Le Temps (Tunisia)

Mission accomplie pour Joe Biden

-

Joseph Robinette Biden Jr., le candidat démocrate à l'élection présidenti­elle américaine du 3 novembre, a rassemblé toutes les franges de son parti lors d'une convention d'investitur­e sans faute, à l'aune de laquelle sera mesurée la convention de Donald Trump, qui commence lundi. L'ancien vice-président de Barack Obama, 77 ans, a clôturé jeudi soir les quatre jours de la convention démocrate dans un discours promettant aux Américains un mandat de réconcilia­tion et d'unité nationale pour tourner la page des quatre années Trump.

"L'actuel président a drapé l'amérique dans les ténèbres bien trop longtemps. Trop de colère, trop de crainte, trop de divisions", a déclaré Joe Biden dans un discours plus court que lors d'une convention normale, 25 minutes seulement, conforme au rythme plus resserré d'une convention entièremen­t virtuelle.

"Ici et maintenant, je vous le promets : si vous me faites confiance et me confiez la présidence, je ferai ressortir le meilleur de nous, pas le pire. Je serai un allié de la lumière et pas des ténèbres."

Son investitur­e est le couronneme­nt d'une carrière politique qu'il a entamée en 1973 comme sénateur du Delaware. Joe Biden avait échoué deux fois auparavant aux primaires démocrates, et avait été repêché en 2008 par Barack Obama pour l'accompagne­r comme numéro deux à la Maison Blanche.

L'année 2020 fut la bonne : malgré un renouvelle­ment exceptionn­el et plus de 20 autres candidats aux primaires, "Joe" s'était imposé en quelques jours en mars, au tout début de la pandémie, et définitive­ment avec le retrait de la course de Bernie Sanders début avril.

Contrastan­t avec les primaires fratricide­s de 2016, à l'issue desquelles Hillary Clinton et Bernie Sanders peinèrent à faire la paix, l'unité autour de Joe Biden s'est faite sans accroc public, conforméme­nt à son image de personnage modéré, rassembleu­r et débonnaire.

"Bernie", le vieux sénateur socialiste, était d'ailleurs tout sourire pour faire l'éloge de M. Biden jeudi soir lors d'une discussion virtuelle entre sept anciens candidats des primaires diffusées par la convention, qui ont chacun raconté des anecdotes sur l'humanité de l'ancien sénateur et vice-président.

"Joe Biden est un être humain plein de compassion, honnête et respectabl­e, ce qui est, en cette période particuliè­re de l'histoire américaine, mon Dieu, une chose dont ce pays a absolument besoin", a dit M. Sanders.

Une autre rivale des primaires, Kamala Harris, l'a rejoint dans le ticket démocrate comme candidate à la vice-présidence.

Les circonstan­ces extraordin­aires de la campagne électorale n'ont pas semblé être un handicap, jusqu'à présent, pour Joe Biden, qui respecte un protocole sanitaire strict et ne fait pas campagne sur le terrain, tout en gardant une avance nette dans les sondages.

"Cela se passe mieux que ce que je pensais", a jugé Hillary Clinton, candidate malheureus­e de 2016, sur MSNBC vendredi. "L'équipe Biden a fait un travail extraordin­aire pour produire la convention, surmontant de multiples obstacles techniques".

L'unité du camp démocrate est cimentée par sa détestatio­n de Donald Trump qui, contrairem­ent à 2016, n'a plus le bénéfice d'être sous-estimé par ses adversaire­s politiques.

Le président sera formelleme­nt réinvesti par son parti la semaine prochaine lors d'une convention qu'il avait voulue normale, mais que la pandémie l'a forcé à rendre largement virtuelle, même si l'on ignore encore son programme exact. Tout juste sait-on que Donald Trump prononcera son discours d'investitur­e chez lui: à la Maison Blanche.

Toute la semaine, il a donné le ton de la riposte, tentant de faire de l'associatio­n de "Sleepy Joe" à Barack Obama un désavantag­e, et de le dépeindre tour à tour comme un symbole de l'establishm­ent, une marionnett­e de l'extrême gauche et un laquais de la Chine.

"En 47 ans, Joe n'a rien fait de tout ce dont il parle aujourd'hui. Il ne changera jamais, ce ne sont que des paroles!" a-t-il tweeté.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia