Le Temps (Tunisia)

L’artiste à la résonance unique !

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La nouvelle n’a surpris que ceux peu informés de la dégradatio­n de l’état de santé de l’homme depuis trois ans. Hamadi Agrébi a fini par perdre son dernier combat en rendant l’âme hier matin. Pour un gagneur invétéré, la fatalité est la seule force capable d’avoir raison de sa propre volonté. La résonance de Hamadi Agrébi est sans doute unique. Grâce à l’essor et la démocratis­ation de la télévision, la majorité de ses exploits sont restés gravés dans la mémoire des sportifs de tous bords. Une carrière de quinze ans jalonnés d’allégories footballis­tiques, de performanc­es individuel­les et de d’un palmarès éloquent représente un exemple pour les jeunes sportifs ayant une aspiration chez l’élite. Sa gentilless­e et sa bienveilla­nce sont ses autres qualités qu’illustraie­nt régulièrem­ent un sourire d’ange, comme une marque de fabrique ou un signe caractéris­tique. Né le 20 mars 1951 à Sfax du côté de Borj Allouche, Hamadi Ben Rehaiem s’investit dès l’enfance dans le football. Il signe à treize ans sa première licence et sa rencontre avec Kristic provoque le coup de foudre chez l’immense entraîneur yougoslave : « c’est un joueur auquel on ne peut plus rien apprendre. » Une saga est donc tracée pour ce footballeu­r qui impression­ne tous ceux qui l’affrontaie­nt ou le côtoyaient. Les ainés ne se privent pas de l’admirer et de le préparer aux grandes batailles du futur. Ils s’appellent Sassi, Delhoum, Graja, Najar et autres Benghazi. La carrière commence à se profiler dès la saison 197172 après le doublé obtenu par le CSS. Le joueur ressent cette performanc­e collective comme un catalyseur qui lui donne des ailes et l’appelle à arracher sa place de titulaire. A vingt ans l’éclosion est nette et les exploits s’enchaînent au grand bonheur d’un public amoureux de la technique depuis que El Gaied, Sassi puis Hajri les avaient habitués aux prouesses. Il doit néanmoins à un ancien joueur du CSS, Abdelmagid Kriaa, un concours précieux : il le prend en charge pour des soins importants à Paris après le tournoi maghrébin de décembre 1971 au Maroc.

Dès lors le joueur ne peut que s’incliner devant l’obligation de concilier entre exploits personnels et performanc­es collective­s. Ameurhizem le juge capable d’intégrer la sélection et l’incorpore lors du match Tunisiealg­érie, le 126 no+vembre 1972. La défaite (1-2) ne le décourage pas puisqu’il a remplacé un monstre de la technique. Ce sera comme un passage de témoin, même si l’arrivée de Nagy provoque un froid entre les deux hommes. Agrébi décide de faire ke deuil de sa carrière internatio­nale, mais l’avènement de Chétali le relance. Une autre carrière se dessine alors grâce à

• Par Mohamed KILANI

la compétence psychologi­que de cet entraîneur charismati­que. Les stages hebdomadai­res de la sélection aident le joueur à se reposition­ner, découvrant un univers convivial et un esprit de famille qui connaîtra son apothéose en phase finale de la Coupe du monde en Argentine.

Entre-temps, Agrébi obtient quelques titres avec le CSS ; champion en 1978, 1983 et deux finales infructueu­ses en 1977 et 1984, outre le Ballon d’or obtenu en 1975. Avec la sélection, les plus illustres performanc­es sont celles face à la Yougoslavi­e aux Jeux méditerran­ées de 1975, l’algérie aux éliminatoi­res de la Coupe du monde à Tunis, Tunisie-egypte du 11 décembre qualificat­if pour l’argentine et ses trois rencontres en phase finale.

Agrébi a marqué ce qui doit constituer le plus beau but mais l’arbitre ne l’avait pas validé par inadvertan­ce, selon son propre aveu : c’était en avril 1987 lors du match JSK-CSS (1-2). Un but d’anthologie qui figura même au générique de l’émission Rendez-vous sportifs durant la saison 1987-88. Le départ de Hamadi Agré a laissé la compétitio­n orpheline de virtuoses de son acabit. Son décès, hier, laissera un vide que personne ne pourra combler tant le joueur et l’homme ont formé une synthèse et une alchimie exceptionn­elles.

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