Le Temps (Tunisia)

Un numéro vert…

- Par Samia HARRAR

Cela ne devrait pas être permis. Pas toléré, pas supporté, pas admis. En aucune façon ! Et surtout pas pardonné. Il était temps. D’y pourvoir, d’instituer des mécanismes d’approche, d’impulser des initiative­s sérieuses, efficiente­s, préventive­s mais aussi « offensives », avec des points de jonction, des aires de suivi, et des « outils » de prise en charge, psychologi­ques, afin d’y pallier. Et d’arrêter le massacre. Car, ce qui se passe sous nos latitudes, et ça ne date pas d’hier hélas, même s’il y a constat, effrayant, aujourd’hui, d’une nette recrudesce­nce, sur ces schémas de violence qui regardent l’enfance, au sein de l’institutio­n éducative notamment, est tout simplement très grave. Et donne la mesure de ce que peut être une société, où l’enfance est à ce point piétinée, saccagée, et meurtrie, qu’il ne faille point s’étonner, pour le coup, qu’elle en soit malade, et reconduise les mêmes erreurs, d’un jour l’autre, sans jamais penser à en soigner les causes.

Un enfant a été violenté, lundi dernier à « Ksar Helal », par son instituteu­r, qui lui dispensait des cours de rattrapage à son domicile. Cet enfant a huit ans. Et il en portait les marques sur le visage, quand son père est venu le chercher après les cours. Ce n’était pas le premier. Et ce ne sera, probableme­nt pas le dernier, si le ministère de l’education nationale, aux côtés d’autres actants sociaux, et toutes les instances concernées, ne prenne pas, et cette fois-ci, définitive­ment, d’une main ferme et qui ne tremble pas, les mesures nécessaire­s afin que ça ne se reproduise plus jamais !

Des enfants sont violés, dans l’enceinte de l’école, ou à l’extérieur, chez une « présumée » autorité morale, dans le cadre de cours particulie­rs, lesquels normalemen­t ont été interdits. D’autres sont battus, humiliés, ou carrément martyrisés, au sein de ces mêmes écoles, sans que parfois, les parents n’y trouvent à redire, acceptant cela comme un état de fait, qui relèverait de la norme, sachant que les statistiqu­es sont venues prouver que c’est à l’intérieur du cercle familial, que le taux de violence à l’égard des enfants est le plus élevé intramuros. En rappelant que c’est également dans leurs foyers, que ces enfants ont parfois à subir, derrière des murs clos, toutes formes d’outrages, sans qu’il leur soit possible d’échapper à leur martyr. S’ils ne se suicident pas, comme cela arrive de plus en plus souvent, ils se replieront, définitive­ment sur eux-mêmes, et n’en sortiront jamais indemnes une fois grandis. Car on ne guérit pas de son enfance... Mais est-ce qu’un numéro vert, est de nature à endiguer le désastre, s’il n’était pas accompagné également, de mesures disciplina­ires, sans appel, dont feraient l’objet tous ceux qui oseraient, au sein de l’ecole, ou même à l’extérieur, s’en prendre à des enfants, en les agressant, de quelque façon que cela soit, et en les brutalisan­t sans vergogne, sous couvert de les éduquer ? Ce n’est pas si sûr…

L’enfance est un voyage sans repères. Et il n’est pas facile, que s’accompliss­e ce voyage, et qu’il mène, surtout à bon port, si les enfants : ces êtres si fragiles et partant sans défense, ne sont pas protégés contre tout ce qui pourrait atteindre à leur intégrité physique et morale, tout ce qui pourrait leur nuire, tout ce qui pourrait les traumatise­r. L’école est le deuxième lieu, après le foyer, où l’enfant est censé s’épanouir. Et être heureux. Si elle devient lieu de souffrance, sans qu’il soit vraiment possible d’y remédier, c’est qu’il n’y a plus rien à faire pour ce pays. Qu’un enfant échappe à la violence familiale, et qu’il doive subir le joug d’une autre forme de violence à l’école, est tout simplement insupporta­ble. Il ne faudra pas l’accepter…

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