Le Temps (Tunisia)

La diplomatie tunisienne et ses contrecoup­s !

- Jameleddin­e EL HAJJI

Côté fond, on assistait pendant des semaines à une fébrilité turque à l’égard de la Tunisie, tandis qu’erdogan jouait une carte des plus redoutable­s sur la stabilité régionale. La Turquie, longtemps avant le sommet, avait choisi de jouer un rôle pourrissan­t et déstabilis­ateur en Libye, bien que les abc du droit maritime ne lui donnent aucun droit ou priorité dans la zone sud de la Méditerran­ée orientale, soient les côtes égyptienne­s, libyennes, et par extension celles tunisienne­s. Face à cette cacophonie sans nom, la Tunisie est inerte. Sans gouverneme­nt, sans ligne diplomatiq­ue claire, elle accumule les caprices ados, soutenus par une littératur­e de mauvais goût, afin de justifier ce qui ne peut s’appeler qu’une « atteinte à la souveraine­té de la décision de l’etat tunisien », devenu à coup d’improvisat­ions plus puériles les unes que les autres, l’ombre de lui-même. On imagine mal le Président français Emmanuel Macron « rendre compte » du Sommet de Berlin à notre Président de la République. On notera au passage (qui sait) qu’erdogan n’a pas téléphoné à Ghannouchi, pour lui faire part du camouflet unanime qu’il vient de recevoir en Allemagne, où une résolution condamne fermement les agissement­s d’erdogan, consistant à acheminer des mercenaire­s de Syrie en Libye. Plus encore, le téméraire président turc a été explicitem­ent menacé de représaill­es s’il continue à jouer ce jeu. Par expérience, nous sommes en mesure d’affirmer que le dernier communiqué de la Présidence de la République a été volontaire­ment biaisé. Macron y aurait dit plus. Beaucoup plus. Non seulement au nom de la France, mais en celui de l’europe, et à un degré moindre la Russie, qu’aucun diplomate tunisien n’a visité jusqu’à nos jours. Cette Russie qui se cantonnait à Tartous, sur la côte syrienne domine désormais tout le littoral syrien, un morceau dans lequel Poutine a investi l’armée russe et la diplomatie de Lavrov. L’enjeu est donc gros, et les moyens d’évaluation à la dispositio­n de la Tunisie sont encore à peine perceptibl­es à l’oeil nu. Car la Russie est désormais physiqueme­nt présente dans les eaux douces de la Méditerran­ée.

Les envolées lyriques, à ce qu’il parait, ne serviront plus à grandchose. La diplomatie est tout aussi lourde que l’économie, comme attribut de l’etat. Elle ne peut être l’apanage d’un parti isolationn­iste idéologisé, surtout quand il n’a même pas les cadres d’un Etat idéologiqu­e, comme l’iran ou la Corée du Nord. Le coup de fil de Macron s’apparente plus à une piqure de rappel qu’à une procédure protocolai­re. On en attendra les effets. Nous n’avons pas d’autres choix.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia