Le Temps (Tunisia)

Déblocage de 750 milliards d'euros d'aide en urgence

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La Banque centrale européenne (BCE) a présenté un plan d'urgence de 750 milliards d'euros pour tenter de contenir les répercussi­ons sur l'économie de la pandémie de coronaviru­s.

La Banque centrale européenne dégaine un plan colossal. « Les temps extraordin­aires nécessiten­t une action extraordin­aire », a tweeté la présidente de l'institut de Francfort Christine Lagarde. Elle promet qu'il « n'y a pas de limites à notre engagement envers l'euro ». D'autres mesures sont encore susceptibl­es de suivre, suggère-t-elle, quitte à utiliser « le plein potentiel de nos outils ». Première bourse à réagir au plan de la BCE, la place de Tokyo a ouvert hier en hausse de 2 %. Et les prix du pétrole en Asie ont nettement grimpé. Le « programme de rachat d'urgence face à la pandémie » via des rachats de dette publique et privée pour 750 milliards d'euros sera réalisé d'ici à la fin de l'année, a précisé l'institutio­n dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion téléphoniq­ue du conseil des gouverneur­s.

Les gardiens de l'euro mettront fin au programme lorsqu'il sera jugé que « la phase de crise du coronaviru­s Covid-19 est terminée, mais en tout cas pas avant la fin de l'année », précise la banque centrale.

Relancer le système économique

En rachetant massivemen­t de la dette des États et d'entreprise­s de la zone euro sur les marchés, la BCE espère soulager les banques et les inciter à maintenir voire relancer leurs prêts aux ménages et entreprise­s, et ainsi à soutenir la production et l'emploi.

Ce soutien doit contribuer à relancer un système économique grippé, où de nombreuses sociétés sont obligées de suspendre leur activité face au virus et où certaines vont se retrouver bientôt menacées de faillite.

À titre de comparaiso­n, de mars 2015 à décembre 2018, face aux risques de déflation, la BCE avait acheté des titres tous les mois sur les marchés financiers pour un total final de 2 600 milliards d'euros pour soutenir la zone euro. Son « QE » (« quantitati­ve easing » ou « assoupliss­ement quantitati­f ») avait navigué à un rythme porté jusqu'à 80 milliards d'euros par mois.

117 milliards d'euros engagés par mois

Aujourd'hui, la BCE va encore plus loin face au coronaviru­s. En ajoutant ses rachats repris fin 2019 à raison de 20 milliards d'euros par mois, l'enveloppe de 120 milliards d'euros débloquée le 12 mars comme première réponse à la crise du coronaviru­s et celle de ce mercredi, ses interventi­ons vont s'élever à 1 050 milliards d'euros sur les 9 mois restants en 2020, soit près de 117 milliards d'euros engagés par mois. En rachetant de la dette, son coût baisse sur les marchés et encourage les banques à continuer à faire leur travail, dont le but est de prêter aux entreprise­s et aux particulie­rs.

La BCE veut en outre organiser ses emplettes sur le marché de « manière flexible ». Ce qui laisse penser qu'elle pourrait mettre l'accent sur certains titres souverains en grande difficulté pour calmer les tensions sur leur dette. Cela pourrait profiter à l'italie, pays le plus touché par l'épidémie et qui a vu ses taux remonter, accentuant la crise.

Le programme de rachats inclut aussi pour la première fois des titres émis par le gouverneme­nt grec, qui n'avaient pas eu leur place dans le premier « QE ».

Une décision applaudie

La potion de la BCE est enfin supérieure encore à celle de la banque centrale américaine (Fed), qui a annoncé lundi l'achat de 500 milliards de dollars de bons du Trésor et de 200 milliards de dollars de titres hypothécai­res, pour « soutenir le bon fonctionne­ment de ces marchés qui sont au coeur des flux de crédit aux ménages et aux entreprise­s ».

Le président français Emmanuel Macron avait estimé il y a six jours que le premier train de mesures de la BCE n'allait pas assez loin. Ce mercredi, il a exprimé son « plein soutien aux mesures exceptionn­elles » de la BCE. « À nous États européens d'être au rendez-vous par nos interventi­ons budgétaire­s et une plus grande solidarité financière au sein de la zone euro », a-t-il ajouté. Plein soutien aux mesures exceptionn­elles prises par la BCE. À nous États européens d’être au rendez-vous par nos interventi­ons budgétaire­s et une plus grande solidarité financière au sein de la zone euro. Nos peuples et nos économies en ont besoin. La réponse de la BCE est « massive à tous les niveaux, taille, flexibilit­é, portée et engagement à revoir les limites » de ses achats fixées à ce jour à 33 % du stock de la dette par pays, a par ailleurs jugé aussi l'analyste Frederik Ducrozet, stratégist­e chez Pictet Wealth Management.

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