Nidal Guiga et le confinement
Dans "Silencio", Nidal Guiga met en scène un univers intimiste en utilisant des moyens techniques minimalistes. À découvrir, ce court métrage de cinq minutes dont l'intensité esthétique irrigue chaque seconde.
Le projet Confi-doc consistait à inviter cinq femmes cinéastes à réaliser une oeuvre courte dans le contexte du confinement. Nidal Guiga y a représenté la Tunisie et réalisé un film des plus attachants, une oeuvre personnelle, à la fois expérimentale et lucide.
Dans cet exercice de style, Guiga va jusqu'au bout de ses intentions tout en privilégiant une technique du croquis, une image qui ne fait qu'esquisser tout en étant profondément ancrée dans le dispositif esthétique de cette réalisatrice qui est doublée d'une écrivaine grand talent. Expliquant la genèse de cette oeuvre qui sera prochainement présentée dans le cadre du Festival du film expérimental, Nidal Guiga écrit: "En pleine crise du Covid-19, j'ai été contactée par Soumaya Bouallegui (Doc House) qui m'a demandé de préparer un court métrage de cinq minutes dans lequel je m'exprimerai sur le confinement. Cinq femmes réalisatrices ont été approchées dans le cadre d'un programme qui s'appelle Confi-doc. de
Les conditions sont les suivantes:
1- Toutes les participantes ont une semaine pour filmer, monter et livrer les cinq minutes.
2- Le principe est d'utiliser les moyens du bord (téléphone portable, petite caméra, etc)."
Le minimalisme contagieux de Martin Scorsese
Le projet n'allait pas de soi et malgré sa simplicité, implique une approche des plus exigeantes qui d'ailleurs, transparaît dans le travail de réalisation à la fois brut et bien léché. Guiga poursuit: "J'avoue que j'ai hésité. Je n'étais en contact avec aucun technicien, ma voiture était en panne et j'étais réellement confinée.
Le même jour, je suis tombée sur un court métrage de cinq minutes sur le confinement, réalisé par Scorsese. Il l'avait fait avec son téléphone. L'image tremblait et toute la fragilité qu'il fallait transmettre (alors qu'il doit avoir accès à tout: matériel et techniciens) était là.
La leçon à retenir était l'humilité. Il ne fallait pas se prendre trop au sérieux, il ne s'agit pas de conditions classiques de construction d'un film, l'imperfection faisait même partie du jeu. Et donc, j'ai accepté de faire cet essai parce qu'il fallait aussi apprendre à se décomplexer. Je remercie mon téléphone (Nokia 6), mon pc (Lenovo), mes chats, mes poupées, mes tortues et le bleu du ciel". En effet, le projet a été mené à bien et s'impose comme un produit remarquable dont tous les partenaires sont fiers et que le public ne tardera pas à découvrir. De plus, une belle synergie a accompagné cette réalisation. Avec Soumaya Bouallegui d'abord, et aussi avec les soutiens de ce programme, à savoir International Media Support et le Danish Arab Partnership Program. Une initiative des plus prometteuses et une oeuvre iconoclaste à ajouter à la filmographie de Nidal Guiga qui travaille actuellement sur un long métrage.
Hatem BOURIAL