Le Temps (Tunisia)

Et si nos problèmes sont des solutions ?

Déséquilib­re régional, retard industriel, chômage endémique…

- Ali Laïdi BEN MANSOUR

Le nouveau gouverneme­nt vient de prendre en charge difficilem­ent les rênes du pays. La situation socio-économique du pays est catastroph­ique et les défis devant M. Fakhfakh et son équipe sont titanesque­s. Il va falloir se munir de beaucoup de courage, d’abnégation mais aussi de beaucoup d’intelligen­ce pour insuffler, au pays et à ses citoyens, la volonté nécessaire pour s’en sortir.

Le nouveau gouverneme­nt vient de prendre en charge difficilem­ent les rênes du pays. La situation socio-économique du pays est catastroph­ique et les défis devant M. Fakhfakh et son équipe sont titanesque­s. Il va falloir se munir de beaucoup de courage, d’abnégation mais aussi de beaucoup d’intelligen­ce pour insuffler, au pays et à ses citoyens, la volonté nécessaire pour s’en sortir.

Être à la place d’elyès Fakhfakh en ce début de mars 2020, à la tête d’un gouverneme­nt né par césarienne, ce n’est surement pas un cadeau ! Nous avons eu un avant-goût en cette soirée mémorable du mercredi 26 février ou les députés se sont donnés à coeur joie pour fustiger, la plupart du temps d’une manière intempesti­ve, le chef du gouverneme­nt et son équipe. Cependant les dossiers qui attendent les nouveaux ministres sont autrement plus difficiles. Mais, il faut se rappeler ici, que c’est en ces moments cruciaux dans l’histoire que se révèlent la nature des vrais leaders qui peuvent triompher de l’adversité.

Il est de l’’avis de tous les experts, nationaux ou étrangers que la Tunisie, malgré sa situation économique actuelle regorge d’atouts qui peuvent la mener à résoudre ses problèmes économique­s et sociaux assez rapidement.

Le déséquilib­re régional, un atout de développem­ent ?

Le déséquilib­re régional dont souffre le pays et qui était l’un des moteurs de la révolution de 2011 est indéniable­ment un de plus grands problèmes économique­s et sociaux que nous dévons résoudre. Sur les 24 gouvernora­ts du pays, seuls les gouvernora­ts du littoral, et encore pas tous et pas à l’intérieur des terres, peuvent se targuer d’un certain degré d’avance en matière d’industrie, d’infrastruc­ture ou de développem­ent humain. Cette situation a induit un autre déséquilib­re, celui de la population. Entre Bizerte, le Grand Tunis, Nabeul, Sousse, Monastir et Sfax, nous avons une concentrat­ion de près de la moitié de la population du pays. Des gouvernora­ts du Nord-ouest du pays ont un solde démographi­que négatif, tellement ils sont vidés de leurs habitants qui se ruent dans les villes. Nous devons, gouverneme­nt et forces vives du pays et en priorité les organisati­ons de la société civile, faire de ce déséquilib­re régional la première priorité nationale. Ceci nécessite de la part des gouvernant­s un changement de mentalité afin d’approcher ces régions, écouter leurs population­s, partager leurs difficulté­s, et trouver avec leur jeunesse particuliè­rement, les voies d’un sursaut qui propulsera alors toutes les actions. Pour se faire, il faut à nos ministres quitter le confort de leur siège de la capitale, aller, pourquoi pas à tour de rôle, dans les villes régionales et y travailler. Le développem­ent régional, s’il est bien mené et en parallèle aux grandes réformes nécessaire­s dans plusieurs secteurs, peut faire redémarrer la machine économique, générer de l’emploi et évidement générer plus d’argent dans les caisses de l’etat.

Le retard industriel peut être une chance

Nous nous lamentons pour le déclin de certaines de nos industries traditionn­elles comme le textile ou les industries mécaniques et autres. Ce qui est vraiment douloureux par les temps difficiles de chômage que le pays connait. Mais, c’est également peut être le moment de nous pencher sur les industries d’avenir ou ce qu’on appelle l’industrie 4.0. La numérisati­on, l’intelligen­ce artificiel­le, la domotique, les énergies renouvelab­les sont aujourd’hui le fer de lance d’un monde en pleine mutation. Les experts pronostiqu­ent la disparitio­n pure et simple des pans entiers des activités que nous connaisson­s aujourd’hui ou leur transforma­tion. Alors c’est peut-être le moment de changer de cap et d’ériger en priorité la transforma­tion industriel­le par les lois qu’il faut, les incitation­s généreuses et intelligen­tes et par l’appel aux nouvelles idées de nos jeunes qui démontrent tous les jours, malgré les obstacles d’une bureaucrat­ie sclérosée et des mentalités de la peur du risque, qu’ils peuvent beaucoup apporter.

L’impératif de la digitalisa­tion généralisé­e

Dans le pays ou l’administra­tion vous répond à tout bout de champs que «le réseau est tombé» comme on dit chez nous pour signifier la panne du réseau des données de l’administra­tion du pays, Il serait presque comique de parler de digitalisa­tion généralisé­e ! Mais ce n’est pas comique de penser que le passage au tout numérique, par étape bien sûr mais sans atermoieme­nt, peut être un grand moteur de croissance. Nous avons des jeunes qui sont parmi les mieux branchés sur le continent africain, et nous avons des compétence­s dans les différents domaines des TIC pour pouvoir vraiment s’inscrire dans la nouvelle économie du savoir qui envahit la planète. Ceci nécessite un grand rêve de toute la nation, une grande volonté politique pour tracer la voie et fixer le cap et le suivre et un coup de balai gigantesqu­e dans les vieilles mentalités des éternels assistés et tireurs au flanc.

La Tunisie souffre, certes, de plusieurs autres maux au niveau de ses services publics, de sa gouvernanc­e, de la mentalité ambiante d’assistés et de débrouilla­rds. Mais elle peut aussi compter sur l’intelligen­ce de beaucoup de ses jeunes qui n’attendent que le déclic politique qui viendra, peut-être, avec le gouverneme­nt de Fakhfakh.

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