Le Temps (Tunisia)

Le paradis n’était pas au rendez-vous…

- Samia HARRAR

Pourquoi ont-ils quitté leur pays, pour s’en aller se faire gifler, de l’autre côté de la méditerran­ée, après avoir affronté la mort en mer, dans l’espoir d’un Eden, qui ne leur tend pas les bras ?

Non. Ce n’est pas ainsi que la question devrait être posée.

Pourquoi ont-ils été obligés, un jour, de quitter leur pays, et pourquoi, n’y étaient-ils pas heureux ?

Ils n’y trouvaient, sans doute pas leur place. Ni une seule raison, d’y rester. Et pas de raison d’espérer.

Se faire gifler violemment, et être poussé à s’infliger des gifles, dans un centre de détention italien, lorsque l’on est jeune migrant, lancé à l’assaut d’un espoir qui se dérobe, jour après jour, c’est sans doute, la face émergée de l’iceberg, lorsque le quotidien y est sans doute plus sombre. Humiliant ?

Lorsque des migrants, au bout du rouleau, en Italie ou ailleurs, s’y tailladent les veines, par désespoir, en cherchant à en finir pour retrouver le repos éternel, cela veut dire, bien sûr, que dans ces camps de détention, ils y sont sûrement traités, avec tous les égards dus à leur rang. D’êtres humains en « déshérence », venus juste, chercher de l’autre côté de la mer, un travail qui puisse leur permettre, de gagner en dignité, eux qui ont le sentiment, de l’avoir perdue depuis tellement longtemps cette dignité, qu’ils ne se souviennen­t plus de la dernière fois, où ils se sont sentis Hommes, avec dignité d’hommes, que nul au monde, n’a le droit de toucher. Parce qu’ils sont faits pareils, que tous les autres hommes, qui s’arrogent le droit, aujourd’hui, et parce qu’ils sont du bon côté du « manche », de les humilier.

Une vidéo. « Fuitée ». Combien y en a- t-il, d’autres, qui se dérobent à nos regards pour dénoncer le pire ? Nous n’osons même pas l’imaginer…

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