Faute de quorum, les députés rejettent l'accord ZLEC
• «L’opposition semble bien partie pour marquer des points politiques aux dépens de l’intérêt national», se désole Mohamed Ammar, député du Courant Démocratique
Du gâchis encore du gâchis sous l’hémicycle. Faute de quorum, le grand cirque parlementaire se poursuit et l’accord n’a pas été ratifié par les « représentants du peuple ». Face à l’absence des députés notamment de la coalition au pouvoir, les partis de l’opposition « Coeur de Tunisie, El Karama et le Parti Destourien Libre de Abir Moussi ont opposé leur Niet. « L’opposition semble bien partie pour marquer des points politiques aux dépens de l’intérêt national », nous confie Mohamed Ammar, député du Courant démocratique.
La Tunisie a signé le traité constitutif de cet espace commun le 21 mars 2018. Et c’est le 7 juillet 2019 que les 49 pays africains signataires ont annoncé officiellement l’entrée en vigueur de la zone de libreéchange continental en Afrique. Un événement qui a été salué par la plupart des décideurs arabes et africains mais aussi par les chefs d’entreprises qui perçoivent l’ancrage progressif de ce marché africain commun comme une planche de salut et une étape cruciale dans la constitution de l’union Africaine, ce rêve économique continental multidimensionnel. Rappelons que 25 pays ont approuvé cette convention et que la deuxième phase des négociations, devra débuter incessamment.
La ZLEC, ce marché de 1,2 milliard de consommateurs, se propose de fructifier les échanges intra-africains qui ne dépassent pas actuellement les 15% et faciliter le commerce intra-africain qui pourrait rapporter à l’afrique 16,3 milliards de revenus supplémentaires et accroître le commerce intra-africain de 52,3% par an. La non ratification de l’accord par les députés a été vivement critiqué notamment par les économistes et les observateurs nationaux, soulevant ainsi de vives réactions sur la toile. « Un crime contre l’économie nationale et l’intégration africaine », notaient les uns.
Taoufik Baccar, ex-gouverneur de la BCT et président du Centre international Hédi Nouira de prospective et d’études pour le développement (CIPED) postait : « Quand la Tunisie tourne le dos au «continent du futur». Quel gâchis ! ». L’ancien ministre du Commerce Omar Behi manifestait son indignation. « 29 pays ont adhéré à cette convention et nos élus dorment. Les négociations commencent en mars et nos députés n'ont pas fini de se disputer premier projet d'intégration africaine … nous avons besoin de changer le code électoral », affirmait M. Behi. 15 députés d’ennahdha brillent
par leur absence Interrogé sur les raisons de ce véto surprenant, Mohamed Ammar, député du Courant Démocratique nous a affirmé : « Nous avions, hier à l’ordre du jour deux projets de lois à approuver. Le premier relatif à la Convention postale universelle issue du Congrès de Doha 2012 qui fixe les règles communes applicables au service postal international. Ce projet de loi a été approuvé même s’il stipule dans son article 2 que l’accord signé réfute toute normalisation avec l’etat d’israël, étant membre de l’union Postale Universelle. Il, faut dire que ce projet a été approuvé sans problème même par les voix dites les plus « conformistes » sous le dôme. Le deuxième projet de loi à approuver concernait la ZLEC. Il faut dire que les députés représentant la ceinture politique du nouveau gouvernement Fakhfakh, ont brillé par leur absence. Près de 15 députés d’ennahdha se sont absentés lors de ce vote. Du coup, les des députés des partis de l’opposition notamment Coeur de Tunisie, El Karama et le Parti Destourien Libre », ont été prompts à rejeter la loi et marquer ainsi des points politiques au détriment de l’intérêt national. Or ce projet revêt une importance vitale pour l’avenir des échanges commerciaux du pays. Cela dit, le projet prendra le chemin du bureau de la commission avant de le soumettre au vote de l’assemblée Générale. Nous devons veiller à ce que le quorum soit atteint pour tous les projets de lois à caractère spécifique. Il faut une coordination entre les partis formant la ceinture politique du gouvernement ». La ZELEC constitue selon se protagonistes « une étape cruciale vers l’intégration des économies des pays africains et la réalisation d’un développement durable sur le continent et ce, en accord avec l’agenda 2063 de l’union africaine et les objectifs mondiaux de développement durable. Aujourd’hui, les pourparlers entre les pays signataires sont plutôt autour du pays qui assurera la présidence de l’espace commun. Au-delà de cette convention et de son importante, son rejet par L’ARP avant-hier suscite maintes interrogations. Vers où va nous embarquer dans cette classe politique ? Faut-il accélérer la refonte de la loi organique de L’ARP de manière à moraliser et épurer la vie politique?