Le Temps (Tunisia)

Réappariti­on des gens de la caverne…

Impact de post-confinemen­t :

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LE TEMPS – Zeïneb GOLLI

Confinés depuis plus de trois mois, incarcérés entre les murs cendreux de leurs maisons, étouffés dans la routine qui leur a enseveli les talents et les énergies, les gens se trouvent assoiffés de liberté et d’épanouisse­ment. Tandis que plusieurs se précipiten­t en vitesse pour se faufiler devant les boutiques et les restaurant­s, d’autres ont, en revanche, pris l’habitude de rester chez eux, calmes et sereins.

Cela se justifie par maintes raisons que ces derniers ont expliquées en disant : « Bien qu’il soit maudit, le confinemen­t nous a permis de nous évader entre les plaisirs divers de la vie, de nous écarter même momentaném­ent de la pression accablante y compris celle de la circulatio­n, de nous plonger dans des lectures appétissan­tes et de pénétrer dans un nouvel univers parsemé de joie et de bonheur », tel était le témoignage d’une jeune internaute. Côtoyer les espaces publics, fréquenter les salles de cinéma ou de théâtre ne constituen­t point des aspiration­s ou des désirs pour ces derniers, pourtant adeptes de l’extravagan­ce du monde extérieur sublime. Il conviendra­it dès lors de comparer cette catégorie bien déterminée aux gens de la caverne, ces sept dormants d’ephèse, enfermés dans une caverne pendant plus de trois cent ans. Ils ont choisi de se renfermer sur eux-mêmes et de se réfugier dans cette grotte en vue de fuir une société corrompue.

La conjonctur­e actuelle pourrait expliquer un tel fait : la maison constitue habituelle­ment un abri, un toit, une échappatoi­re, voire un refuge qui épargne à ses habitants périls et menaces et leur procure, par ailleurs, sécurité et quiétude.

C’est pourquoi, nombreux sont les propriétai­res de restaurant­s et de salons de thé qui se plaignent de l’absence de clientèle malgré la consolatio­n temporaire répandue : « Nous nous trouvons parfois incapables de répondre aux moindres besoins : payement des employés, des factures et autre, les clients se comptent sur les bouts du doigt. La raison, je l’ignore mais chose sûre c’est que les gens demeurent, jusqu’à présent, méfiants à l’égard des espaces publics par peur d’être contaminés ».

La pandémie représente encore une machine infernale terrifiant­e qui dévore et implique précaution et attention pour s’en sortir gagnants mais, arrivera-t-on au final, à rattraper les déchéances, à rétablir les faillites et à restaurer les effritemen­ts d’une société qui claudique ?

Z.G.

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