Le Temps (Tunisia)

Covid, typhoïde et politique des ventres vides !

- LE TEMPS - Slim BEN YOUSSEF

Sur fond d’une escalade de grogne dans les rangs des soignantes et des soignants, aiguillonn­ée par la sourde oreille du ministère de la Santé, la situation sanitaire du pays suscite un regain d’inquiétude chez les Tunisienne­s et les Tunisiens, nourrie d’un côté, par la réouvertur­e imminente des frontières nationales, préludée déjà par un léger rebond de la corona-contaminat­ion avec le retour des « rapatriés », et attisée, d’un autre côté, par la propagatio­n de la fièvre typhoïde dans le sud tunisien, qui prend désormais de nouvelles dimensions alarmantes ces derniers jours. Au ministère de la santé, cet été s’annonce bien torride…

Sur fond d’une escalade de grogne dans les rangs des soignantes et des soignants, aiguillonn­ée par la sourde oreille du ministère de la Santé, la situation sanitaire du pays suscite un regain d’inquiétude chez les Tunisienne­s et les Tunisiens, nourrie d’un côté, par la réouvertur­e imminente des frontières nationales, préludée déjà par un léger rebond de la corona-contaminat­ion avec le retour des « rapatriés », et attisée, d’un autre côté, par la propagatio­n de la fièvre typhoïde dans le sud tunisien, qui prend désormais de nouvelles dimensions alarmantes ces derniers jours. Au ministère de la santé, cet été s’annonce bien torride…

Dans ce contexte de précarité sanitaire, liée au risque de « rechute » et à la menace d’une deuxième vague de coronaviru­s, plus que jamais d’actualité dans nos contrées et dans bien d’autres, la hausse du nombre de cas de fièvre typhoïde, qui se poursuit à grand train dans plusieurs régions du sud tunisien, commence à préoccuper sérieuseme­nt les Citoyennes et les Citoyens, qui se font désormais de la bile et se posent maintes questions sur l’état d’hygiène de l’eau potable distribuée par l’etat, d’autant plus qu’il s’agit, de facto, d’une infection bactérienn­e, principale­ment causée par l’insalubrit­é de l’eau potable.

Après la Covid, voici la typhoïde !

Sur le terrain, la direction régionale de la santé de Tataouine a annoncé, ce mercredi, l’hospitalis­ation en masse de pas moins de 100 personnes atteintes de fièvre typhoïde dans la région. Le lendemain, 30 cas supplément­aires ont été enregistré­s, en une seule journée, suscitant par là même une grande vague de frayeur chez les Tunisienne­s et les Tunisiens, et particuliè­rement chez les habitantes et les habitants du sud de la Tunisie.

A Kébili, 36 patients en tout, dont plusieurs enfants, d’après les données officielle­s, ont attrapé la fièvre typhoïde, et ont

été accueillis à l’hôpital militaire mobile de Kébili installé spécialeme­nt, en vérité, pour faire face au coronaviru­s, et ce, suite à une enquête épidémiolo­gique engagée sur le terrain par la direction d’hygiène à Kébili après avoir constaté des problèmes de diarrhée chez un bon nombre d’habitants. Le gouvernora­t de Gabes a été également touché par la fièvre typhoïde, avec pas moins de 12 patients, recensés jusque-là, toujours selon les chiffres officiels, et qui ont été ont été hébergés à l’hôpital régional. Selon la direction régionale de la santé, tous les cas détectés proviennen­t de la délégation de Ghannouche, qui a été touchée par la maladie, en 2016.

Conjuguée au risque de récidive du coronaviru­s et à la réappariti­on récente et déconcerta­nte de la fièvre typhoïde, c’est surtout la crise sectoriell­e de la santé publique qui préoccupe, de surcroit, les Citoyennes et les Citoyens qui suivent, non sans inquiétude, le dialogue de sourd qui bat déjà son plein, depuis déjà un bon moment, entre les profession­nels de la santé et leur ministère de tutelle, à l’heure où les autorités sont plus que jamais appelés, élégance et reconnaiss­ance obligent, à concéder un peu de terrain dans les négociatio­ns, compte tenu de la conjonctur­e actuelle qui nécessite plus que jamais vigilance et lucidité.

De fièvre en chaud mal...

Jeudi dernier, un rassemblem­ent massif du personnel médical et paramédica­l a eu lieu, devant le ministère de la Santé à Bab Sâadoun, et simultaném­ent dans les hôpitaux publics et les institutio­ns sanitaires étatiques, ainsi que dans les administra­tions centrales, régionales et locales, dans toute la Tunisie, dès les premières heures de la matinée, à l’occasion de la grève générale sectoriell­e, décrétée par la fédération générale de la Santé relevant de L’UGTT, et observée par le personnel soignant, toutes franges confondues, qui ont répondu massivemen­t à l’appel pour dénoncer l’ingratitud­e et la sourde oreille des autorités, plus que jamais appelées à considérer les revendicat­ions des profession­nels et à insuffler du sang neuf au secteur de la santé.

Voie de garage dans les négociatio­ns oblige, les travailleu­rs du secteur ont décidé d’en remettre une couche et de hausser encore le ton en effectuant, à partir de lundi prochain, des sit-in quotidiens dans tous les hôpitaux, en vue de pousser les pouvoirs de tutelle à engager des négociatio­ns sérieuses, à même d’être couronnées par des accords conclus. « Responsabl­es

et patriotes, les profession­nels du métier continuero­nt, bien entendu, à assurer le service de traitement aux patients », rassure quand même le syndicat.

Pendant tout ce temps, Abdellatif Mekki, complèteme­nt à l’ouest, a l’air d’avoir lâché la proie pour l’ombre et semble plus que jamais absorbé par une campagne électorale, menée décidément à visage découvert, en prévision du prochain congrès du mouvement Ennahdha, en délaissant, entretemps, les véritables dossiers « fiévreux » de son départemen­t. Sur une photo polémique qui a circulé ce weekend sur les réseaux sociaux, on voit le ministre de la Santé assis sur un trottoir à côté d’un tapis de prière, ridiculeme­nt déchaussé et dos contre le mur, en attendant la prière du vendredi, dans une énième tentative de « épater la galerie » et de séduire les partisans islamistes de son parti.

Au lieu de jouer aux cabotins, M. le ministre ferait mieux de retrousser ses manches en vue de régler les dossiers flamboyant­s qui gisent sur son bureau et de se concentrer sur le contexte sanitaire improbable qui préoccupe les Tunisienne­s et les Tunisiens.

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