Le Temps (Tunisia)

A découvert, Ennahdha affute ses couteaux !

- A.L.B.M.

LE TEMPS - Ali Laïdi BEN MANSOUR

Que le gouverneme­nt de Méchichi obtienne ou pas le vote de confiance du parlement, le parti Ennahdha a déjà « son programme » pour les mois à venir en attendant que le « ciel » se dégage politiquem­ent. Rached Ghannouchi et certains autres leaders nahdhaouis distillent ces jours -ci les déclaratio­ns dans ce sens.

Dans une conférence de presse qu’il a tenue à Sfax dimanche dernier, Le chef d’ennahdha et président de l’assemblée des représenta­nts du peuple (ARP), Rached Ghannouchi, a soigneusem­ent choisi ses sujets et déclaratio­ns comme autant de messages politiques à suivre ! Il a d’abord signalé et soutenue de façon claire que le système électoral en place est incapable de produire une majorité, indépendam­ment du poids de n’importe quel parti politique. Pour Ghannouchi le système existant, pourtant favorable à Ennahdha, représente l’une des causes de l’instabilit­é et de l’éparpillem­ent du paysage politique en Tunisie. Dans la foulée, il a précisé qu’il oeuvrera à rassembler une majorité parlementa­ire en vue de changer ce système.

D’autre part le leader nahdhaoui a avoué qu’il n’y a aucun espoir de stabilité dans le pays, tant que la Cour Constituti­onnelle n’est pas mise en place. Il a ajouté qu’ennahdha va appeler à une session extraordin­aire de L’ARP pour accélérer l’élection des membres de cette cour en passant par une propositio­n d’amendement de la loi qui régit ce vote de la Cour constituti­onnelle !

Rached Ghannouchi et d’autres leaders nahdhaouis ont déclaré ces derniers jours que le gouverneme­nt de Méchichi passera peut-être le vote de confiance car le pays n’est pas prêt à subir encore des incertitud­es. Mais les nahdhaouis attendrons le vote de leur Conseil de la Choura pour se prononcer tout en estimant qu’un gouverneme­nt de compétence­s indépendan­tes n’est pas leur souhait !

Ainsi, le parti de Rached Ghannouchi se prépare pour la rentrée et ne le cache pas du tout. Son agenda ne se souci pas beaucoup du nouveau gouverneme­nt, la perspectiv­e étant pour lui dans 6 mois quand il pourra manoeuvrer de nouveau pour renverser M. Mechichi et son gouverneme­nt. Mais pour ce faire il lui faut s’assurer une position moins difficile que la sienne aujourd’hui sur deux niveaux. D’abord en assurant la mise en place de la Cour Constituti­onnelle et spécialeme­nt pour ôter à Kaïs Saïed son rôle actuel d’unique interprète de la Constituti­on. D’ailleurs Ghannouchi l’a franchemen­t déclaré dans sa conférence de presse. Deuxièmeme­nt, il lui faut modifier un tant soit peu la loi électorale afin de gêner comme il peut l’ascension fulgurante du PDL et de Abir Moussi !

Cependant, Ennahdha sait aussi qu’il n’est pas seul à la manoeuvre et que les autres partis se préparent de leur côté et se battrons tous pour gagner leur place au soleil. Ennahdha sait aussi que la situation économique catastroph­ique du pays, que sa gestion de 10 dernières années a légué, est un passif dont la responsabi­lité lui sera attribuée qu’il manoeuvre ou pas.

Ainsi et en attendant ce qui adviendra du prochain congrès du parti islamiste, celui-ci est devant une période très difficile sur la scène politique, dans l’opinion publique et dans ses propres rangs. Assurément l’année 2020 ne sera pas aux couleurs de 2019 !

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