Paris dénonce une manoeuvre turque «extrêmement agressive»
Un navire français participant à une mission de l’otan en Méditerranée a récemment fait l’objet d’une manoeuvre «extrêmement agressive» de la part de frégates turques, a rapporté mercredi 17 juin le ministère français des Armées. Alors que la frégate Le Courbet cherchait à identifier un cargo suspecté de transporter des armes vers la Libye, «les frégates turques interviennent et illuminent Le Courbet à trois reprises avec leur radar de conduite de tir», a décrit le ministère des Armées juste avant une vidéoconférence des ministres de la Défense de l’alliance Atlantique. Illuminer un navire est plus qu’un coup de semonce. Cette manoeuvre est «destinée à faire un repérage ultime, avant un tir, afin de guider un éventuel missile. Une sorte de dernier appel, électronique, avant le feu réel», écrit le blog politique Bruxelles2.
«Cette affaire est à nos yeux très grave (...). On ne peut pas accepter qu’un allié se comporte comme cela, fasse cela contre un navire de l’otan sous commandement Otan menant une mission Otan», a fait valoir Paris, en prévenant que la ministre des Armées Florence Parly allait «mettre les points sur les i» lors de cette réunion sur «l’attitude turque dans le conflit libyen». «Ces norias de bateaux entre la Turquie et Misrata, parfois accompagnés par des frégates turques, ne contribuent pas à la désescalade», a souligné le ministère, dénonçant par ailleurs le fait que les bâtiments turcs «utilisent des indicatifs Otan» pour s’identifier lors de leurs missions d’escorte. Le ton ne cesse de monter entre Paris et Ankara ces derniers jours. Lundi, le chef de la diplomatie française Jean-yves Le Drian a condamné «le soutien militaire croissant» de la Turquie au Gouvernement d’union nationale (GNA) en «violation directe de l’embargo des Nations unies». La veille, la présidence française avait déjà dénoncé l’interventionnisme « inacceptable » d’ankara. La Turquie a rejeté ces critiques sur son soutien armé au gouvernement de Tripoli en Libye, accusant à son tour Paris de faire «obstacle à la paix» en appuyant le camp adverse.