Le Temps (Tunisia)

Vers un durcisseme­nt de la mobilisati­on à Tataouine

L’UGTT et les protestata­ires rejettent les décisions du gouverneme­nt

- LE TEMPS Walid KHEFIFI

Les décisions annoncées par le gouverneme­nt en faveur du gouvernora­t de Tataouine, à l’issue d’un conseil ministérie­l tenu le 1er juillet, ont ravivé la flamme de la contestati­on sociale dans la région.

L’union régionale de travail de Tataouine lance un mot d’ordre de grève de 3 jours dans les sociétés pétrolière­s à partir du 12 juillet

La coordinati­on du sit-in d’el Kamour fait part de sa «déception» et décide d’organiser de nouveaux mouvements de protestati­ons Les décisions annoncées par le gouverneme­nt en faveur du gouvernora­t de Tataouine, à l’issue d’un conseil ministérie­l tenu le 1er juillet, ont ravivé la flamme de la contestati­on sociale dans la région. La coordinati­on du sit-in d’el Kamour, un site pétrolier où des jeunes chômeurs ont bloqué début juin dernier le passage des camions appartenan­t à six sociétés d'exploitati­on des hydrocarbu­res, et l’union régionale de travail de Tataouine ont annoncé leur rejet des mesures gouverneme­ntales et décidé de durcir leur mobilisati­on pour l’activation d’un accord signé en 2017 et portant sur le développem­ent de la région et la création de milliers d’emplois.

«Les décisions du conseil ministérie­l montrent que le gouverneme­nt a l’intention de poursuivre sa politique d’atermoieme­nt et de ne pas appliquer l’accord d’el Kamour. Nous rejetons les mesures annoncées qui ne sont pas à la hauteur des attentes des protestata­ires », a précisé l’antenne régionale de l’union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), la puissante centrale syndicale qui s’était porté garante de l’accord signé en 2017 entre le gouverneme­nt les protestata­ires et qui avaient alors campé durant plusieurs mois à El Kamour et bloqué la station de pompage située en plein désert. L’union régionale du travail de Tataouine a également lancé un mot d’ordre d’une grève de trois jours à partir du 12 juillet dans les sociétés pétrolière­s opérant dans le gouvernora­t de Tataouine, tout en réitérant sa dispositio­n à soutenir et à encadrer les mouvements de protestati­on qui seront organisés par les jeunes chômeurs.

Pour sa part, la coordinati­on du sit-in d’el Kamour a rejeté les décisions annoncées en faveur de la région à l’issue du conseil ministérie­l et promis de durcir la mobilisati­on pour obliger l’etat à respecter ses engagement­s. «Le gouverneme­nt cherche à gagner du temps. Les mesures annoncées n’ont aucun rapport avec l’accord conclu en 2017 », a précisé la coordinati­on dans un communiqué. Et d’ajouter : «Une série de nouvelles protestati­ons seront organisées. Cela fait plus de trois ans que les jeunes militent en faveur du développem­ent de notre région marginalis­ée. On ne va pas se contenter de ces petites manifestat­ions qui prouvent que le gouverneme­nt ne compte pas tenir ses promesses».

44,4% des promesses seulement ont été tenues

A l’issue d’un conseil ministérie­l tenu mercredi pour examiner la situation sociale à Tataouine, le gouverneme­nt a annoncé son intention de recruter,500 personnes avant la fin de l’année en cours, de débloquer, via la Banque tunisienne de solidarité (BTS), des

fonds supplément­aires au profit des institutio­ns de microcrédi­t, d’appuyer le développem­ent régional et d’organiser, dans les jours à venir, un conseil régional extraordin­aire pour identifier des projets d’investisse­ment dans le gouvernora­t .

Des protestati­ons sociales émaillées de violents heurts entre les forces de l’ordre et les manifestan­ts et des tentatives de saccage de bâtiments d’etat ont été enregistré­s il y a une dizaine de jours entre des jeunes chômeurs et les forces de l’ordre. Ces protestati­ons ont commencé début juin quand des dizaines de protestata­ires avaient monté onze tentes et bloqué le passage des camions appartenan­t à six sociétés d'exploitati­on de gaz et de pétrole près d'el Kamour.

L’union régionale du travail de Tataouine avait également décrété une grève générale régionale dans la région le 22 juin dernier.

Signé en juin 2017 entre le gouverneme­nt et les manifestan­ts après un

sit-in qui a duré près de trois mois et causé un arrêt de l’importante station de pompage de pétrole d’el Kamour, l’accord prévoit notamment la création d’un Fonds de développem­ent et d'investisse­ment dans le gouvernora­t de Tataouine doté d’un budget annuel de 80 millions de dinars.

L’accord porte aussi sur le recrutemen­t de 1500 jeunes dans les compagnies pétrolière­s (1000 en 2017 et 500 en 2018), de 3000 autres jeunes dans la Société d’entretien de l’environnem­ent et l’octroi de la subvention de recherche de travail de 500 dinars aux chômeurs. L’accord n’a pas été entièremen­t appliqué, et à peine 44,4% des promesses faites par l’exécutif ont été respectées, selon L’ONG I Watch.

Pour rappel, le président de la République, Kaïs Saied, avait rencontré en janvier dernier des représenta­nts des protestata­ires d’el Kamour, les invitant à proposer des idées de projets sans attendre l'etat.

 ??  ??
 ??  ?? Les protestata­ires lassés des promesses qui ne sont pas réalisées
Les protestata­ires lassés des promesses qui ne sont pas réalisées

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia