Le virus Tristeza de plus en plus inquiétant
Le Citrus Tristeza Virus, un fléau viral des agrumes est l’agent pathogène responsable des plus grandes pertes économiques de la filière agrumicole dans le monde. Le virus de la Tristeza est essentiellement présent dans les arbreshôtes de type Citrus. Au cours du 20e siècle, la maladie a détruit 70 millions d’arbres d’agrumes greffés sur bigaradier dans le monde. Le CTV, apparemment originaire d’asie, a été disséminé dans tous les grands bassins agrumicoles mondiaux par des échanges internationaux de matériel végétal contaminé.
«La Tristeza des agrumes, apparue pour la première fois en 2012-2013 en Tunisie, est en train de se propager terriblement dans la zone du Cap Bon. Des centaines d’arbres, notamment des orangers greffés sur bigaradier, ont été déjà contaminés par le virus dans plusieurs localités du gouvernorat de Nabeul, dont Béni Khalled, Menzel Bouzelfa, Takelsa, Soliman et Bouargoub. La situation devient de plus en plus inquiétante», a déclaré le président de l›union régionale de l›agriculture et de la pêche (URAP) de Beni Khalled, Béchir Aounallah.
Et d’ajouter « Les actions menées par les fellahs n’ont pas donné leurs fruits et la situation a commencée à s’aggraver de plus en plus, à cause du retard de l’intervention et plusieurs agrumiculteurs n’ont pas déployé les moyens logistiques appropriés pour lutter, réellement et rapidement, contre ce ravageur. Ils manquent de moyens pour assurer la prévention face à l’émergence de plusieurs facteurs climatiques qui favorisent la propagation de cette maladie comme la sécheresse. L’infection par le CTV se manifeste à plusieurs niveaux. Les symptômes dépendent de l’intensité de la maladie, c’est-à-dire du pouvoir pathogène de la souche virale, mais aussi de la sensibilité du porte-greffe ou du greffon. Les différents symptômes sont l’affaiblissement des feuilles qui dépérissent puis, souvent, meurent. Les arbres atteints perdent leurs feuilles et ce, très rapidement dans les cas les plus graves. Ce phénomène est nommé «quick decline». Chez certaines espèces, les nervures des feuilles s’éclaircissent ou, au contraire, prennent un aspect bronzé. Les jeunes arbres atteints de Citrus Tristeza Virus portent des fruits 1 à 2 ans avant leurs homologues sains. Les fruits sont petits, déformés et de mauvaise qualité à cause de la sous-nutrition.
Afin de prévenir l’infection par le Citrus Tristeza Virus, il faut veiller à la provenance et au bon état sanitaire des agrumes et du matériel végétal. Il est recommandé de ne pas importer de produits des pays où le virus est fortement présent sinon, il ne faut pas hésiter à demander un bilan sanitaire. S’agissant d’une maladie virale, il n’existe pas de technique curative. D’une part, il faut limiter l’extension de la maladie en choisissant des plants certifiés. Il faut, d’autre part, arracher les arbres malades et en les remplaçant par des associations porte-greffe/greffon tolérantes. 25% des arbres contaminés ont été arrachés.
« L’objectif maintenant est de plancher sur l’urgence des mesures à prendre, mais aussi d’obtenir la mobilisation de tous pour contrer le fléau. A commencer par l’arrachage et l’incinération des arbres contaminés et l’interdiction de la sortie du matériel végétal à partir des zones infestées. Car, la propagation à longue distance se fait par le matériel végétal contaminé. Mais le manque de sensibilisation des fellahs, et les frais d’arrachage et d’incinération des arbres de la parcelle reconnue contaminée freinent cette lutte. La vigilance doit être de rigueur. Et les contrôles des végétaux doivent être systématiques. Pour le moment, il s’agit de parer au plus urgent. Autrement dit, éradiquer le fléau sur place pour éviter sa propagation aux autres régions de production agrumicole », » recommande Béchir Aounallah.
L’administration, tout comme la profession, devront se mobiliser pour mettre en oeuvre les mesures de lutte. Des mesures et des dispositions doivent être prises afin que le terrible virus, qui attaque les agrumes ne ravage pas les plantations tunisiennes.