Le Temps (Tunisia)

La colère antiracist­e déferle sur Washington

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Les blessures infligées à l'afro-américain Jacob Blake par un policier blanc ont ravivé aux Etats-unis les braises de la colère antiracist­e, qui après avoir nourri un mouvement de boycott dans le monde sportif s'apprête à gagner les rues de la capitale.

Des dizaines de milliers de personnes étaient attendues hier à Washington pour une manifestat­ion organisée à la date anniversai­re de l'emblématiq­ue discours du leader de la lutte pour les droits civiques Martin Luther King, "I have a dream".

Intitulée "Enlevez votre genou de nos cous", la marche fait référence à George Floyd, un Afro-américain asphyxié par un policier blanc le 25 mai à Minneapoli­s, dont la mort a déclenché un mouvement de protestati­on inédit depuis des décennies aux Etats-unis. Alors que la mobilisati­on s'essoufflai­t, elle a été relancée dimanche dans la ville de Kenosha, près des Grands Lacs, dans l'etat du Wisconsin, par l'affaire Jacob Blake.

Ce père de famille de 29 ans a été touché de plusieurs balles dans le dos, tirés à bout portant par un policier blanc, sous l'oeil de ses trois petits garçons. Selon son avocat, il restera paralysé.

L'auteur des tirs, l'agent Rusten Sheskey, a été mis à pied, mais n'a pas été arrêté ni inculpé, ce qui a alimenté le sentiment d'injustice.

Le départemen­t de la justice du Wisconsin a communiqué vendredi les noms des deux autres policiers impliqués, Vincent Arenas et Brittany Meronek, précisant que deux des trois agents avaient tenté sans succès d'utiliser leur taser pour arrêter Jacob Blake avant qu'il ne se dirige vers son véhicule, sur le plancher duquel un couteau a été retrouvé.

Pendant trois nuits, les manifestat­ions à Kenosha ont été émaillées de violences, qui ont fait deux morts et un blessé grave. Un jeune de 17 ans, Kyle Rittenhous­e, qui s'était joint à des groupes d'hommes en armes affichant leur volonté de "protéger" la ville, a été arrêté et inculpé pour ces meurtres. Il est soupçonné d'avoir ouvert le feu sur des manifestan­ts avec un fusil d'assaut.

Après ce drame, la tension est retombée jeudi dans la ville. Le révérend Jesse Jackson, figure de la communauté noire, est venu prôner les vertus de l'action pacifique, des artistes ont transmis des messages réconcilia­teurs sur des fresques murales et même la police locale a loué l'attitude des manifestan­ts.

La colère a toutefois continué à se propager dans le monde du sport. Après la décision des joueurs de basket-ball des Milwaukee Bucks de boycotter un match, la NBA a dû reporter plusieurs rencontres mercredi et jeudi. Elle a toutefois espéré pouvoir reprendre le cours des compétitio­ns hier ou aujourd’hui.

La joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka a quant à elle refusé un temps de disputer la demi-finale du tournoi de Cincinnati, dont les organisate­urs ont reporté d'un jour tous les matches prévus jeudi. Des matches de football et de base-ball ont également été reportés.

"Le changement ne se produit pas simplement en parlant, a justifié sur Twitter la superstar des Lakers Lebron James en reprenant le slogan "Black Lives Matter" (Les vies noires comptent). Le président Donald Trump, qui mise sur un discours de fermeté pour décrocher un second mandat, s'est moqué des "très mauvaises audiences" de la NBA, qu'il a accusée d'être une "organisati­on politique".

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