Le Temps (Tunisia)

Le facteur humain principal défi à l'étape actuelle

- Salah BEN HAMADI

Objet de critiques et de réserves, le Code tunisien des collectivi­tés locales adopté par l’assemblée des représenta­nts du peuple le 26 avril 2018, une dizaine de jours avant les élections municipale­s du 6 mai 2018, a été défendu par les nombreux participan­ts à une conférence sur la mise en oeuvre du processus de décentrali­sation, tenu, vendredi 17 janvier, à Tunis, à l’initiative de l’organisati­on Al Bawsala, avec le soutien logistique et financier de l’union européenne et OXFAM Tunisie.

Parmi les défenseurs figurait notamment le ministre des affaires locales et de l’environnem­ent, Mokhtar Hammami, qui a mis l’accent sur la réussite de ce texte dans l’adéquation entre la libre administra­tion accordée aux municipali­tés et l’unité de l’etat. Officielle­ment, conforméme­nt à la loi relative à sa promulgati­on, le Code des collectivi­tés locales a pour objectif de déterminer les règles relatives à l’organisati­on des structures du pouvoir local (conseils régionaux et municipali­tés), et à leurs modalités de fonctionne­ment conforméme­nt aux procédés de la démocratie participat­ive en vue de réaliser, dans le cadre de l’unité de l’etat, la décentrali­sation et le développem­ent global durable.

Or, d’après le rapport présenté à cette occasion, un an et demi après les élections municipale­s et au-delà des problèmes relatifs au transfert des compétence­s du pouvoir central aux municipali­tés devant durer 27 ans, et des contrainte­s liées aux ressources matérielle­s et humaines, c’est la perception et la conduite de l’action municipale, donc des défis en rapport avec le facteur humain, qui reste au coeur du problème, comme l’illustrent les nombreuses démissions enregistré­es au sein des conseils municipaux, la faible participat­ion des citoyens à leurs délibérati­on ou encore le recul notable de l’indice de transparen­ce. Les conseiller­s municipaux de leur part ne participen­t pas régulièrem­ent et de la manière qu’il faut aux travaux des conseils municipaux.

Les motifs invoqués pour justifier les démissions sont instructif­s, comme l’absence de participat­ion aux décisions relatives aux projets, la difficile communicat­ion avec le président de la municipali­té, ou encore les difficulté­s d’adaptation entre les membres du conseil. 8 maires ont été acculés à démissionn­er suite à des votes de retrait de confiance et la principale cause invoquée a été l’accapareme­nt du pouvoir de décisions.

De leur côté, certains présidents de municipali­tés ont démissionn­é de leur plein gré faute de moyens de leurs politiques comme celles liées à la police municipale rattachée au corps de la police en général alors qu’elle dépendait auparavant du président de la municipali­té.

Financemen­t

D’ailleurs, le ministre et autres intervenan­ts dont l’ambassadeu­r de l’union européenne en Tunisie, Patrice Bergamini, ont relativisé la grande importance souvent accordée au facteur financier. L’UE a déjà accordé quelques 500 millions dinars à la mise en oeuvre du processus de décentrali­sation tandis que la caisse des prêts et de soutien aux collectivi­tés locales, principale structure publique de financemen­t de l’action municipale, a doublé ses engagement­s et mis les fonds requis aux nouvelles municipali­tés, notamment.

Il faut signaler aussi, comme le note le rapport, l’interféren­ce de la situation politique générale au niveau national et central sur celle des municipali­tés et des collectivi­tés locales en général.

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