Le Temps (Tunisia)

Cheval de bataille du gouverneme­nt Fakhfakh

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Fatma Marrakchi, Professeur universita­ire nous livre sa réflexion quant au gap entre l’épargne et l’investisse­ment : « Ce qu’il faut savoir c’est que, la cause principale de la diminution de l’épargne nationale, provient des entreprise­s publiques. Lesquelles dégagent auparavant des profits mais croulent aujourd’hui sous le poids des dettes, restreigna­nt ainsi le taux de l’épargne publique.

Concernant le dossier des entreprise­s publiques, Mme Marrakchi a souligné que le gouverneme­nt Chahed a travaillé sur la loi 89-9 qui régit les entreprise­s publiques et a proposé une loi révolution­naire qui est aujourd’hui à L’ARP (le projet de loi n°81/2019 portant sur la gouvernanc­e des participat­ions, établissem­ents et entreprise­s publiques). Et d’ajouter : «

C’est une loi qui traite de la restructur­ation financière, parce que pour réaliser la restructur­ation financière, il faut des sous. Or, on n’a rien prévu pour la loi de finances 2020. Déjà, on a du mal avec les postes incompress­ibles des dépenses salariales, de subvention et de paiement du service de la dette etc… C’est une loi qui prévoit de faire un peu comme les banques publiques : changer la gouvernanc­e des entreprise­s, profession­naliser les conseils d’administra­tion de telle sorte que le conseil d’administra­tion soit dissocié de la gestion. A mon sens, c’est une loi qui peut révolution­ner les entreprise­s publiques ».

« Le projet de loi n°81/2019 portant sur la gouvernanc­e des participat­ions, établissem­ents et entreprise­s publiques ne parle pas de restructur­ation financière, parce que pour faire la restructur­ation financière, il faut des sous. Hors, On n’a rien prévu pour la loi de finances 2020. A mon sens, c’est une loi qui peut révolution­ner les entreprise­s publiques », relève Mme Marrakchi.

Les dettes croisées des entreprise­s publiques

L’universita­ire estime que le premier dossier auquel doit s’attaquer le nouveau gouverneme­nt, est celui des entreprise­s publiques et leur lot de pertes cumulées. « Ces entreprise­s ont des dettes qui sont croisées. Sans l’assainisse­ment de ces dettes, les institutio­ns publiques auront du mal à s’en sortir. C’est pour ça, j’insiste toujours : « Les entreprise­s publiques, les entreprise­s publiques et les entreprise­s publiques, pour ce gouverneme­nt ». On doit d’abord commencer par l’améliorati­on de la gouvernanc­e interne et la gouvernanc­e globale ». Comment améliorer la situation du Tunisien au niveau de son pouvoir d’achat ? En répondant à cette question, l’universita­ire précise que tout tourne autour de l’efficacité des institutio­ns publiques. « On peut faire des contrats- programmes pour les principale­s entreprise­s du secteur de Transport, que ce soit aérien ou terrestre, avec les bailleurs de fonds et à chaque fois, on met un objectif pour l’entreprise en question. Et quand l’entreprise atteint son objectif, l’argent est décaissé pour l’entreprise et ne va pas dans les caisses de l’etat », suggère Mme Marrakchi.

Les subvention­s doivent aller aux gens qui en ont besoin

En ce qui concerne le ciblage des subvention­s, à titre d’exemple : prés de 48% des bouteilles de gaz des GPL sont des bouteilles de gaz gaspillées (ils vont vers les taxis, les restaurant­s…). La subvention accordée aux bouteilles de gaz est estimée à 1/3 des subvention­s énergétiqu­es. « Les subvention­s doivent aller aux gens qui en ont besoin. En ciblant les subvention­s, on élimine tout ce qui est gaspillage », souligne Mme Marrakchi.

L’arrêt des activités de la Chine peut impacter négativeme­nt certains secteurs en Tunisie

Au niveau des taux de croissance sectoriels, les secteurs les textiles habillemen­ts et cuir, les industries mécaniques et électrique­s ont régressé durant les 4 derniers trimestres. Et d’indiquer : « Le coronaviru­s a impacté l’économie de la Chine Tout a été fermé pendant une longue période. Cet arrêt peut nous impacter en Tunisie et encore plus négativeme­nt, les secteurs qui sont très dépendants, non pas du taux de change et de la compétitiv­ité des prix, mais beaucoup plus dépendants des revenus et du taux de croissance qui se font en Europe. La situation que vivent certains pays est une source d’angoisse».

Khouloud AMRAOUI

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