Bruxelles / Tunis, Heure d’hiver et ondes chaudes
Le Cinéma Galeries à Bruxelles met la Tunisie à l’honneur du 4 au 21 mars. Le coup d’envoi de cette manifestation a eu lieu hier avec la projection du film «Un fils», premier long métrage de Mehdi Barsaoui. Le festival se poursuivra durant une quinzaine et proposera une vaste découverte du cinéma tunisien contemporain.
Le festival «L’heure d’hiver» est une coutume bien ancrée dans le calendrier du cinéma Galeries à Bruxelles.
Le Cinéma Galeries à Bruxelles met la Tunisie à l'honneur du 4 au 21 mars. Le coup d'envoi de cette manifestation a eu lieu hier avec la projection du film "Un fils", premier long métrage de Mehdi Barsaoui. Le festival se poursuivra durant une quinzaine et proposera une vaste découverte du cinéma tunisien contemporain.
Le festival "L'heure d'hiver" est une coutume bien ancrée dans le calendrier du cinéma Galeries à Bruxelles. Depuis cinq ans, cette salle propose ce festival annuel qui est consacré en 2020 au cinéma tunisien.
Le soutien décisif du CNCI et de Wallonie Bruxelles International
L'idée initiale est de proposer une sélection de films qui puisse donner une idée structurée du cinéma tunisien actuel. Quelques films des plus récents et quelques oeuvres de répertoire forment cet alliage qui est de nature à renseigner le cinéphile belge des réalités du cinéma tunisien. Ce sont quatre curateurs qui ont associé leurs efforts pour donner le jour à ce programme fédérateur. Fatma Chérif, Kaiszaied, Samia Labidi et Azza Chaabouni ont une longue expérience dans la diffusion cinématographique et une connaissance approfondie du cinéma tunisien. Ils ont pu programmer une vingtaine de films représentatifs accompagnés d'une exposition d'art et d'une performance. L'appui de Wallonie Bruxelles International et du Centre national du cinéma et de l'image, a permis d'aboutir à une sélection qui comprend aussi bien des films de Nouri Bouzid et Moufida Tlatli que des oeuvres d'alaeddine Slim, Hamza Ouni ou Kaouther Ben Hania.
Quatre décennies cinématographiques en mouvement
Cette recherche d'équilibre entre générations caractérise le choix des curateurs qui, de plus, parviennent avec le programme, à placer la tradition belge dans le cinéma tunisien en bonne place. En effet, des cinéastes comme Mahmoud Ben Mahmoud ou Nouri Bouzid ont fait leurs classes en Belgique avant d'apporter leur talent au cinéma tunisien. Leurs films et ceux d'autres réalisateurs ayant pour dénominateur commun leur tunisianité et leur belgitude cinématographiques. De toutes les manières, le programme est très ouvert. On y retrouve côte à côte "Khorma" de
Jilani Saadi et "Subutex" de Nasreddine Shili. On y découvre "Es-sekka" de Erige Sehiri et "El Gort" de Hamza Ouni en vis-à-vis des films de Naceur Khmir ou Férid Boughedir. De fait, la sélection éclaire notre regard sur les conditions de la maturation de ce qui convient d'être qualifié de Nouveau cinéma tunisien. Cet élan a une double matrice avec d'une part le déclic révolutionnaire de 2011 et son impact sur la pratique cinématographique et d'autre part l'héritage d'une génération iconoclaste qui a sorti le film tunisien de la gangue esthétique dans lequel il était confiné. Subtilement, le programme de l'heure d'hiver à Bruxelles, induit qu'il existe un filigrane qui relie les principales oeuvres des quatre dernières décennies du cinéma tunisien. Cette continuité est à déceler dans les films eux-mêmes tout comme les ruptures qui ont généré la créativité débridée et cosmopolite qui structure le cinéma tunisien d'aujourd'hui. L'excellent travail de fond des curateurs débouche ainsi sur un festival très impressionniste qui restitue une véritable mosaique et fait ressentir cette dimension plurielle du cinéma tunisien actuel. Avec Abdelhamid Bouchnak ou Leyla Bouzid et Mohamed Ben Attia, le public découvrira des films puissants mais sobres, des démarches où des personnages comme Yasmine dans "Dachra" ou Farah dans "A peine j'ouvre mes yeux" qui sont proches, s'opposent à leurs parents ou enquêtent sur des secrets jadis intouchables.
Entre le ton des novateurs et l'héritage des précurseurs
L'impression générale qui se dégage du programme de ce festival est aussi traversée par la nouvelle reconnaissance internationale dont bénéficie le cinéma tunisien qui, de Cannes à Venise en passant par Berlin, se place dans le sillage de la modernité. D'autre part, la programmation du festival interroge les ressorts de la popularité actuelle sur le plan local du film tunisien. Symboliquement, le festival L'heure d'hiver s'ouvre avec "Un fils " de Mehdi Barsaoui, présenté hier en avant-première en Belgique. Dès demain, une nouvelle avant-première, celle de "Tlamess" de Alaedinne Slim, continuera à donner le ton des novateurs. Les projections se poursuivront ensuite et seront ponctues par la performance "Sortir du noir" qui engage une réflexion sur les flux migratoires. Cette oeuvre de Mary Jimenez et Bénédicte Liénard se base sur des récits récoltés en Tunisie. En outre, une exposition d'art visuel intitulée "El Kazma" complète le programme. Elle trouve sa source dans un espace intermédiaire entre pollution chimique et paysages intemporels ou déstructurés. Plusieurs artistes participent à cette exposition dont le vernissage a eu lieu le 4 mars et sur laquelle nous reviendrons.
Pour le moment, l'heure est au cinéma tunisien en plein coeur de Bruxelles, à la confluence de la superbe galerie de la Reine, des rêves des artistes tunisiens et des ondes formidables que dégagent la librairie Tropismes et le cinéma Galeries.