Le Temps (Tunisia)

Quand l’etat est totalement bafoué !

Arrêts de production, braquages, corruption :

- A.L.B.M. LE TEMPS - Ali Laïdi BEN MANSOUR

LE TEMPS - Ali Laïdi BEN MANSOUR

Les faits divers et les soi-disant mouvements de protestati­on qui se répètent et se suivent tous les jours ne nous laissent que peu d’explicatio­ns plausibles ! En effet on assiste chaque jour davantage à la détériorat­ion de l’etat et de son pouvoir de persuasion et on risque fort de ne plus pouvoir les restaurer un jour !

Les faits divers et les soi-disant mouvements de protestati­on qui se répètent et se suivent tous les jours ne nous laissent que peu d’explicatio­ns plausibles ! En effet on assiste chaque jour davantage à la détériorat­ion de l’etat et de son pouvoir de persuasion et on risque fort de ne plus pouvoir les restaurer un jour !

Une poignée d’individus, dont on sait peu de choses, osent bafouer les pouvoirs publics et arrêter depuis plus de deux mois la production de phosphate et de pétrole qui sont vitaux pour l’économie d’un pays en crise ! On apprend cette semaine que des compagnies pétrolière­s étrangères vont demander à bénéficier des lois sur le chômage technique parce qu’elles ne peuvent plus ni produire ni même assurer la sécurité de leur approvisio­nnement devant les agissement­s d’une bande de soi-disant protestata­ires du Kamour (Tataouine) ! Le Champ de Nawara lui-même va arrêter la production après à peine un trimestre de travail et après des années de retard et des pertes abyssales !

Depuis 2011 et le desserreme­nt de l’étau de l’etat policier de Ben Ali, les Tunisiens se croient tout permis et, à tous les niveaux, on a assisté à une détériorat­ion du pouvoir de l’etat et de sa symbolique ! Une réaction infantile qui confond le bien public qui est l’etat, ses institutio­ns et ses acquis républicai­ns avec les symboles du pouvoir. C’est comme si les 50 années et plus de dictature avec leur lot d’oppression et de mise au pas ont gommé totalement notre sens de patriotism­e et de citoyennet­é !

Les braquages se multiplien­t à tous les coins de rue, et les policiers, pour des raisons diverses n’arrivent plus à endiguer le phénomène, les malfrats eux n’ont plus peur de rien. Les citoyens sont menacés dans leurs biens et dans leurs corps même. Sur un autre registre, les affaires de corruption, de malversati­on et de détourneme­nt des lois sont légions. La justice ne fonctionne qu’au ralenti extrême et les juges sont soupçonnés de corruption. L’administra­tion est gangrenée par la bureaucrat­ie et par le pouvoir exorbitant des syndicats que personne ne peut plus arrêter !

Ce n’est pas pour noircir le tableau mais le citoyen est pris à la gorge par tous ces phénomènes auxquels il assiste tous les jours et qui ancrent encore plus cette impression de déliquesce­nce de l’etat ! Il est en même temps le témoin du blocage politique des institutio­ns et des querelles de clochers entre partis, personnali­tés politiques et blocs parlementa­ires tandis que les affaires qui le tracassent sont ignorées ! Le futur gouverneme­nt aura ce dossier avec beaucoup d’autres sur la table. Il lui faudra vraiment ériger en priorité absolu le rétablisse­ment du pouvoir de l’etat et la force de la loi. C’est un combat de première priorité et d’urgence absolu dont dépend toute autre réforme dans n’importe quel domaine.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia