L’idéal d’humanité de Dostoïevski
Re (Lire) ‘’Crime et châtiment’’
"Nous acceptons d'être criminels pour que la terre se couvre enfin d'innocents", écrira Albert Camus. C’est un roman policier d’un genre nouveau pour son époque. ‘’Crime et châtiment’’ est une oeuvre majeure que Le maitre russe de la littérature Fiodor Dostoïevski signe dans les années 60, en hommage à un idéal d’humanité qu’il tente de réaliser en voulant instaurer sa propre justice. Le héros du roman, Raskolnikov est sur le point de commettre l’irréparable, un crime qu’il ne parvient pas à réaliser puisqu’il est condamné par l’injustice des hommes et n’en récolte que le châtiment des humains. Ici il n’est pas question de démasquer un malfaiteur car le dénouement de l’histoire est connu d’avance et l’intrigue consiste plutôt à suivre le cheminement pour lequel a opté l’inspecteur en vue de ‘’coincer’’ ‘’le criminel’’ en le déstabilisant.
Un thriller psychologique
On aime bien la manière qu’a l’auteur à suivre le personnage dans les aléas de son être en se jouant de sa psychologie et de son environnement social. On découvre sa vie de tous les jours en apprenant davantage sur ses doutes et ses peurs. Le personnage frôle la folie mais reste toujours attachant et c’est ce qui fait la force d’un Dostoïevski avec qui on n’est ni dans le bien ni dans le mal mais dans une dimension autre de la perception humaine qui rend tellement attendrissant le personnage d’un criminel. Certains critiques considèrent que le crime n’est pas uniquement endossé par le personnage principal Raskolnikov mais aussi par des personnages de son entourage. on pourrait lire ainsi dans une brillante critique littéraire sur l’oeuvre de Dostoïevski paru dans le site ‘’Etudes littéraires’’ « Le premier criminel auquel je pense, c'est l'ivrogne Marmeladov, coupable de faire sombrer sa famille dans la misère la plus noire, coupable de sucer comme un parasite le moindre rouble de ses proches pour s'aller mettre minable, pour se vautrer dans l'alcool, l'alcool, toujours l'alcool jusqu'à l'écoeurement, jusqu'à la déchéance, jusqu'à la honte.
La seconde criminelle, c'est sa femme, Catherine Ivanovna, elle qui utilise ses enfants pour les tâches les plus avilissantes et même, la plus avilissante de toutes, obliger la fille de son mari, Sophie, à se prostituer. le criminel, c'est aussi ce très trouble et très obscur Svidrigaïlov, dont on nous fait entendre qu'il n'est probablement pas pour rien dans le décès brutal de sa femme. C'est trois-là, augmentés de Raskolnikov bien évidemment, représentent quatre facettes différentes du crime en général »
Au final on peut dire que le thème du crime meurtrier n’est pas nouveau en soi, ce qui l’est plutôt est la manière dont l’auteur l’a traité pour effacer tout jugement que l’on peut avoir d’un meurtrier. L’oeuvre de Dostoïevski ouvre plus de portes à la réflexion à la clôture du roman qu'elle n'en a ouverte au départ par l’intrigue. Le roman à première vue policier serait aussi philosophique et nous amène à repenser nos idées arrêtées qu’on porte sur la criminalité.