Le Temps (Tunisia)

« Patte blanche… »

- Par Samia HARRAR

En attendant des jours meilleurs, ils se sont réunis à Berlin. Louable intention, non moins louable initiative. Sous l’égide Onusienne. « Un petit pas », dira Angela Merkel. Un petit pas…, un grand pas pour l’humanité.

Vers la paix ?

Un conflit d’intérêt menace. Mais il menace qui en priorité : ceux qui ont déjà un pied, voire deux en Libye, ou ceux qui entendent y mettre, à leur tour, le pied, pour être à même de mieux discuter l’avenir, au moment voulu ? En étant aussi aux premières loges ?

Il ne faut jamais insulter l’avenir. Et pas (…) dans la soupe non plus. Ce n’est pas très fin ; pas très raffiné, pas élégant pour un sou, mais enfin, depuis l’irak, en passant par la Syrie, les ailes séraphine des anges sont tombées. Du coup, les anges ont du mal à voler très haut. Voire pas du tout.

Pour autant, faut-il mésestimer cette tentative, plus ou moins aboutie, plus ou moins heureuse, de pratiquer un « rééquilibr­age », dans la géostratég­ie régionale, au moins pour tempérer toutes les « ardeurs » mal acquises, de deux camps qui s’opposent sur un terrain miné, et qui s’opposent par procuratio­n. Avec des cartes, qu’ils n’ont pas, tout à fait, en mains, et qui se dessinent surtout, en dehors de leurs territoire­s respectifs, avec comme enjeux majeurs, la mainmise sur les principaux puits pétroliers du pays, mais pas seulement, lesquels seraient aujourd’hui, la chasse-gardée, s’il en est, du maréchal Haftar, et de ceux qui seraient ses soutiens les plus efficients, sur le terrain de la diplomatie « discrète ». A savoir au premier plan, les Russes. Tandis que dans le camp opposé, la Turquie notamment, qui n’hésite pas à annoncer la couleur, se serait fendue d’un « bonus », et pas des moindres. Des combattant­s Syriens pro-turcs, dont le flux, qui risquerait de grossir dans les jours, et les semaines à venir, menacerait, à plus ou moins, moyen terme, la quiétude de toute la région, et en particulie­r la Tunisie, qui en essuiera l’impact, de plein fouet !

Il est évident que l’europe, à quelques encablures, et plus particuliè­rement la France, serait aussi dans la ligne de mire. L’europe, justement, se serait exprimée à Berlin, le dimanche 19 janvier, par la « voix » de la raison. Pour appeler à poursuivre la –relative- trêve, entamée le 12 janvier, entre les camps –Sarraj, Haftar-, mais pour exhorter surtout, à l’arrêt des « interféren­ces » (sic !) étrangères, qui compromett­raient encore plus, une situation, laquelle pourrait s’aggraver, et embraser, dans son sillage, toute la Région.

Macron, le président français qui a cru utile d’appeler son homologue tunisien, Kaïs Saïed, dimanche soir, à l’issue de la conférence de Berlin, dont ce dernier avait décliné l’invitation, trop tardive, l’aurait assuré du soutien de son pays, et de son appui, à toute résolution, tournée vers la paix, et dont la Tunisie devrait, obligatoir­ement, être partie-prenante, en raison de son voisinage immédiat avec la Libye, et des risques qu’elle encourt, de facto.

Pour autant, les va et viens qui se précipiten­t, vers l’algérie voisine, laquelle, est plus à même de jouer les « médiateurs » de premier plan, dans cette Affaire, lorsque Berlin « botte en touche », peuvent apporter, dans les heures qui viennent, d’autres éléments de réponse, qui pourraient être autrement conséquent­s…

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