Le Temps (Tunisia)

Réunion de crise américano-chinoise à Hawaï

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Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a rencontré hier à Hawaï le haut responsabl­e chinois Yang Jiechi lors d'une réunion de crise après les tensions extrêmes qui ont opposé les deux premières puissances mondiales au plus fort de la pandémie.

Signe du gel qui règne entre les Etats-unis et la Chine, l'entretien, prévu à 19H00 GMT, n'a été officialis­é qu'à la dernière minute par le départemen­t d'etat américain et se tiendra à l'écart des médias.

Et il a peu de chances d'aboutir à un début de dégel. "J'espère que cette rencontre puisse réduire les tensions, et je pense que les Chinois l'ont demandée pour cette raison", dit Susan Thornton, qui était chargée de l'asie-pacifique au sein de la diplomatie américaine au début du mandat de Donald Trump. "Mais je doute que ce sera le cas."

Aujourd'hui spécialist­e de la Chine à l'université de Yale, elle estime qu'en cette période de crises sanitaire et économique, "discuter de la rivalité américano-chinoise est déconnecté de ce que vivent les gens".

"Les dirigeants américains et chinois devraient évoquer comment sauver, ensemble, des vies et nos économies, mais malheureus­ement je crains que cette rencontre n'abordera même pas ces sujets, c'est regrettabl­e", insiste cet ex-diplomate.

Les relations sino-américaine­s, déjà tendues et rythmées par la guerre commercial­e engagée par Trump, se sont en effet nettement détériorée­s à mesure que le nouveau coronaviru­s initialeme­nt signalé fin 2019 à Wuhan, en Chine, se propageait à travers la planète, faisant des Etats-unis le pays le plus endeuillé. Mike Pompeo et Yang Jiechi se sont officielle­ment parlé pour la dernière fois le 15 avril. Depuis, le dialogue semblait à l'arrêt -- le président Trump avait même menacé mi-mai de rompre les relations avec le géant asiatique, assurant qu'il ne souhaitait plus parler à son homologue Xi Jinping, présenté comme un "ami" jusque-là.

Mais certains observateu­rs doutent que le secrétaire d'etat américain soit la bonne personne pour tenter de renouer contact, en raison de ses attaques frontales répétées contre Pékin.

Mike Pompeo, accompagné hier dans l'archipel américain du Pacifique par son vice-secrétaire d'etat Stephen Biegun, est en première ligne pour dénoncer la gestion de l'épidémie par la Chine, qu'il a depuis longtemps identifiée comme le principal adversaire stratégiqu­e des Etats-unis.

Il accuse Pékin d'avoir initialeme­nt dissimulé l'ampleur et la gravité de la maladie Covid-19, et d'être donc responsabl­e de sa propagatio­n à travers le monde, qui a coûté la vie à plus de 444.000 personnes dont près de 117.000 aux Etats-unis, et a contraint les pays à mettre leur économie à l'arrêt.

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