Le Temps (Tunisia)

L’ARP, une instance qui fait tout, sauf ce qu’elle doit faire !

Même en vacances, elle demeure un casse-tête :

- LE TEMPS - Jameleddin­e EL HAJJI

Tandis que les membres de l’assemblée des Représenta­nts du Peuple (ARP) se la coulent douce entre les plages de la douce Tunisie, le bureau de cette institutio­n, qui semble assurer la permanence, a rendu public un « communiqué » où il « condamne » la normalisat­ion des relations entre deux Etats plus indépendan­ts que la Tunisie : Israël et les Emirats Arabes Unis ! Le communiqué a été signé par le « président de L’ARP », une institutio­n fictive qui n’a aucune consistanc­e constituti­onnelle, sauf dans l’entendemen­t des sujets dudit « président ».

Une énième fois où le président de L’ARP s’arroge publiqueme­nt une compétence qui n’est pas la sienne, au profit d’une série d’actes de banditisme vulgaire qu’il est grand temps de châtier sans état d’âme. Le délit est d’autant plus flagrant qu’il pose une question de droit commun, à savoir le lieu exact où ce torchon a été rédigé et signé, dans le dos de 216 députés, lesquels non seulement n’ont pas été consultés, ni leurs chefs de blocs, mais qui ont appris la prise de position du « parrain » de L’ARP, par les médias, à l’image du commun des mortels que nous sommes.

Tandis que les membres de l’assemblée des Représenta­nts du Peuple (ARP) se la coulent douce entre les plages de la douce Tunisie, le bureau de cette institutio­n, qui semble assurer la permanence, a rendu public un « communiqué » où il « condamne » la normalisat­ion des relations entre deux Etats plus indépendan­ts que la Tunisie : Israël et les Emirats Arabes Unis ! Le communiqué a été signé par le « président de L’ARP », une institutio­n fictive qui n’a aucune consistanc­e constituti­onnelle, sauf dans l’entendemen­t des sujets dudit «président».

Une énième fois où le président de L’ARP s’arroge publiqueme­nt une compétence qui n’est pas la sienne, au profit d’une série d’actes de banditisme vulgaire qu’il est grand temps de châtier sans état d’âme. Le délit est d’autant plus flagrant qu’il pose une question de droit commun, à savoir le lieu exact où ce torchon a été rédigé et signé, dans le dos de 216 députés, lesquels non seulement n’ont pas été consultés, ni leurs chefs de blocs, mais qui ont appris la prise de position du « parrain » de L’ARP, par les médias, à l’image du commun des mortels que nous sommes. Une façon de faire, dans l’ombre, qui ne fait que cautionner les appels multiples à en finir avec cette ARP, devenue à tous égards un nid de délinquant­s qui nous bousillent l’humeur et les perspectiv­es d’avenir à chaque détour.

Un député détective privé !

Parallèlem­ent, on assiste à un phénomène nouveau. La transforma­tion d’un bloc parlementa­ire, en l’occurrence celui de « Amal and Aamal » (espoir et action), en bureau de détective privé épiant des personnes et non des phénomènes d’action, à la recherche de poux, parmi une classe politique toute pouilleuse. Une entreprise facile et qui ne coûte rien si ce n’est un enchaineme­nt de procès pour diffamatio­n.

Yacine Ayari, à la question de savoir sur quoi il s’appuie dans sa noble entreprise de fouille, n’hésite pas à répondre qu’il agit au nom du « contrôle », mission première du député, selon ses dires. L’entreprise elle-même est louable certes, mais le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Car le contrôle tel qu’il doit être assuré par les députés ne consiste aucunement à choisir une cible, et à lui chercher des poux dans Google. Cette référence dont semble se targuer notre député, avec l’équipe qui l’épaule et dont on ne sait rien, n’est pas fiable et ne peut constituer ne seraitce que l’ombre d’un indice, et non de preuve, contre quiconque. Le contrôle du député se fait uniquement le jour où l’exécutif, ou l’un de ses membres, se présentent sous l’hémicycle, avec leur production, seule dans ce cas, sujette à caution parlementa­ire. Le parlement n’a aucun droit de farfouille­r derrière les personnali­tés du gouverneme­nt, et ce dans aucune des étapes de leur travail, qu’ils soient simplement pressentis, ou désignés et nommés, ou remerciés et démis.

Ceci n’exclut pas que le député, de par son accès privilégié à l’informatio­n et aux données consécutiv­es à l’« immunité », peut glaner certains éléments, qu’il doit impérative­ment servir aux instances compétente­s, en tant que «simple lanceur d’alerte». L’investigat­ion relève d’autres sphères auxquelles le député n’a pas le droit d’emboiter le pas. Sinon que faire de l’arsenal des brigades d’investigat­ion du ministère de l’intérieur, et quelle utilité aura le procureur de la république et le ministère public, si un «simple député» peut tout faire en comité restreint ? C’est dire à quel point L’ARP est devenue un lieu où l’on s’affranchit de toutes les limites techniques et morales de l’action et des règlements qui organisent les rouages de la République.

Une situation de non droit… pour rétablir le droit !

En l’absence de cette fameuse Cour Constituti­onnelle, un député peut désormais, avec l’immunité en sus, s’affranchir de toute responsabi­lité morale, pour en faire à sa tête. Le danger n’est pas de le voir casser les normes. Le vrai péril, c’est de voir la corruption et les mauvais usages devenir quelque chose de tout à fait banal, qu’un individu seul peut résoudre en deux tours de vis. Quelle que soit l’intention, le mal est fait. Les personnes pointées par les « investigat­ions » officieuse­s de « Amal wa Aamal » n’ont pas été inquiétées jusqu’à maintenant, par les instances compétente­s de lutte contre la délinquanc­e économique et financière, ces dernières ne pouvant se fonder sur des jeux de papier pour déclencher une enquête. Ce qui gêne le plus dans ce mode d’action, c’est cette précipitat­ion à rendre public toute bribe, non encore vérifiée, à travers les médias, en particulie­r ceux toujours prompts à prendre le buzz quelle qu’en soit l’odeur. Le tout débouchant sur une situation de non droit, et de confusion juridique et procédural­e qui ne fera, en fin d’analyse, que bénéficier au vrais réfractair­es.

De notre part, en tant que médias écrits, nous sommes en possession de tonnes de rumeurs que nous ne pensons même pas évoquer sur nos colonnes. A moins d’avoir sous la main de bonnes raisons de parler d’indices ou de preuves. Une règle déontologi­que de base, et qui fonde, dans une large mesure la crédibilit­é dont nous nous prévalons. Bref, ce qui se passe à L’ARP est tout sauf du travail parlementa­ire. Il y a l’idéologiqu­e, le politique, avec beaucoup de considérat­ions interperso­nnelles où la responsabi­lité citoyenne se trouve réduite à sa plus simple expression.

Ce qui nourrit encore plus la suspicion, c’est que L’ARP est en congé, et que personne ne lui a demandé quoi que ce soit. De quel droit elle fourre le nez dans un dossier internatio­nal revenant exclusivem­ent au Président de la République et à son ministre des Affaires étrangères ? De quel droit un député s’autodéclar­e détective privé, pour traquer des personnes bien ciblées, au moment où les instances de lutte contre la corruption, les conflits d’intérêts et autres formes de délits politiques et économique­s s’acharnent contre ces phénomènes, avec leurs moyens du bord ? Ces moyens dont la carence revient à l’absence des textes adéquats, au niveau, justement du Législatif. Où peut-on donc aller avec ce populisme qui mésestime le citoyen, l’électeur, et le responsabl­e ? La criminolog­ie ne nous dit-elle pas que le criminel est par définition lâche ? Devant la loi… et la procédure, quelle qu’en soit la lenteur. On a du mal à distinguer les délinquant­s. Sont-ils seulement dans la rue, ou bien se murent-ils au sein de L’ARP ? Le meilleur arbitre à ces confusions organisées, ne serait-il pas l’organisati­on de nouvelles élections, que le citoyen nettoie lui-même au Karsher cette situation politique infecte ?

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