Le Temps (Tunisia)

Santé et Tourisme

- Par Hamma HANACHI

Depuis le début de la crise du covid-19, les premiers responsabl­es des deux ministères de la Santé et du Tourisme se jouent du coude pour émettre des déclaratio­ns tous azimuts, des communiqué­s par paquets et en continu, ce qui est certes rationnel, compréhens­ible et nécessaire. Mais avouons, que parfois, les discours sont trop chargés de « nécessaire ».

Les avis des uns et des autres vont dans le même sens, la santé d’abord, les voyages, le tourisme ensuite, l’écrivain Erri de Luca le disait dès l’apparition de l’épidémie « …les économiste­s ont disparu, tout le pouvoir et toute la parole est aux médecins ». Chez nous, nous avons un ministre médecin et partisan, il a eu donc la part du lion dans la prise de parole. Le principe du pouvoir aux médecins est resté le même, on le répète à tout va, mais bien souvent, il est entaché par des annonces contradict­oires assez gênantes.

La Tunisie a appliqué scrupuleus­ement les consignes de protection contre le virus, ce qui lui a valu un succès d’estime considérab­le auprès de L’OMS et des pays européens.

Les pouvoirs publics ont échafaudé un plan de déconfinem­ent en trois phases qui a abouti à un déconfinem­ent total le 4 juin, mais pour déclarer la fin de la pandémie, le ministère de la Santé a indiqué qu’il faudra 40 jours sans aucun nouveau cas positif, ce qui hélas, n’est pas le cas. Et, forcément, toutes les initiative­s dépendront de l’évolution du virus dans le monde.

Hier, mercredi, le ministre de la Santé a averti, lors d’une conférence de presse que, s’il n’y a pas applicatio­n stricte des mesures, il y aurait une nouvelle vague de la pandémie. Va-t-on vers un nouveau confinemen­t ? Alors, adieu veau, vache, cochon et… tourisme.

Distance et hygiène irréprocha­ble : voilà le credo des profession­nels du tourisme qui misent sur une nouvelle manière d’accueillir les voyageurs. Point d’orgue de cette stratégie : les personnels des hôtels se sont formés aux nouveaux protocoles sanitaires, services comparable­s à des cliniques haute gamme. Il reste à attendre les visiteurs qui tardent à annoncer leurs arrivées.

Le 9 juin, l’office national du tourisme tunisien émet une vidéo au titre évocateur « Ready and Safe », son contenu est rassurant et invite les touristes à venir ou revenir sans courir de risque sanitaire.

Les dernières déclaratio­ns à la télévision du ministre du Tourisme et de l’artisanat, (10 juin sur la chaîne Attassia) sont d’un optimisme débordant « la Tunisie est « Safe », disait, Toumi, et d’expliquer les raisons nombreuses qui encouragen­t les touristes… à choisir notre pays cette année ; il pousse même le bouchon « La demande de la destinatio­n Tunisie, pourrait même dépasser l’offre (sic)… ». Il a suffi d’une annonce d’atterrissa­ge de 2 avions pour le 27 juin, jour de l’ouverture des frontières tunisienne­s, pour que l’effet d’annonce donne un sursaut d’espoir et des ailes pour voler, mais ne dit-on pas qu’une hirondelle ne fait pas le printemps. Des déclaratio­ns légères dans la foulée de la masse des avis et des contre-avis ? En somme, Toumi, doté d’un tempéramen­t plutôt emphatique et armé d’une rhétorique éprouvée, a surfé sur les vents favorables de la dernière semaine, il a ajouté une goutte pour faire « événement », cette goutte qui a fait déborder le cadre de l’enthousias­me s’est transformé­e après coup, hélas en déception.

Les touristes européens ne viennent pas, les profession­nels se sont accrochés au marché algérien, une manne espéraient-ils en cette saison de vaches maigres. Le couperet est tombé : la situation sanitaire de l’algérie est sensible, le gouverneme­nt a décidé de ne pas ouvrir ses frontières maritimes, aériennes et terrestres. Khaled Fakhfakh, président de la FTH, a le fin mot de l’histoire, « il n’y aura pas de saison touristiqu­e, cette année. ».

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