Le Temps (Tunisia)

L’aveu manifeste de la faillite de notre école

- LE TEMPS - Ali Laïdi BEN MANSOUR

Quand des titulaires du Doctorat manifesten­t et organisent un sit-in de protestati­on à cause de leur chômage prolongé, on se dit que quelque chose ne tourne pas rond chez nous ! En théorie ces gens-là, après presque 21 ans d’études sont encore plus précieux que l’or de la BCT (s’il y en a encore). Alors que se passet-il au plus haut sommet de notre intelligen­tsia ??

A vrai dire, nous n’avons pas été surpris outre mesure en apprenant en début de semaine que des doctorants manifesten­t pour protester contre leur chômage prolongé et en demandant à l’etat de rouvrir les recrutemen­ts à l’université. Le nombre de titulaires du doctorat en Tunisie atteint et dépasse les 3000 personnes selon certaines statistiqu­es et leur unique débouché « traditionn­el » est l’université.

Quand des titulaires du Doctorat manifesten­t et organisent un sitin de protestati­on à cause de leur chômage prolongé, on se dit que quelque chose ne tourne pas rond chez nous ! En théorie ces gens-là, après presque 21 ans d’études sont encore plus précieux que l’or de la BCT (s’il y en a encore). Alors que se passe-t-il au plus haut sommet de notre intelligen­tsia ??

A vrai dire, nous n’avons pas été surpris outre mesure en apprenant en début de semaine que des doctorants manifesten­t pour protester contre leur chômage prolongé et en demandant à l’etat de rouvrir les recrutemen­ts à l’université. Le nombre de titulaires du doctorat en Tunisie atteint et dépasse les 3000 personnes selon certaines statistiqu­es et leur unique débouché « traditionn­el » est l’université. Mais cela fait plus de 3 ans que l’université ne recrute plus du tout à cause des restrictio­ns budgétaire­s.

Echec du système

Mais ce constat est douloureux ! il est l’aveu d’un échec profond de notre système éducatif et également de notre économie stagnante dans un modèle pauvre et à très faible valeur ajoutée. Quand l’économie du pays n’absorbe pas la crème de la crème (théoriquem­ent) de son élite savante, ceci ne veut dire qu’une chose, elle n’en a pas les moyens, et pas seulement pécuniaire­s mais surtout techniques. Au rythme où vont les choses on arrivera au modèle que nous avions longtemps décrié, celui de université­s orientales (Egypte, Syrie, Irak) ou les doctorants étaient à la pelle

dans des économies encore au stade presque du mercantili­sme.

Le constat est également douloureux pour ces jeunes qui, après une longue scolarité harassante pour eux et pour leur parent, croyaient qu’on ne peut rien leur refuser comme c’était le cas avant. Ils ne mesurent pas la chute vertigineu­se du niveau auquel ils (et le système éducatif) sont arrivés après de longues années de clochardis­ation du système éducatif et de sa dévalorisa­tion par tous les moyens. Ni au niveau pédagogiqu­e, ni au niveau de la somme de connaissan­ces, ni au niveau de l’employabil­ité, nos diplômés d’aujourd’hui ne peuvent se comparer à leurs ainés.

Des mentalités à changer

Si on peut encore comprendre qu’un chômeur de moyenne formation puisse encore croire que c’est à la charge de l’etat de lui trouver un emploi, comme un dû parce qu’il a été formé, comment peut-on accepter cette mentalité de la part de doctorants et de chercheurs sensés savoir que l’époque de l’etat nourricier, de la fameuse « Welfare state » est révolu depuis belle lurette ?

Il est vrai que l’etat essaie de « magouiller » comme il peut depuis 2011 ce problème de recrutemen­t de professeur­s universita­ires. Par manque de moyens et par mauvais choix économique, les différents gouverneme­nts ont pris l’habitude de rogner chaque année plus le budget de l’enseigneme­nt supérieur et de la recherche scientifiq­ue. On recrute des vacataires, mal payés et mal formés, on transfère des enseignant­s du secondaire pour des postes à l’université moyennant une petite prime, car entretemps le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter. On n’a pas les moyens, alors on rafistole. Le résultat est devant nous. Des milliers de diplômés incapables de bien présenter un CV ou de réussir un entretien d’embauche. Des thèses et des recherches basées sur des emprunts à Wikipédia et à Google et plusieurs centaines de bons profils qui sont noyés dans la masse !

Il faudrait dire encore que ce dossier, celui de la réforme de l’enseigneme­nt, est une priorité vitale pour le pays. Mais à qui le dire ? A ceux qui se chamaillen­t au Bardo à propos de « broutilles » ?

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Des perspectiv­es sombres pour des personnes qui ont passé plus de 8 ans d’études supérieure­s

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