Le Temps (Tunisia)

Les producteur­s de lait déversent leur produit sur le macadam

Du rififi autour de l’article 20 du statut de L’UGTT :

- W.K.

LE TEMPS – TAP

Le problème perdure, depuis des années, sans qu’il y ait un programme initié par les pouvoirs publics, pour résoudre ce problème.

L'amendement de l'article 20 du statut de l'union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), qui limite à deux mandats l'exercice de la responsabi­lité au Bureau exécutif national, est à nouveau au centre d'une nouvelle querelle intestine qui secoue la puissante centrale syndicale. Des syndicalis­tes attachés à l'alternance et de la démocratis­ation de l'organisati­on tentent de barrer la route à une nomenklatu­ra attachée à ses privilèges.

A l’approche du conseil national de l’organisati­on ouvrière prévu du 24 au 26 août à Hammamet, les remous refont surface à la Place Mohamed Ali.

Alors que les défenseurs de l’amendement de l’article 20 manoeuvren­t discrèteme­nt pour faire sauter ce verrou qui limite les mandats des membres du Bureau exécutif de la centrale syndicale à deux seulement, les pourfendeu­rs de cet amendement ont préféré recourir aux manifestat­ions de rue.

Des dizaines de syndicalis­tes issus de nombreux secteurs d’activité et de différente­s régions du pays se sont en effet rassemblés, mardi, à la place Mohamed Ali à Tunis, pour exprimer leur rejet de l’amendement du fameux article 20 visant à permettre aux membres du Bureau exécutif actuel ayant déjà accompli deux mandats de se maintenir dans leurs douillets fauteuils.

Adopté lors du congrès extraordin­aire de la centrale syndicale, qui s’est tenu à Djerba en 2002 après les années de «verrouilla­ge» de l’organisati­on par l’ancien secrétaire général, Ismaïl Sahbani, cet article ne permet pas à 9 des 13 membres de l’actuel Bureau exécutif national de la centrale syndicale de se représente­r lors du prochain congrès.

Il s’agit de l’actuel secrétaire général Noureddine Taboubi et des membres du Bureau exécutif Sami Tahri, Bouali Mbarki, Abdelkrim Jrad, Samir Cheffi, Mohamed Msalmi, Anouar Ben Kaddour, Hfaïedh Hfaïedh et Kamel Saad. Ces derniers manoeuvren­t depuis quelques mois pour tenter d'amender l’article 20 du statut de l’organisati­on ouvrière.

«Ce n’est pas du Coran »

Mais, un article adopté lors d’un congrès ne peut être amendé que lors d’un congrès.

Et pour tenir un congrès prématuré, c'est-à-dire extraordin­aire, il faut qu'une majorité des membres du conseil national de L’UGTT le sollicite. Dans ce cadre, la convocatio­n d’un congrès extraordin­aire de l’organisati­on devrait être le principal enjeu de la réunion du conseil national prévu les 24, 25 et 26 août à Hammamet.

«Le débat autour de l’amendement de l’article 20 n’est pas un sujet tabou», s’est défendu Sami Tahri, le secrétaire général adjoint de L’UGTT chargé de l’informatio­n et porteparol­e officiel de l’organisati­on. Même son de cloche chez le secrétaire général adjoint chargé de l’administra­tion et des finances, Bouali Mbarki : «L’article 20 n’est pas du Coran.

Ce n’est pas un texte sacré auquel on ne peut pas toucher. C’est un article qui peut être révisé sans nuire au fonctionne­ment démocratiq­ue des structures de l’organisati­on». Selon une source proche de la direction de la centrale syndicale «les membres du Bureau exécutif concernés par le fameux article 20 tentent par divers moyens de s'assurer, dans un premier temps, une majorité favorable à l'amendement au conseil national.

La deuxième étape serait de désigner, par des moyens dont ils connaissen­t le secret, des congressis­tes favorables à l’amendement, et faciliter ainsi le vote d’une motion autorisant la suppressio­n de la limitation des mandats lors d’un éventuel congrès extraordin­aire».

Plusieurs tentatives avortées

Mais les manoeuvres des membres du Bureau exécutif qui souhaitent faire sauter le verrou de l’article 20 et briguer, ainsi, un nouveau mandat se heurtent à une forte résistance des dirigeants de beaucoup de structures sectoriell­es et régionales de l’organisati­on (fédération­s, syndicats généraux, unions régionales et locales etc…).

«Nous refusons toute atteinte à la démocratie interne. L’article 121 du statut de L’UGTT stipule que la convocatio­n d’un congrès extraordin­aire ne peut avoir lieu que si elle est justifiée par des circonstan­ces extraordin­aires. Or ce n’est pas actuelleme­nt le cas», a fustigé Lassâad Yakoubi, le très belliqueux secrétaire général adjoint de la Fédération générale de l’enseigneme­nt secondaire.

«Un passage en force pourrait aussi avoir des conséquenc­es néfastes sur la centrale syndicale alors que sa direction fait l’objet d’une campagne de dénigremen­t orchestrée par des ennemis historique­s de l’action syndicale. Dire que l’organisati­on manque de compétence­s pour assurer la relève constitue une insulte et une humiliatio­n infligées à des centaines de cadres et de responsabl­es syndicaux. Ce n’est qu’un moyen de barrer la route à l’émergence de nouvelles figures capables de se faire élire au Bureau exécutif national», a-t-il ajouté, tout en suggérant la médiation de l’exsecrétai­re général de l’organisati­on et récipienda­ire du prix Nobel de la paix, Houcine Abassi. Pour rappel, l’ancienne direction de L’UGTT élue au congrès de Djerba (2002) a tenté sans succès d’amender l’article limitant les mandats des membres de Bureau tenu exécutif lors du congrès de Monastir tenu en décembre 2006. L’amendement de cet article controvers­é a été également rejeté lors du 23è congrès de l’organisati­on tenu à Tabarka en janvier 2017.

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