On ne badine pas avec les consignes
Premier jour de couvre-feu
LE TEMPS – F.S. - Premier jour de couvre-feu, dans tout le pays, mercredi. Toute la population, à quelques exceptions près, a appliqué les consignes sans rechigner, surtout que tout le monde a compris la gravité de la situation, pour venir à bout de cette pandémie du Covid-19 où rien n’est clair, avec la possibilité pour chacun d’attraper cette maladie qui n’a pas encore de vaccin ni de médicaments pour la soigner.
Etant en démocratie, le couvre-feu a été un peu plus flexible que ceux vécus dans le passé. Toutefois, aux environs de 18H00, tous les citoyens étaient pressés de rentrer chez eux, par tous les moyens possibles. Si certains comptaient sur leurs automobiles pour rentrer au logis, certaines personnes se sont trouvées face à la rareté des transports publics, dès 16H00.
Pourtant, dans le Grand Tunis, les travailleurs des grandes surfaces et certains autres commerces, ainsi que d’autres secteurs d’activités ont été surpris par cette situation. Même les taxis étaient quasi-absents et les rares taxistes qui circulaient refusaient de prendre en charge plus de deux personnes à l’arrière, dans le cadre des mesures de préventions recommandées.
L’ambiance était à la morosité, surtout que le temps s’y est mis de son côté, avec un ciel brumeux et qui donne le cafard. Mais, les quelques citoyens qui circulaient dans les rues, vers 17H00 ont pris leur mal en patience, en attendant le salut.
Le porte-parole du ministère de l’intérieur Khaled Hayouni a indiqué que des arrestations ont été enregistrées parmi les personnes qui n’ont pas respecté le couvre-feu. Il a déclaré, hier, qu’en général les Tunisiens se sont conformés à cette mesure préventive qui, a-t-il, insisté, sera appliquée avec plus de fermeté dans les prochains jours.
Les unités sécuritaires ont été déployées mercredi, premier jour du couvre-feu, sur tout le territoire, a-t-il indiqué, appelant les citoyens à se conformer au couvre-feu qui a pour but de limiter la propagation du virus.
Le ministre de l’intérieur Hichem Méchichi a effectué mercredi une série de visite englobant plusieurs patrouilles sécuritaires et postes de police dans le grand-tunis. Il a, également, inspecté les unités de la Protection civile pour s’assurer de leur préparation face à la crise. Dans une intervention télévisée, à une heure tardive, mardi soir, le président de la République, Kaïs Saïed, a décidé de décréter un couvre-feu à partir de mercredi, entre 18H00 et 06H00. Il a fait savoir qu’après concertation avec les responsables et experts, il a décidé d’agir et de prendre les mesures complémentaires qui s’imposent pour tenter de lutter contre la propagation du Covid-19. La Tunisie pourrait aussi avoir recours à d’autres mesures, a-t-il dit, relevant qu’aucune mesure ne peut atteindre ses objectifs sans une sérieuse prise de conscience des Tunisiens, les appelant à éviter de se déplacer, sauf en cas de force majeure.
« La solution est entre vos mains : il faut faire preuve d’une grande rigueur et beaucoup de discipline eu égard à la situation actuelle que nous vivons », a-t-il dit, exhortant les Tunisiens au respect total des mesures préventives décidées pour lutter contre cette pandémie.
Le président de la République a mis en avant l’importance de la solidarité entre les Tunisiens en cette phase délicate, les invitant à faire don d’une partie de leur salaire. Il a promis d’être au premier rang en ces circonstances exceptionnelles.
Et de souligner l’impératif de «consacrer la valeur de la solidarité, non pas comme slogan, mais en pratique».
Kaïs Saïed a, dans ce sens, mis l’accent sur la nécessité d’élaborer la législation nécessaire pour venir en aide aux Tunisiens et pour pouvoir indemniser les personnes qui seront touchés par les mesures décidées dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus.
Il a, en outre, soulevé la question du rééchelonnement des dettes de ceux qui ont été obligés de suspendre leurs activités économiques en raison des mesures prises pour contenir ce virus.
Le président Kaïs Saïed a appelé les institutions financières internationales à prendre conscience de la situation vécue par la Tunisie et les autres pays du monde, mettant l’accent sur l’impératif d’oeuvrer désormais non pour la paix et la sécurité internationales dans leurs sens classique, mais pour l’homme ou qu’il soit.
Pour sa part, le chef du gouvernement, Elyès Fakhfakh, a réitéré, au cours d’une séance de travail, mercredi, au siège du ministère de l’intérieur, sur la nécessité de veiller au respect de la loi pour freiner la propagation du Covid-19.
Fakhfakh a, à cette occasion, tenu à saluer les efforts de l’institution sécuritaire, notamment en cette conjoncture délicate, réaffirmant l’impératif de faire preuve de vigilance et de promptitude, eu égard au rôle majeur des forces de l’ordre dans la préservation de l’intégrité du territoire.
Il a, aussi, appelé les Tunisiens et les Tunisiennes à faire preuve d’esprit solidaire et de sens des responsabilités, les exhortant à soutenir les efforts de l’etat dans la lutte contre la pandémie de coronavirus, à respecter la loi et à se conformer aux mesures de préventives.