Ce n’est que partie remise ?
Sit-in du Bardo pour la 3ème République :
LE TEMPS - Le choix démocratique a ses contraintes. Il faut être en mesure de les assumer, car, n’est pas démocrate qui veut. En ce sens où, entraver la marche d’une manifestation pacifique, sous couvert de protéger la voie publique d’un éventuel dépassement, c’est concéder, implicitement, que l’exercice démocratique fait peur à certains actants en politique, sous nos latitudes. Et que, brandie, comme un slogan qui fait vitrine, la démocratie a toujours bonne presse. Dans la pratique, par contre, cela ne semble pas être le cas. Il y a maldonne.
Les forces de l'ordre ont, empêché, d'une manière « pacifique », selon les sources officielles, des manifestants appelant à la dissolution du parlement et au changement du système électoral, d'accéder à la place du Bardo située en face du parlement. Les manifestants ont levé des banderoles et scandé des slogans appelant à la dissolution du Parlement tunisien, devenu, selon eux, une « épine dans le pied » du pays, en raison de son "mauvais rendement". Et en l'absence, avérée, d'intérêt, accordé aux principaux dossiers nationaux. A savoir : la lutte contre le chômage, la pauvreté et toutes les formes de marginalisation et d'injustice sociale.
Les manifestants ont reproché au Parlement tunisien de s'immiscer dans des questions régionales, de consacrer des séances plénières, à débattre de tout, sauf de l’essentiel. Ils ont, également, critiqué le président du Parlement, Rached Ghannouchi et dénoncé son ingérence dans les affaires libyennes.
Le groupe de manifestants ont, par ailleurs, dénoncé la violation du droit de manifester pacifiquement, pourtant garanti par la constitution.
Le porte-parole du Front national de Salut d'al Hirak du 14 juin, Fathi Warfelli a que "les manifestants ont été harcelés et empêchés de manifester pacifiquement devant l'assemblée des représentants du peuple, critiquant le mouvement Ennahdha qui se sert, a-t-il dit des organes de l'etat (ministère de l'intérieur et municipalité de Bardo) pour interdire les manifestations en fermant toutes les voies menant à la place du Bardo.
Des bus transportant des manifestants en provenance de Tunis ont été empêchés de se rendre au bardo, a-t-il dit, affirmant que l'autorisation de manifestation a été annulée au dernier moment.
Il convient de préciser, que, selon les propres termes du Maire de la commune, Mounir Tlili (Parti Al Badil), le conseil municipal du Bardo avait décidé la fermeture de la Place du Bardo et son environnement aux rassemblements et diverses autres activités jusqu'à la levée du confinement ciblé.
« Cette mesure n'a aucune connotation politique et ne vise pas à empêcher un quelconque rassemblement. Le but étant de préserver la santé des habitants contre la contamination au covid-19 qui n'a pas été totalement maitrisé ».
Tlili a encore ajouté que cette mesure a, également, pour objectif de désengorger le trafic sur cette zone, estimant que les rassemblements et autres formes de protestation doivent être limités dans le temps, d'autant plus que la commune constitue une destination touristique pour les amateurs de musées. Voire…
A cet égard, Machrou Tounes et Al Massar dénoncent, les pressions exercées sur les mouvements sociaux.
Machrou Tounes s’est dit préoccupé par la situation actuelle des libertés fondamentales, notamment à la lumière des "pressions exercées sur les mouvements sociaux et les campagnes de diffamation menées sur les réseaux sociaux contre les parties et les personnalités demandant de mettre un terme à la situation économique, financière et sociale désastreuse".
Pour sa part, le parti de La Voie démocratique et sociale (Al Massar) a dénoncé, dans un communiqué, les dépassements commis ces derniers temps par des policiers visant des défenseurs des droits humains et des politiques.
Le sit-in du Bardo n’a pas eu lieu, comme le veulent ses organisateurs, sous prétexte que les rassemblements sont interdits, durant le confinement, mais serait-ce partie remise ?