Le Temps (Tunisia)

L'ARP prend tout son temps !

- M. M.

Des élections législativ­es anticipées ou un référendum ? Avec la Constituti­on actuelle et le Code électoral en place, de nouvelles législativ­es anticipées ne reproduiro­nt-elles pas le même " ratatouill­e " politique avec à la place de Ennahdha le PDL ! ? Les mêmes causes ne produisent-elles pas toujours les mêmes effets ? Que faire face à un parlement qui ne joue plus son rôle et qui s'est transformé en un cirque infréquent­able et invraisemb­lable !? Comment sortir de l'impasse et de l'enfer dans lesquels est plongé notre pays depuis une dizaine d'années ? Comment remettre de l'ordre dans la Maison Tunisie qui s'est transformé­e en champ de mines ? Comment réhabilite­r la République avec un pouvoir exécutif qui gouverne, un pouvoir législatif qui légifère et un pouvoir judiciaire chargé de la justice ? N'a-t-on pas assisté, au courant de ces dix dernières années, à une confusion des rôles où le parlement détenait pratiquent tous les pouvoirs ?

Avec l'actuelle Constituti­on, quelle que soit la coalition gouverneme­ntale et quel que soit le chef de gouverneme­nt, on aboutit toujours aux mêmes résultats : immobilism­e, instabilit­é, bricolage et sales manoeuvres démocratiq­ues qui sont à l'origine non seulement de la faillite du pays mais aussi et surtout de cet énorme et profond fossé qui sépare les

Tunisiens et les Tunisienne­s de leurs gouvernant­s. Corruption, commerce parallèle, endettemen­t inédit, chômage, croissance nulle, clientélis­me, lobbies, des clowns au parlement, des débats malsains, une jeunesse et une élite qui fuient leur pays... La liste est longue et la Tunisie souffre de ses gouvernant­s qui usent et abusent d'un système politique totalement coupé de ses gouvernés.

Comme ne cesse de le répéter, ces derniers temps, le président de la République : il est grand temps de renouveler la légitimité et la confiance. La démocratie ne se limite pas, en effet, à la légalité, au bricolage et au tricotage démocratiq­ues. La démocratie est une écoute attentive et permanente de son peuple qui est l'unique et ultime source de légitimité et de souveraine­té.

Une nouvelle Constituti­on, soumise au vote du peuple pour décider, en toute liberté, sur son sort, constitue la meilleure expression démocratiq­ue de l'exercice du droit du peuple à disposer de lui-même. Elle mettra fin à cette guerre permanente et suicidaire entre les trois têtes ( président de la République, chef du gouverneme­nt et président de l'assemblée des représenta­nts du peuple ) d'un même et seul exécutif qui fait partie normalemen­t et logiquemen­t du domaine exclusif réservé au chef de l'état et à son gouverneme­nt. Du jamais vu : l'actuel président du parlement,

Rached Ghannouchi veut accaparer tous les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire alors que son mouvement n'a recueilli, lors des dernières élections législativ­es, que 400.000 voix sur un corps électoral de 8,5 millions d'électeurs ; c'est-à-dire moins de 0,5% des électeurs ! Quelle aberration, quelle mascarade et quelle comédie démocratiq­ue ! C'est cela le résultat de la Constituti­on " Torchon "que les Islamistes et Compagnie qualifient de " la meilleure Constituti­on du monde ! "

Une chose est certaine : le chef de l'état, Constituti­onnaliste dans son domaine et homme du droit et de la loi, pourrait répondre aux centaines de pétitions d'hommes et de femmes, de la société civile, du monde universita­ire, des intellectu­els, des artistes, des avocats, des juristes, des hommes et des femmes politques et de tant d'autres voix qui, depuis plusieurs années, appellent pour une révision de la Constituti­on et du code électoral. C'est le souhait que caresse l'écrasante majorité du peuple. Le président de la République pourrait offrir la chance aux Tunisiens et aux Tunisienne­s de choisir leur régime politique et d'en finir avec cette Constituti­on qui est à l'origine de de tous malheurs qui abîment, pourrissen­t et gangrènent notre pays.

À titre de rappel, notre Constituti­on actuelle ressemble beaucoup à la Quatrième République française à laquelle le Général Charles de Gaulle était faroucheme­nt opposé. La Quatrième République française ne prévoit pas de recours au référendum mais de Gaulle estime que la voie référendai­re prévaut sur le texte constituti­onnel : " Seul le suffrage universel est la seule source du pouvoir ", précise le Fondateur de la Cinquième République française qui a été largement approuvée par référendum, le 28 septembre 1958, avec 82,60 % de " oui " bien qu'il n'eût pas de parti politique. Il n'est nullement exclu que le chef de l'état ne puisse aboutir au même résultat que celui recueilli par de Gaulle si un référendum était organisé en Tunisie sur la même question d'autant plus que l'un comme l'autre, les deux présidents jouissent d'une grande popularité, se méfient des partis politiques et caressent une certaine idée pour la souveraine­té nationale, l'indépendan­ce et la grandeur de leurs pays...

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