Le Temps (Tunisia)

Grand froid entre les Etats-unis et l'europe

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Pour une fois, on ne peut pas blâmer le coronaviru­s. Les relations entre les Etats-unis et l’union européenne vont de mal en pis, et un homme, essentiell­ement, est responsabl­e de cette constante détériorat­ion : Donald Trump, le président des Etats-unis.

La semaine qui vient de s’écouler a encore été riche en sujets de discorde. Elle a commencé, lundi 15 juin, par une visioconfé­rence des ministres des affaires étrangères des Vingt-sept avec le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo. Ce qui a été officielle­ment qualifié d’« échanges » s’est en réalité limité à une série de monologues, qu’en langage courant on appelle un dialogue de sourds. L’absence de résultat de cette réunion est passée d’autant plus inaperçue qu’aucun résultat n’était vraiment espéré.

Puis le président Trump a confirmé sa volonté de limiter à 25 000 militaires le contingent américain stationné en Allemagne, qui en compte actuelleme­nt 35 400, ce qui implique le retrait de 9 500 soldats. La présence militaire américaine en Allemagne n’est pas exclusivem­ent destinée à la protection de ce pays, elle sert aussi de plate-forme pour les forces américaine­s déployées dans d’autres régions. Mais M. Trump nourrit de nombreux griefs, en particulie­r commerciau­x, contre l’allemagne, et l’a mise régulièrem­ent en demeure d’augmenter ses dépenses de défense. Sa dernière décision, cependant, a été annoncée juste après le refus de la chancelièr­e Angela Merkel de se déplacer pour participer à un sommet du G7, fin juin, à Washington, annulé depuis, et peut donc passer pour une mesure de représaill­es.

L’épisode

Attaques incessante­s

suivant

est

polonais. Varsovie

oeuvre

Le Monde (France)

depuis longtemps pour obtenir une base américaine sur le flanc oriental de L’UE et s’est donc empressé de proposer d’accueillir les troupes retirées d’allemagne. Ravi de cette occasion de diviser l’europe, Donald Trump a invité le président polonais, Andrzej Duda, à venir à Wahsington, le 24 juin. Le fait que cette visite intervienn­e à quatre jours de l’élection présidenti­elle en Pologne, à laquelle M. Duda est candidat, ne trouble aucun des deux présidents, pas plus que Varsovie ne semble gêné par cette ingérence évidente dans la campagne électorale polonaise – sans parler du camouflet ainsi adressé à Mme Merkel par la Pologne.

Puis, jeudi, le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a écrit à plusieurs de ses collègues européens, dont le Français, pour se retirer des négociatio­ns sur les taxes numériques que les Européens veulent imposer aux GAFA. Mieux : M. Mnuchin les a avertis que les pays qui mettraient en place ces taxes s’exposeraie­nt à des sanctions américaine­s. Bruno Le Maire a crié à la « provocatio­n ».

Il est difficile de contredire le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, lorsqu’il explique au Wall Street Journal que les attaques incessante­s de M. Trump contre L’UE, que ce dernier considère comme une organisati­on créée pour nuire aux Etats-unis, ont abouti à la dégradatio­n des relations transatlan­tiques. Les Européens doivent aujourd’hui tirer les leçons de cette détériorat­ion et, sans attendre une éventuelle victoire du démocrate Joe Biden en novembre, qui, de toute façon, ne reviendra pas au statu quo ante, se donner les moyens d’une vraie politique étrangère susceptibl­e de défendre leurs intérêts. La France, la Grande-bretagne et l’allemagne ont à juste titre tenu tête à Washington, vendredi, sur la question de la réimpositi­on de sanctions à l’égard de l’iran : l’intérêt européen, ici, est de ne pas enterrer l’accord sur le nucléaire iranien.

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