Le Temps (Tunisia)

La paix s’éloigne de plus en plus en Afghanista­n

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Le processus de paix en Afghanista­n paraît chaque jour plus hypothétiq­ue, les Etats-unis ayant annoncé hier une première frappe aérienne contre les talibans depuis l’accord de Doha alors que les insurgés ont tué au moins 20 soldats et policiers afghans.

Mardi, après «une très bonne conversati­on» avec le mollah Baradar, principal négociateu­r du processus de Doha, le président Donald Trump avait déduit que les talibans «veulent mettre fin à la violence». Mais sur le terrain, la réalité semble toute autre.

Les insurgés n’ont cessé de multiplier les attaques contre les forces afghanes depuis qu’ils ont mis fin lundi à une trêve partielle qui avait duré neuf jours.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé hier qu'une résolution de la crise migratoire passait par un soutien européen à Ankara en Syrie, au moment où de nouveaux heurts ont éclaté entre réfugiés et policiers à la frontière grecque.

Selon les autorités turques, un migrant a été tué et cinq ont été blessés par des "tirs à balles réelles" des forces grecques alors qu'ils tentaient de franchir la frontière. Athènes a "catégoriqu­ement démenti" avoir tiré contre des migrants.

Des dizaines de milliers de personnes ont afflué vers la Grèce depuis que M. Erdogan a ordonné vendredi l'ouverture des frontières de son pays, réveillant en Europe la peur d'une crise migratoire similaire à celle de 2015.

Face à ce nouvel afflux, plusieurs dirigeants européens ont dénoncé un "chantage" d'ankara qui, aux termes d'un accord conclu avec Bruxelles en 2016, s'était engagé à lutter contre les passages illégaux en échange notamment d'une aide financière.

"Si les pays européens veulent régler le problème, alors ils doivent apporter leur soutien aux solutions politiques et humanitair­es turques en Syrie", a cependant déclaré hier M. Erdogan lors d'un discours à Ankara.

Sur le terrain, de nouvelles échauffour­ées ont éclaté au postefront­ière de Pazarkule (Kastanies, côté grec). Des migrants ont lancé des pierres en direction des forces de sécurité grecques qui ont riposté en faisant usage de gaz lacrymogèn­es.

Plusieurs ambulances turques sont arrivées sirènes hurlantes dans le secteur après ces violences. Le gouvernora­t d'edirne (nordouest de la Turquie) a affirmé dans un communiqué que six migrants qui tentaient de traverser à Pazarkule avaient été blessés par des tirs grecs. L'un d'eux a succombé à ses blessures à la poitrine, selon cette source.

Un photograph­e a vu un migrant blessé à la jambe par des tirs en provenance du côté grec après avoir tenté avec un groupe de réfugiés de découper le grillage frontalier.

Des tirs en l'air dont l'origine ne pouvait être déterminée, des cris, des sirènes de police pouvaient être entendus. De la fumée se dégageait d'un gros feu.

Dans une vidéo fournie par le gouverneme­nt grec, on voit des policiers turcs en train de tirer des grenades lacrymogèn­es contre les policiers grecs au poste-frontière.

Depuis l'ouverture des frontières par Ankara, quelque 1.720 migrants ont rejoint les îles de la mer Égée, selon Athènes, s'ajoutant aux 38.000 exilés déjà présents sur ces territoire­s grecs.

Dans son discours hier, M. Erdogan a accusé les Européens de "piétiner" les droits humains en "battant, coulant les embarcatio­ns et même en tirant" sur les migrants qui cherchent à se rendre en Europe.

Alarmée par l'afflux de migrants, l'union européenne a dépêché son chef de la diplomatie Josep Borrell et le président du Conseil européen Charles Michel à Ankara, où ils ont été reçus mercredi par M. Erdogan.

La veille, plusieurs hauts responsabl­es européens s'étaient rendus en Grèce pour exprimer leur soutien et promettre "toute l'aide nécessaire" à Athènes.

"Ceux qui cherchent à tester l'unité de l'europe seront déçus", avais mis en garde la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

La décision prise par Ankara d'ouvrir ses frontières intervient au moment où la Turquie cherche à obtenir un appui occidental en Syrie, où elle mène une offensive et où elle est confrontée à un afflux de déplacés.

L'offensive que mène depuis décembre le régime à Idleb, dernier bastion rebelle et terroriste dans le nord-ouest de la Syrie, a en effet provoqué une catastroph­e humanitair­e, avec près d'un million de personnes déplacées vers la frontière turque.

Ankara, qui accueille déjà 3,6 millions de Syriens sur son sol, réclame depuis plusieurs mois la création d'une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie pour y installer les personnes déplacées. Après plusieurs semaines d'escalade des tensions dans cette région, Ankara a déclenché la semaine dernière une offensive contre le régime.

Le ministère turc de la Défense a annoncé hier la mort de deux nouveaux soldats dans des tirs du régime, portant à près de 40 les pertes depuis la semaine dernière à Idleb.

La Turquie, qui a abattu mardi un avion du régime, le troisième depuis dimanche, a multiplié ces derniers jours les frappes de drones. Neuf combattant­s pro-régime ont été tués mercredi dans une attaque de drone, selon l'observatoi­re syrien des droits de l'homme, une ONG.

Ces affronteme­nts se produisent à la veille d'une rencontre cruciale à Moscou entre M. Erdogan et le président russe Vladimir Poutine, dont le pays appuie militairem­ent le régime de Bachar al-assad. Le président turc a indiqué hier qu'il espérait arracher "un cessezle-feu le plus rapidement possible" lors de ce sommet.

Le conflit en Syrie a fait plus de 380.000 morts depuis 2011.

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