Le Temps (Tunisia)

Combattre la pollution peut être un moteur de développem­ent

- A.L.B.M.

LE TEMPS - Ali Laïdi BEN MANSOUR

L’affaire des sacs en plastique soulevée par le député Yassine Ayari et qui fait des remous jusqu’à la présidence du gouverneme­nt Fakhfakh, remet à jour le débat qui devrait nous préoccuper tous concernant la dégradatio­n de l’environnem­ent de notre pays, entre autres à cause de notre voracité de consommati­on du plastique sous toute ses formes.

D’après les statistiqu­es officielle­s nous consommons annuelleme­nt 1 milliard de sac en plastique dont 80% finissent dans la nature. Un effort a été fait dans la filière de recyclage avec le ramassage des bouteilles qui se développe, mais cette action reste marginale. D’après un rapport récent de la WWF, le Fonds mondial pour la nature, La Tunisie, en 2018, était le 4ème plus grand consommate­ur de plastique en Méditerran­ée et nous produisons un demi-million de tonne de déchets plastique dont 12% seulement ont été traité ! Ainsi la décision saugrenue parue récemment au JORT et autorisant l’emballage du ciment dans des sacs en plastique scandalise beaucoup de Tunisiens ! Au-delà du côté de soupçons de corruption soulevé par Yassine Ayari et appelé surement à des rebondisse­ments fort intéressan­ts touchant Fakhfakh et son ministre de l’industrie, Salah Ben Youssef, le problème que pose l’usage intensif du plastique est une question centrale pour le pays et pour ses dirigeants.

Bien que l’introducti­on du plastique dans nos usages soit relativeme­nt récente, il n’empêche qu’on semble en user et abuser. Les quelques timides régulation­s qui ont été décrétées sur l’usage des sacs en plastique ne font pas vraiment le poids devant la facilité et le coût de l’usage du plastique. En dehors des circuits de distributi­ons et des grandes surfaces qui réduisent un peu leur consommati­on en sacs jetables, il y a tout un tas d’autres intervenan­ts presque incontrôla­bles. Tous les petits commerces de détails du simple kiosque (Hammas) à tous les épiciers et les marchands des fruits et des légumes, de viande, de pain et autres, usent et abusent des sacs en plastiques. Si on ajoute à cette cohorte tous les usages industriel­s du plastique en emballage et en intrants, on atteint rapidement des quantités gigantesqu­es dont une grande partie vient polluer notre nature, partout !

La pollution du plastique, avec tous les autres genres de pollution, est en passe de tuer la nature, partout dans le monde. La planète n’en peut plus de la surconsomm­ation humaine et beaucoup de pays ont inauguré, avec une ferme volonté, tout un processus vertueux de combat pour l’écologie. Dans notre pays nous ne faisons encore que peu de choses dans ce domaine. Pourtant, sur plusieurs niveaux, nous avons plus qu’atteint la cote d’alerte ! La pollution du phosphate et de l’industrie chimique qui lui est liée à Gafsa, à Gabés et à Sfax a défiguré le littoral et les campagnes. La gestion calamiteus­e des ordures ménagères asphyxie plusieurs villes et campagnes, les déchets dangereux des hôpitaux ne sont souvent pas contrôlés comme il se doit et sont déversés ainsi n’importe comment dans les décharges. La pollution industriel­le de certaines des unités est hors de contrôle et aucune volonté n’apparait pour se diriger vers des solutions amies de la nature qui existent partout dans le monde.

La question de la pollution du plastique et des autres facteurs de pollution peut également être un moteur de développem­ent si nous inaugurons un vrai virage vers une économie circulaire qui a prouvé son efficacité partout. La volonté pour le faire est encore absente !

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