Le Temps (Tunisia)

Accès à une justice adaptée, la Tunisie est passée à côté...

- Zouhour HARBAOUI

Le 16 juin est, depuis 1991, la Journée de l’enfant africain, englobant aussi les jeunes tunisiens. L’union africaine avait, depuis juillet 1990, adopté une charte pour les enfants, appelée « Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant » (CHADBE ou CADBE), que notre pays n’a pas ratifiée. Le thème de la journée de cette année était « l’accès à un système de justice adapté aux enfants en Afrique ».

Le 16 juin est, depuis 1991, la Journée de l›enfant africain, englobant aussi les jeunes tunisiens. L›union africaine avait, depuis juillet 1990, adopté une charte pour les enfants, appelée «Charte africaine des droits et du bien-être de l›enfant» (CHADBE ou CADBE), que notre pays n›a pas ratifiée. Le thème de la journée de cette année était «l’accès à un système de justice adapté aux enfants en Afrique». La Tunisie est passée à côté...

Le 16 juin 1976, débutent les émeutes de Soweto, dont les manifestan­ts sont des élèves sud-africains du secondaire protestant contre l›introducti­on de l›afrikaans comme langue officielle d›enseigneme­nt. Bilan des tirs à balles réelles de la police : au moins 23 morts plus les décès, entre «176 et 700» personnes, lors de la répression qui s›en suivit.

Pour commémorer ce massacre et rendre hommage aux enfants décédés en défendre leurs droits, et à ceux qui ont lutté (on parle de 20 mille élèves), depuis 1991, le 16 juin a été institué Journée de l›enfant africain (JEA), par les Etats membres de l’union africaine (UA), les organisati­ons partenaire­s et les parties prenantes à travers le continent. Presqu›un an auparavant, soit en juillet 1990, L›UA a adopté la Charte africaine des droits et du bien-être de l›enfant (CHADBE ou CADBE).

La Tunisie entre droit de l›enfant et avortement ?

Cette charte, inspirée «de la convention des Nations Unies sur les Droits de l’enfant ainsi que la Déclaratio­n Universell­e des Droits de l’homme, de la Charte Africaine des Droits de l’homme et des Peuples et de la Charte de l’organisati­on de l’unité Africaine, est entrée en vigueur en 1999.

Bien que notre pays ait signé cette

convention en 1991, et qu›en matière de droits de l’enfant, il est en tête du classement aux échelles arabe et africaine et 17e à l’échelle mondiale (selon l’index publié par la fondation néerlandai­se Kidsrights/2020), il n›a pas encore ratifié la CHADBE. Bien qu›on ne connaisse pas la cause de la non-ratificati­on de la Tunisie, il se pourrait que cela soit en rapport avec l›avortement. En effet, l›avortement, chez nous, est légal depuis 1973. Or, dans l›article 5 de la CHADBE, intitulé «Survie et développem­ent», dans le point 1, on peut lire «Tout enfant a droit à la vie. Ce droit est imprescrip­tible. Ce droit est protégé par la loi». Donc y aurait-il une certaine incompatib­ilité entre deux droits distincts : l›avortement jusqu›à trois mois de grossesse (droit de la femme) et le droit à la vie (droit de l›enfant) ? C›est peut-être un peu tiré par les cheveux, mais si l›on considère qu›à neuf semaines de grossesse, l›ensemble des organes du bébé sont présents, que le coeur se forme à partir du 16e jour de grossesse et que les premiers battements apparaisse­nt dès le 22e jour, il y a de quoi se poser des questions...

Notre pays, hors sujet ?

Le thème de la JEA était, cette année, «l’accès à un système de justice adapté aux enfants en Afrique», afin d›«examiner les éléments d’un système de justice adapté aux enfants», d›appliquer «une approche basée sur les droits de l’enfant» et d›utiliser les «quatre principes des droits de l’enfant comme un outil pour réaliser» cet accès.

La réflexion devait amener à la création d›«une plateforme de dialogue entre les enfants, les décideurs politiques, les organisati­ons travaillan­t sur les droits de l’enfant et le monde académique sur les principaux défis à relever pour garantir un accès égal à une justice adaptée aux enfants pour tous les groupes d’enfants en Afrique». Pour cause de pandémie, le thème a été traité via webinaire (réunion par Internet). C›est un représenta­nt du gouverneme­nt qui devait représente­r notre pays dans le quatrième panel avec pour titre d›interventi­on «Garantir l’accès à la justice à tous les enfants, y compris ceux en situation de vulnérabil­ité (y compris les filles et les enfants handicapés) - Expérience du pays». Malheureus­ement, cette personne n›était pas présente lors de la réunion ; vidéo de la rencontre faisant foi...

Même si elle n›était pas présente à cette réunion, la Tunisie a marqué, d›une certaine manière, le coup pour cette journée de l›enfant africain -et non la journée mondiale de l›enfant africain, il y a quand même une grosse différence ! Dans un communiqué, le ministère de la Femme, de la Famille, de l›enfance et des Seniors, a réitéré son engagement en faveur de la protection des droits de l›enfant. De son côté l›institut national du patrimoine (INP) a lancé une série de manifestat­ions dans différents musées du pays, avec pour thème «La Tunisie est avant tout africaine». Des activités qui auraient mieux cadré avec la Journée mondiale de l›afrique (le 25 mai) ou à n›importe quel moment de l›année, et qui n›ont rien à voir avec le thème de la journée du 16 juin : «l’accès à un système de justice adapté aux enfants en Afrique». Rendons justice à ce thème...

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