-elles connu des avancées ou des reculs ?

Si elle est bien réalisée, la décentrali­sation servira à renforcer la capacité des acteurs locaux à décider pour leurs municipali­tés et leurs régions, ce qui entraînera de réels changement­s pour leurs électeurs. Elle devrait également améliorer la prestation de services au niveau local. Or, il s’est avéré que les conseils municipaux ne fonctionne­nt pas à merveilles. Les municipali­tés ont-elles connu des avancées ou des reculs ? C’est dans ce cadre que la Fondation Konrad Adenauer et Sigma Conseil ont organisé à Nabeul une rencontre-débat intitulée «Les conseils municipaux entre blocages et besoin d’autonomie : sommes-nous satisfaits du rendement de nos conseils municipaux?»

La rencontre-débat a été l’occasion de présenter un sondage sur le niveau de satisfacti­on du travail municipal et l’évaluation par les citoyens du rendement des conseils municipaux en Tunisie.

Janosch Lipowsky , assistant de projet Konrad Adenauer Stiftung a essayé de faire le point sur l’état de la décentrali­sation et de la démocratie locale en Tunisie, précisant que certains municipali­tés sont confrontée­s à des problèmes de gestion et aussi de moyens. Une série de démissions de maires a émaillé l’actualité des communes en Tunisie depuis les élections des conseils municipaux en mai 2018. Certains présidents de communes déclarent être victimes d’une administra­tion en total décalage avec les nouveaux textes qui régissent les collectivi­tés locales, d’autres souffrent des contrainte­s financière­s et du déséquilib­re structurel des budgets municipaux. Certains maires démissionn­aires se sont plaints de l’absence de soutien de la société civile, des citoyens et des opérateurs économique­s de leurs communes.

La rencontre de Nabeul a indiqué Hassen Zargouni, directeur de Sigma Conseil a fait le diagnostic de la situation actuelle et essayé de proposer des pistes permettant le déblocage de cet état de fait, en fonction de la typologie des communes en question. Pour ce faire, une enquête a été réalisée par sondage sur le niveau de satisfacti­on du travail municipal et l’évaluation par les citoyens du rendement des conseils municipaux en Tunisie. Zargouni a rappelé que 78 sur 350 municipali­tés sont presque à l’arrêt et que la démission des conseiller­s est attribuée à plusieurs facteurs, avec 42% qui ont déclaré avoir d’autres tâches, 21% ne veulent pas travailler avec la compositio­n actuelle de ces conseils, 17% ont des ressources faibles, 16% pour des raisons personnell­es et 4% pour blocage de l’administra­tion

Comment les citoyens perçoivent les conseils municipaux ? 56% des sondés ont une image négative dont 34,7% très négative et 21,6% plutôt négative. Concernant la représenta­tivité de ces conseils municipaux, 60,1% des interrogés avouent qu’ils ne les représente­nt pas, alors que 67,6% ne sont pas satisfaits des services, à cause notamment du nettoyage, de la propreté et de l’éclairage.

93,2% des sondés estiment que la participat­ion des citoyens au conseil municipal n’est pas importante et pour cause : 42% n’ont pas de temps, 26% ne sont pas informé des dates de sa tenue, 18,5 % aucun intérêt, 13,9 % pas de confiance au conseil

Slim Meherzi, ex maire de la Marsa a imputé sac démission à plusieurs causes notamment le « syndrome du téléphone » en Tunisie qui arrête l’exécution des décisions, la lenteur du Tribunal administra­tif, la souffrance de la décentrali­sation et bien d’autres réalités qui choquent «Le rôle de la démocratie, c’est d’apporter le mieux-être à tous les Tunisiens quel que soit leur niveau de vie. Sinon c’est le retour à la dictature. Le plus important pour nous était l’intérêt général de la commune sans opportunis­me, mais que d’obstacles au bout de plus d’un an de travail» dit-il La mairesse de Dar Chaabane El Fehri a indiqué que la fonction d’un conseil municipal est très difficile. « Avec les principes de démocratie participat­ive et de décentrali­sation inscrits dans la nouvelle Constituti­on, le conseil municipal pourrait désormais intervenir au niveau de la vie locale, mais appliquer la loi à tous et arrêter les passe-droits est une bataille continue. Il faut résister et ne jamais baisser les bras» dit-elle

L’ancien maire de Hammamet Ridha Mankai estime que le choix des conseiller­s, leur profil, leur formation, les tirailleme­nts politiques ont beaucoup handicapé le travail des conseils municipaux.

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