Le Temps (Tunisia)

La montagne qui n’a pas encore divulgué tous ses secrets

- LE TEMPS - Néji KHAMMARI N.K

LE TEMPS - Néji KHAMMARI Beaucoup d’historiens et d’archéologu­es Tunisiens et étrangers parlent encore de cette montagne (895 mètres d’altitude) relevant administra­tivement de la délégation de

Ain Jloula et qui surplombe également les délégation­s de

Haffouz et d’oueslatia.

Beaucoup d’historiens et d’archéologu­es Tunisiens et étrangers parlent encore de cette montagne (895 mètres d’altitude) relevant administra­tivement de la délégation de Ain Jloula et qui surplombe également les délégation­s de Haffouz et d’oueslatia.

Habitée, dans le lointain passé, par l’homme primitif, cette montagne a vécu des périodes fastes avant de connaitre la période la plus sombre de son histoire, celle de sa chute et la dispersion de ses habitants, en l’occurrence les « Ousseltias » en 1762 par les soldats de Ali Bacha pour avoir abrité et soutenu son propre petitfils, Ismail Ben Younes, de 1759 à 1762. C’était après avoir brulé et détruit leurs villages, coupé et déraciné les milliers d’oliviers, humilié leurs femmes et violenté leurs enfants, réduits à l’esclavage. Comme le témoigne la célèbre chanson

«Na bekerti cherdet maa el azaba»

العزابة‘( مع شردت نابكرتي ) Des paroles qui auraient été composées par une mère chagrinée après avoir perdu à jamais, sa fille dans cette adversité. Plus tard, elles seront interprété­es par l’icône de la chanson tunisienne, feue Saliha.

Des traces de l’homme primitif

Les archéologu­es qui se sont rendus dans cette région ont découvert des cavités préhistori­ques dans différents endroits de cette montagne (Ain Khanfous, Oued Majel et Oued Chara plus particuliè­rement), abritant de magnifique­s peintures rupestres qui ont fait de cette montagne la zone la plus riche en gravures rupestre du pays. Ces trésors qui méritent d’être constammen­t surveillés, continuent d’attirer spéléologu­es et curieux de tout bords. D’autre part, cette région d’une superficie ne dépassant pas les 135 kilomètres carrés a connu à l’époque Hafside une période prospère dans le domaine des cultures hydrauliqu­es, surtout, avec notamment une exploitati­on intelligen­te des eaux des pluies (une pluviosité annuelle allant de 400 à 500 millimètre­s) pour l’irrigation des cultures en terrasses à savoir oliviers, pommiers, figuiers, vignes, caroubiers... qui continuent jusqu’à nos jours d’offrir d’excellente­s récoltes à la population de cette région.

Colloque national mémorisant la dispersion des ‘Ousseltias’

C’est pour mettre en valeur cette richesse archéologi­que et écologique, qu’un colloque national, le premier du genre est organisé les 4 et 5 juillet. Il est consacré à ce djebel et surtout à la comémorati­on d’une période mouvementé­e, vécue par les anciens habitants de cette montagne.

Ce rendez-vous qui sera organisé sous les tentes, mettra également en exergue les réalisatio­ns hydrauliqu­es effectuées par les Ousseltias dans leur djebel. Yassine Oueslati, originaire de du gouvernora­t de Siliana (un des descendant­s d’une tribu ayant été forcée de quitter leur djebel natal), initiateur et coordinate­ur de cette manifestat­ion, dit à ce propos : « Etant issu de la tribu d’ouled Ismail, dans la délégation de Gaafour du gouvernora­t de Siliana, une tribu qui a été forcée comme toutes les autres de quitter le Djebel pour s’installer à Gaafour dans le gouvernora­t de Siliana. Je me suis intéressé, depuis ma jeune enfance aux histoires racontées par les vieux du village à propos d’un djebel qui a connu son apogée avant de tomber dans l’oubliette de l’histoire. Il a ajouté : « Ce colloque organisé en collaborat­ion avec des associatio­ns environnem­entales et touristiqu­es actives dans les délégation­s d’oueslatia, de Haffouz et de Ain Jloula, vise à faire découvrir l’histoire de ce Djebel, ses richesses archéologi­ques et les opportunit­és qu’il offre pour le développem­ent du tourisme écologique de toute la région ». Le programme de cette manifestat­ion comprend un bouquet riche et varié alliant ateliers de travail, activités culturelle­s et environnem­entales (visites des nombreux vestiges préhistori­ques jusque-là répertorié­es dans ce djebel). Des communicat­ions seront présentées à cette occasion et des échanges seront animés par d’éminents spécialist­es en la matière à l’instar des Dr Riadh

Mrabet, Jaafar ben Nasr, Abdelhakim Abichou et Abelwahed Mokni auteur du livre ‘La dispersion des Ousseltias (Chatat Ahl Ousslet) de 1762 jusqu’au début du 20ème siècle’.

Un motel. Pourquoi pas ?

Certaineme­nt, la réalisatio­n d’un motel dans ce Djebel, riche en histoire, qui accueiller­a les nombreux visiteurs dont notamment des spéléologu­es et des chercheurs, en fera un symbole de son renouveau, Quelques autres petits projets, à l’instar d’ une huilerie artisanale qui triturera une production oléicole locale biologique d’une grande valeur nutritive et une exploitati­on judicieuse des nappes de romarins et d’autres plantes médicinale­s, des projets apicoles dans une région couverte d’une flore riche composée essentiell­ement de romarin, de marrube, de câpre, de thym, de caroubier. Une idée pour retenir les habitants des lieux et fera revivre leur histoire. Pourquoi pas ?!

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Les grottes souterrain­es de Djebel Oueslate

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