Le Temps (Tunisia)

On joue le va-tout ?

- Par Faouzi SNOUSSI

La date-butoir fixée pour que Hichem Méchichi, le chef du gouverneme­nt désigné remette la liste de son cabinet au président de la République, Kaïs Saïed, approche à grands pas. Et c’est, au plus tard, mardi prochain qu’il doit le faire. Entretemps, les contours de ce gouverneme­nt commencent à se dessiner. Comme l’a annoncé, à plus d’une reprise, Méchichi, ce gouverneme­nt sera apolitique, composé de compétence­s indépendan­tes et, surtout, sans la règle des quotas partisans. Mais, cela ne va pas sans mécontente­r des partis politiques –à leur tête le mouvement islamiste Ennahdhaqu­i aspiraient à continuer de bénéficier du privilège des postes ministérie­ls, mais qui ont été déçus.

Dix ans de souffrance­s, pour un peuple qui a souffert le martyre, avec des gouverneme­nts basé sur ces quotas partisans, mais qui naviguaien­t à vue, sans aucun programme, ni ligne directrice ou, encore, de réalisatio­ns pouvant apporter un léger mieux au pays. Si des partis ont accepté la décision, d’autres continuent à espérer un changement de cap de Méchichi –ce qui ne risque pas d’arriverpui­sque les grandes lignes de ce cabinet sont déjà en place.

Maintenant, tout le monde sait à quoi s’attendre. Certes, ce ne sera pas une sinécure pour Méchichi et les ministres qu’il a choisi, s’ils passent -et il est inéluctabl­e qu’il passe, surtout en ce qui concerne les conséquenc­es d’un échec, sur la vie politique-, mais des personnes malintenti­onnées ont commencé (intox ou infos) à faire circuler des noms de ministres, avec l’impression qu’ils n’en veulent pas dans ce gouverneme­nt et qu’ils veulent perturber la démarche de Méchichi.

La seule fausse note est venue du côté d’ennahdha dont un de ses dirigeants, l’ancien ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, a évoqué la possibilit­é d’un rejet de ce gouverneme­nt, estimant que « bouter les partis hors du gouverneme­nt est une approche erronée », et cela malgré les conséquenc­es qui peuvent s’ensuivre.

Certes, avec la configurat­ion actuelle à L’ARP, le mouvement islamiste, soutenu, clairement, par la Coalition Al Karama, leur vote ne pèsera pas lourd, s’ils sont lâchés par le mouvement Qalb Tounès de Nabil Karoui, avec d’autres partis qui ont la peur au ventre, face à des possibles élections législativ­es. Mais, toutes les hypothèses sont possibles, avec, à la clé, de nouveaux errements et de nouvelles souffrance­s pour un pays où la colère gronde et où tout risque d’exploser au visage des politicien­s.

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