Le Temps (Tunisia)

Un sommet Poutine-erdogan en Russie

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Écarter la menace d’un conflit direct entre la Russie et la Turquie, et si possible parvenir à un cessezle-feu dans la province d’idleb : tel est le double enjeu de la rencontre hier à Moscou entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan. La rencontre intervient dans un contexte hautement volatile de l’interventi­on militaire turque en Syrie et les discussion­s s’annoncent « difficiles ».

L’équation que vont devoir résoudre les deux hommes est loin d’être évidente. Il y a d’un côté la Turquie qui veut faire cesser l’avancée syrienne dans la province d’idleb, et qui s’estime humiliée par la mort de ses soldats fin février. D’autre part se trouve la Russie, qui n’a aucunement l’intention de lâcher son allié Bachar el-assad. Le premier objectif sera d’abord d’éviter une confrontat­ion directe entre les forces turques et la Russie. Car le risque existe, par exemple si un avion de chasse russe est abattu au-dessus de la province d’idleb. Il paraît toutefois évident que tout sera mis en oeuvre pour l’écarter.

L’autre objectif, affiché celui-là par Recep Tayyip Erdogan, est de parvenir à un cessez-le-feu. Le dirigeant turc veut que Vladimir Poutine demande et obtienne de Bachar el-assad l’arrêt de l’offensive menée à Idleb. Un cessez-le-feu est évidemment envisageab­le, mais pour que la situation s’apaise réellement, il faudrait réactiver les accords de Sotchi, négociés à l’automne 2018, et cela s’annonce beaucoup plus difficile.

Il sera également question d’une propositio­n turque : l’établissem­ent d’une zone de sécurité au nord de la province, qui serait placée sous le contrôle de l’armée turque avec éventuelle­ment des patrouille­s conjointes. Celle-ci permettrai­t d’accueillir les déplacés. Recep Tayyip Erdogan a des arguments à faire valoir auprès de Vladimir Poutine. D’abord, il sait que la Russie veut éviter à tout prix d’être entrainée dans un conflit militaire entre la Turquie et la Syrie. Ensuite, que Vladimir Poutine veut rester en bons termes avec lui : cette relation entre la Russie et la Turquie qui s’est développée ces dernières années est considérée en effet à Moscou comme un élément très positif, non seulement en termes de coopératio­n économique, mais également en termes stratégiqu­es, la Russie ayant comme objectif d’éloigner Ankara de L’OTAN et des États-unis.

Alors un accord est-il possible sur ce point entre Moscou et Ankara ? On le saura peut-être dans le courant de la journée.

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