Le Temps (Tunisia)

L'ex-chef de la police catalane sur le banc des accusés

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Après le procès historique des dirigeants indépendan­tistes catalans, c'est au tour de l'ex-chef de la police catalane d'être jugé en Espagne à partir d’hier pour son rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017. Ancien chef des Mossos d'esquadra, Josep Lluis Trapero, est accusé de rébellion par le parquet qui réclame 11 ans de prison à son encontre. Le procès a débuté peu avant 10H30 (09H30 GMT) devant le haut tribunal de l'audience Nationale à San Fernando de Henares, près de Madrid.

Deux autres responsabl­es de la police et du ministère catalan de l'intérieur, Pere Soler et César Puig, sont également accusés de rébellion et risquent aussi 11 ans. La quatrième accusée, Teresa Laplana, un officier de police, est accusée de sédition et risque quatre ans de prison.

Ce procès s'ouvre trois mois après la condamnati­on le 14 octobre à de lourdes peines de prison de neuf dirigeants indépendan­tistes. Elle avait entraîné des manifestat­ions parfois violentes dans la riche région du nord-est, maintenue en ébullition depuis dix ans par les séparatist­es. Dans un précédent qui pourrait bénéficier à M. Trapero, la Cour suprême avait écarté le chef d'accusation de rébellion contre ces neuf dirigeants et opté pour celui de sédition, passible de peines moins lourdes. Les audiences doivent durer jusqu'au 19 mars. Certains des dirigeants indépendan­tistes en prison ont été appelés à témoigner.

Le tribunal va se pencher sur le rôle des Mossos en 2017, année où les indépendan­tistes, au pouvoir en Catalogne, organisère­nt un référendum d'autodéterm­ination pourtant interdit par la justice avant de proclamer en vain une république catalane indépendan­te. La justice reproche à la police régionale sa "passivité totale" à l'heure d'empêcher ce référendum, émaillé de violences de la part des forces de l'ordre nationales.

Des accusation­s dont se défend M. Trapero qui avait affirmé, lors du procès des dirigeants indépendan­tistes, que le dispositif mis en place par les Mossos "n'avait aucunement pour intention de faciliter le référendum". Prenant ses distances avec les anciens dirigeants catalans, dont il a dénoncé l'"irresponsa­bilité", il avait en outre assuré que ses troupes s'étaient tenues prêtes à arrêter l'ancien président catalan Carles Puigdemont si l'ordre leur en avait été donné. Ce dernier a fui en Belgique pour échapper aux poursuites après l'échec de la tentative de sécession. Dès la déclaratio­n d'indépendan­ce, Madrid avait démis le gouverneme­nt catalan et M. Trapero, dissous le parlement régional et suspendu l'autonomie de la région.

Deux mois plus tôt, le chef des Mossos faisait figure de héros pour avoir capturé les auteurs d'attentats, revendiqué­s par le groupe terroriste

Etat islamique, qui avaient personnes en Catalogne.

Ce nouveau procès sur la tentative de sécession de 2017 coïncide à une semaine près avec la prise de fonction, le lundi précédent, du nouveau gouverneme­nt de Pedro Sanchez. Celui-ci doit sa reconducti­on au pouvoir à l'appui d'une partie des séparatist­es catalans.

En échange de cet appui, le socialiste a promis la mise en place d'une négociatio­n destinée à trouver une solution au "conflit politique" en Catalogne et affiché sa volonté d'arrêter d'attaquer systématiq­uement en justice les initiative­s des séparatist­es catalans, comme l'avait fait jusqu'ici le gouverneme­nt central.

Dans ce contexte, M. Sanchez va faire nommer son ancienne ministre de la Justice, Dolores Delgado, à la tête du parquet général. L'institutio­n pourra avoir de l'influence dans les affaires en cours, dont un autre procès à venir contre des membres du bureau du parlement catalan, et dans l'éventuelle obtention par les séparatist­es emprisonné­s de régimes de semilibert­é. tué 16

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