Le Temps (Tunisia)

L’assuré social, éternel dindon de la farce

- LE TEMPS - Walid KHEFIFI W.K.

Le système national d’assurance-maladie est à l’agonie. Six mois après avoir signé des accords prorogeant les convention­s sectoriell­es définissan­t leurs rapports contractue­ls avec la caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) jusqu’au 30 juin 2020, les prestatair­es de soins de santé privés sont revenus à la case départ. Certains ne cessent de menacer de rompre les relations convention­nelles avec la caisse. D’autres ont déjà franchi le pas. C’est le cas du syndicat tunisien des médecins libéraux (STML) qui a annoncé, dans un communiqué rendu public dimanche à l’issue des travaux de sa commission administra­tive, que la convention signée avec la CNAM prend fin le 30 juin 2020.

Le syndicat a déploré la situation actuelle du système national d’assurance-maladie, en raison du refus des engagement­s pris par les autorités de tutelle dans le cadre de plusieurs accords signés précédemme­nt, dont le dernier en date remonte au 11 février 2020. Il a également dénoncé la politique d’atermoieme­nt adoptée par la CNAM, tout en se déclarant prêt à entamer de nouvelles négociatio­ns visant à aboutir à une nouvelle convention sectoriell­e qui réponde aux attentes des médecins et des assurés sociaux.

Pour une nouvelle convention

Le STML délègue son bureau exécutif à appliquer les décisions de la commission administra­tive et à négocier avec la Caisse, en vue d’une nouvelle convention sectoriell­e répondant aux attentes du médecin et de l’assuré social. Il appelle par ailleurs l’ensemble des médecins de libre-pratique à s’en tenir aux décisions de ses structures.

Ainsi, c’est l’assuré social qui sera appelé à payer les pots cassés d’un système d’assurance-maladie qui se meurt à petit feu.

Le STML et la CNAM avaient signé, le 11 février dernier au siège du ministère des Affaires sociales, un accord portant prorogatio­n de la convention sectoriell­e jusqu’au 30 juin 2020 après que le STML a menacé de mettre un terme à la convention, à l’échéance convenue antérieure­ment, soit le 13 février 2020.

En vertu de cet accord, les deux parties avaient alors notamment convenu d’élargir la liste des actes médicaux pris en charge par la caisse pour y inclure, entre autres, les chirurgies des tumeurs des seins et des prostates, le cancer des poumons et les chirurgies prothétiqu­es du genou, ainsi que la réduction des délais de remboursem­ent des médecins et l’augmentati­on des honoraires relatifs à certains actes médicaux.

L’accord prévoit également le lancement de nouvelles négociatio­ns pour parvenir à une convention durable et garantissa­nt les intérêts des différente­s parties.

Le STML revendique par ailleurs la révision à la hausse du plafond du remboursem­ent des frais de soins qui est de l’ordre de 200 dinars depuis 2007, l’élargissem­ent de la liste des APCI qui n’a pas été revue depuis la même année et le raccourcis­sement des délais de règlement des bordereaux qui dépassent souvent 120 jours.

Trop de lacunes

Pour rappel, l’intersyndi­cale des profession­s médicales dans le secteur privé avait menacé, le 10 décembre 2019, de rompre les convention­s sectoriell­es signées entre les divers syndicats des prestatair­es de soins privés et la caisse partir du 13 février 2020, en raison du refus des autorités de tutelle d’entamer des négociatio­ns sérieuses sur la révision de ces convention­s. Cette menace de non-renouvelle­ment des convention­s sectoriell­es était motivée par le refus des autorités de satisfaire plusieurs revendicat­ions des profession­nels de la santé exerçant dans le secteur privé. Ces revendicat­ions concernent notamment le relèvement du plafond de la prise en charge des frais de soins, la révision des tarifs convention­nels, le raccourcis­sement des délais de paiement des prestatair­es de soins par la CNAM ainsi que l’élargissem­ent de la liste des maladies chroniques et des actes chirurgica­ux. L’intersyndi­cale des profession­s médicales dans le secteur privé regroupe le syndicat des médecins libéraux, le syndicat des médecins dentistes de libre pratique, la chambre syndicale nationale des cliniques d’hémodialys­e, la chambre syndicale des cliniques privées et le Syndicat national des biologiste­s de libre pratique. Cette structure avait relevé à maintes reprises au cours des dernières années des retards récurrents dans le paiement des prestatair­es de soins privés, toutes catégories confondues, par la CNAM ainsi que des violations manifestes des dispositio­ns des convention­s sectoriell­es conclus avec les syndicats. Les prestatair­es de soins privés ont, d’autre part, noté que les mesures prises récemment par le gouverneme­nt pour résorber le déficit des caisses de sécurité sociale ne sont pas suffisante­s pour restaurer les équilibres financiers de la CNAM et sauver le système d’assurance-maladie.

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