Le Temps (Tunisia)

«Kélibia, la douce» ne sait plus où mettre ses poubelles !

- LE TEMPS - Kamel BOUAOUINA K.B.

Deux phénomènes contradict­oires apparaisse­nt. A la fois, les gens veulent se débarrasse­r le plus vite possible de leurs poubelles, quitte à les jeter n’importe où et, en même temps, beaucoup d’habitants ne supportent plus les décharges, supposées être les lieux de stockage des déchets. Le ras-le-bol des poubelles s’illustre donc dans un rejet total à la fois des déchets et des décharges. Dans cette crise sanitaire et économique sans précédent qui affecte chacun, les habitants de Kélibia sont confrontés à une réalité : les ordures ménagères.

La quantité de déchets collectés quotidienn­ement est estimée à 25 tonnes, à Kélibia. Tous ces déchets sont transporté­s à la décharge publique située à 3.5 Km au Nord-ouest de la ville. Cette décharge pose d’énormes problèmes à l’environnem­ent et surtout aux riverains qui ont observé plusieurs sit-ins, appelant à sa fermeture.

La question qui se pose à terme reste de savoir si Kélibia peut continuer sur le modèle de la décharge contrôlée et la méthode par enfouissem­ent. Cette méthode qui ne semble plus être acceptée par les citoyens oblige à s’orienter vers valorisati­on des déchets: le tri à la source et le recyclage commencent à s’imposer. Les habitants de Kélibia revendique­nt l’implantati­on d’une décharge loin de la ville. Ce facteur doit être introduit dans l’étude d’impact et de terrain qui précède la constructi­on d’une décharge ou d’un centre de transfert.

En attendant, la montagne de sacs-poubelles déborde des conteneurs. « Pour le moment ça va à peu près, dit un habitant du quartier Ezzouhour» je redoute les prochains jours. S’il n’y a pas de collecte d’ici là, ce sera une grosse pagaille, surtout que les odeurs sont insupporta­bles ».

Même constat dans certains quartiers. Sacs jaunes ou noirs, emballages divers, bidons et matières plastiques enveloppen­t les conteneurs. « Ça ne fait pas bien propre tout ça, commente une dame âgée qui vient jeter ses déchets. Ils auraient pu choisir une autre période pour fermer la décharge, mais je les comprends ».

Dans un quartier chic, toujours les mêmes amoncellem­ents de déchets. « On ne sait plus où les mettre, alors je jette tout sur le tas », dit mi dépitée, mi en colère, cette habitante. « Bientôt ça va puer, les chiens et les chats vont crever les sacs et tout sera dans la rue ».

Plusieurs représenta­nts de la société civile sont engagés depuis plusieurs semaines dans un combat pour leur ville. Sauver Kélibia, le paradis capbonais, des monceaux de détritus qui envahissen­t les rues et pourraient contaminer les sols, polluer l’air et s’opposer à l’aménagemen­t d’une décharge publique

Le Maire de Kélibia Jamel Hajjem est conscient de la situation. Il voulait une ville propre et avenante. Désormais,

il concentre ses efforts en direction des citoyens afin de leur permettre de stocker leurs déchets au mieux depuis le 24 juillet. Il multiplie les solutions.

C’est ainsi qu’un conseil restreint décide de fermer cette décharge publique en présence du chef du cabinet du ministre de l’environnem­ent, du Maire de Kélibia, du directeur général de l’agence nationale de gestion de déchets et le représenta­nt des citoyens résidant tout près de la décharge Oued Imaiem.

L’autre solution, c’est l’aménagemen­t d’un centre de transfert des déchets. Ce projet, rejeté par la société civile sera concrétisé d’ici septembre. « je n’ai pas d’autre choix. Il n’y a pas de site pour créer une décharge loin de Kélibia. Je comprends les soucis des habitants. Ce centre de transfert, réalisé selon des normes internatio­nales, pourra résoudre ce problème de collecte en attendant l’aménagemen­t d’une décharge publique «, dit-il à Radio Med

Haut lieu du tourisme, Kélibia, la douce, ne sait plus où mettre ses poubelles. Cette situation inquiète et préoccupe. Faut-il penser à d’autres alternativ­es pour la bonne gestion des déchets dans cette belle cité balnéaire

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