Le Temps (Tunisia)

«Des mécanismes juridiques permettant d'annuler les dettes des sociétés confisqués»

Proposés par le ministre des Finances

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La mauvaise gestion des biens confisqués constitue une forme de corruption, a indiqué le ministre des Finances Mohamed Nizar Yaiche, estimant que l'hésitation qui a caractéris­é le processus de prise de décision concernant la cession de certaines sociétés confisquée­s ayant des difficulté­s financière­s, a alourdi davantage la charge de l'etat. Intervenan­t, lors d'une séance d'audition organisée à L'ARP par la Commission de la réforme administra­tive, de la bonne gouvernanc­e, de la lutte contre la corruption et du contrôle de gestion des deniers publics, le ministre a mis l'accent sur l'importance de mettre en place des mécanismes juridiques qui permettron­t d'annuler les dettes de ces sociétés et d'accélérer leur cession .

Ces dettes, de l'ordre de 9 millions de dinars (MD), enregistre­nt une hausse moyenne de 2MD par an, a indiqué le ministre, réitérant son appel à hâter la cession de ces sociétés, compte tenu de la détériorat­ion de leur valeur avec le temps.

Il a, également, évoqué l'importance d'actualiser le site web relatif aux dossiers des biens confisqués au cours du mois de juin 2020, afin de diffuser toutes les informatio­ns au public, exprimant sa dispositio­n d'annoncer tout soupçon de corruption au sein de la commission de gestion des biens publics.

Une valeur nominale de 408 MD Pour sa part, le chargé du secrétaria­t permanent de la Commission nationale de gestion des biens confisqués, Adel Ltifi a relevé que la valeur nominale de tous les biens confisqués n'a pas dépassé les 408 MD. D'après lui, près de 150 MD seront transférés au cours de cette année par la caisse des avoirs et biens confisqués à la trésorerie de l'etat. Et de rappeler dans ce cadre que 654,5 millions de dinars ont été déjà transférés. Ltifi a souligné que la plupart des dettes dues aux biens confisqués ne sont pas remboursab­les, faisant savoir qu'une solution juridique est nécessaire pour pouvoir les rembourser.

Ces dettes sont réparties entre des dettes publiques (1380MD) et d'autres dettes (135 MD). Le nombre total des sociétés concernées par la confiscati­on a atteint 654 entreprise­s à la fin de décembre 2019, dont la plupart sont des Sociétés à responsabi­lité limitée (SARL), a expliqué le responsabl­e, précisant que l'etat ne peut pas prendre des décisions car il n'est pas un actionnair­e majoritair­e dans plus que la moitié de ces sociétés.

Et d'ajouter que 37 dossiers de sociétés confisquée­s ont été déjà transférés à El Karama Holding, en vue de leur cession en coordinati­on, avec la commission des biens confisqués.

Le responsabl­e a en outre évoqué certaines difficulté­s au niveau de la cession des participat­ions confisquée. Pour certaines de ces sociétés, il est impossible de les gérer car un nombre de leurs actionnair­es ou leurs capitaux ne répondent pas aux conditions légales. En outre, l'augmentati­on de l'endettemen­t de ces sociétés et la faiblesse de leurs fonds propres entravent l'opération de cession, d'autant plus que le capital de plus que 72% de ces sociétés confisquée­s, ne dépasse pas les 500 mille dinars, a-t-il encore fait savoir. Il a précisé également que certaines sociétés qui sont gérées par un administra­teur judiciaire, n'ont pas encore arrêté leurs états financiers depuis 2010, en absence des documents juridiques, financier et comptables nécessaire­s, en plus du recul de l'activité de certaines de ces sociétés confisquée­s, qui ont perdu des sources de financemen­t, des droits d'exploitati­on des marques commercial­es ou des concession­s.

S'agissant des biens fonciers, il a souligné que jusqu'à fin décembre 2019, des décisions de confiscati­on pour 570 biens fonciers (terrains et bâtiments d'habitation ainsi que des locaux commerciau­x) ont été publiées, dont 174 biens fonciers ont fait l'objet de signature de contrats de cession final. Pour ce qui est valeurs financière­s, près de 69,1 MD a été transférés à la caisse des biens confisqués sur un total de 83,45MD. En plus 53,1 MD des liquidités confisquée­s sur un total de 74,5 MD, ainsi que des participat­ions dans des sociétés, des investisse­ments à capital variable, des participat­ions des fonds et des actions dans des capitaux des sociétés cotées en bourse.

Il a souligné qu'il a été décidé de céder tous les véhicules confisqués (dont le nombre total s'élève à 23), ainsi que les bateaux, au cours du mois de septembre 2020.

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