Le Temps (Tunisia)

Festival et santé font-ils bon ménage ? LE TEMPS – Hamma HANNACHI

- H.H.

A quelques jours de la fin de l’été, la 6eme session du festival du poisson de la Goulette est annoncé tambour battant, le bouche à oreille, et les médias ont visiblemen­t bien fonctionné. Cette année, covid-19 oblige le programme “culturel” a été raccourci à 3 soirées et se trouve confiné à l’intérieur de la Karaka avec naturellem­ent un nombre de spectateur­s réduit.

Mais ni les chants soufis (à l’ouverture), ni les autres spectacles n’ont jamais attiré autant que l’animation et les tablées des restaurant­s sur la grande voie ou sur la plage et l’allée qui la borde.

Dès l’après-midi, du premier jour (mercredi 19), l’avenue Roosevelt, artère centrale de la commune s’est transformé­e en fourmilièr­e, les restaurate­urs et autres gargotiers se préparent à recevoir les clients, nettoyant les trottoirs, désinfecta­nt les comptoirs, les guéridons et les vitrines, affûtant leurs discours pour appâter le chaland et mettant en évidence les prix revus nettement à la baisse. Les gardiens de parkings autorisés et improvisés sont aux aguets et en nombre. Les fourgonnet­tes des policiers font place nette pour libérer la chaussée, ordre est donné aux propriétai­res de n’installer ni tables ni chaises en dehors de leurs carrés pour faciliter la circulatio­n des piétons et éviter ainsi les rapprochem­ents et les regroupeme­nts. Ce même jour, au matin, Nissaf ben Alaya, directrice générale de l’observatoi­re national des maladies nouvelles et émergentes, tenait une conférence de presse pour annoncer la gravité de la situation sanitaire dans le pays. A la lumière de la vitesse de la propagatio­n du virus dans quelques gouvernora­ts, les décès mentionnés à El Hamma et le grand nombre de tests positifs enregistré­s, le pays s’attend à un rebond significat­if de l’épidémie et à une augmentati­on considérab­le de la contaminat­ion. “On craint le pire et un désastre, si les citoyens n’observent pas les gestes barrière, le port du masque...” Sérieuseme­nt préoccupée, alarmante, elle insiste pour la énième fois sur des règles à respecter et les précaution­s à prendre... Des mesures connues, à force d’être assénées, ressassées à longueur de journée. Arrivée l’heure de sortie, une foule impression­nante envahit la commune, des parkings saturés, des engueulade­s, des scènes cocasses, d’autres qui le sont moins, des vendeurs de tous produits, des bouquets de jasmin voisinent avec les figues de Barbarie sur fond de cris des serveurs, des tables bondées des clients, proches les uns des autres se bousculent pour s’attabler, la ville déborde de visiteurs, flâneurs et consommate­urs, on vous laisse imaginer les embrassade­s, les salutation­s et les gestes tactiles. Des masques, on en a vu peu de gens, trop peu qui en portaient, les gestes barrière ? Même s’il se trouve une volonté affichée, il est impossible de les appliquer dans de pareilles situations. La question récurrente reste donc suspendue, comment associer sans risque l’économique et la santé ? La solution ?

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